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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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et demi auparavant. « Je me serais bien passé de cette confidence », avouera-t-il plus tard. Lorsque son époux lui parle de ce qu’il vient d’apprendre, Joséphine nie, bien sûr. Plus tard, il dira :
    — On ne doit jamais s’emporter avec les femmes : c’est en silence qu’il faut les entendre déraisonner.
    Mais, aujourd’hui, il harcèle Joséphine :
    — Dis la vérité, il n’y a pas grand mal à cela et puis on peut coucher dans la même auberge, faire route ensemble sans...
    — Non, ce n’est pas vrai !
    Mais, le 21 mars 1798, Joseph à son tour ouvre les yeux de son frère. Tout ce que lui a dit Louise est exact. Bien plus : Joséphine continue à le tromper et voit Charles presque chaque jour... Bonaparte entre en ouragan dans le boudoir de sa femme :
    — Connais-tu le citoyen Bodin où loge le capitaine Charles ?
    Elle connaît fort bien la compagnie de fournitures militaires Bodin, mais n’en affirme pas moins à son mari – avec un merveilleux aplomb féminin – que la jalousie l’égaré. Bonaparte lui révèle alors qu’il sait parfaitement que sa femme se rend tous les jours au 100 de la rue Saint-Honoré où Bodin leur a prêté sa garçonnière. Son mari est bien renseigné, aussi la créole prend-elle le parti d’éclater en sanglots :
    — Je suis la plus infortunée des femmes et la plus malheureuse !
    Pour soulager son coeur meurtri, elle écrit à son amant et associe dans la même « haine » – elle emploiera le mot – son mari et son beau-frère : « Je les abhorre... Qu’ai-je donc fait à ces monstres ? Mais ils auront beau faire, je ne serai jamais la victime de leurs atrocités. »
    « Qu’ai-je donc fait à ces monstres » ? Elle donne elle-même la réponse dans la suite de sa lettre : « Dis, je t’en prie, à Bodin qu’il dise qu’il ne me connaît pas ; que ce n’est pas par moi qu’il a eu le marché de l’armée d’Italie ; qu’il dise au portier du n°100 que lorsqu’on lui demandera si Bodin y demeure, il dise qu’il ne le connaît pas. » Elle soupire et s’accroche à l’amour de son cher hussard : « Ah ! ils ont beau me tourmenter, ils ne me détacheront jamais de mon Hippolyte ; mon dernier soupir sera pour lui. »
    Joséphine, le premier instant passé, sent tout ce qu’elle perdrait à n’être plus « la citoyenne Bonaparte », aussi parvient-elle à convaincre son mari qu’il a été trompé par Louise et par Joseph. Tout cela n’est qu’une affreuse calomnie ! Napoléon s’apaise, s’excuserait presque ! Charles n’est pas le moins du monde inquiété et la compagnie Bodin poursuit son trafic. Comment la maîtresse d’Hippolyte est-elle parvenue à ses fins ? Sans doùte en demandant à son mari de partir avec lui pour l’Égypte. D’ici le départ – l’avenir le prouvera –, elle trouvera bien le moyen de rester en France et de reprendre avec son beau hussard son duo interrompu par les « atrocités » de « ces monstres »... Mais la tragédie ne s’en est pas moins installée rue de la Victoire. « Ma belle-soeur, dira Pauline, a failli en mourir de chagrin ; moi, j’ai consolé mon frère qui était bien malheureux. » C’est assurément en pensant à ces heures pénibles qu’il dira :
    — Le mariage ne dérive point de la nature.
    Il se console en se jetant avec fièvre dans ses préparatifs.
    — Mon général, demande Bourrienne à Bonaparte, combien d’années voulez-vous rester en Égypte ?
    — Peu de mois, ou six ans, tout dépend des événements. Je coloniserai ce pays, je ferai venir des artistes, des ouvriers de tout genre, des femmes, des acteurs... Nous n’avons que vingt-neuf ans, nous en aurons trente-cinq, ce n’est pas un âge. Ces six ans me suffisent, si tout me réussit, pour aller dans l’Inde.
    À la randonnée vers l’Inde, qui paraît alors être une autre planète, Bourrienne eût préféré voir son ancien camarade de Brienne prendre le pouvoir dans son pays – et Bonaparte répond encore :
    — J’ai tout tenté. Ils ne veulent pas de moi. Il faudrait les renverser et me faire roi ; mais il n’y faut pas penser encore, les nobles n’y consentiraient jamais. J’ai sondé le terrain, le temps n’est pas venu : je serais seul. Je veux éblouir encore ces gens-là.
    Avant de partir pour Toulon, il joue de nouveau au souverain. Entraînant dans une promenade en voiture son aide de camp Lavalette, il lui déclare :
    — Je ne peux vous faire chef d’escadron, il faut donc que

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