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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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camarades en représailles.
    Il y eut un jour une manière de révolte parmi les pensionnaires.
    — Nous avions jeté nos matelas par la fenêtre, rapportera l’Empereur à Sainte-Hélène. On nous donna pour régent un grand minime de six pieds qui par sa taille et son seul ton – il avait une voix de stentor – nous réduisit au silence et remit de l’ordre. Je Fai revu depuis et l’ai placé comme directeur d’un lycée du Rhin, où il a bien fait. Il avait la routine de son métier. Il est venu quelquefois me haranguer à l’un de mes passages : il était aussi haut que la portière de ma voiture.
    Sans doute Napoleone souffre-t-il moins des quolibets de ses camarades, mais certains ne manquent pas de lui faire sentir qu’il n’est qu’un « petit pauvre », élevé grâce aux charités du roi. Un jour il prend son courage à deux mains et ose écrire à son père. Si cette lettre était authentique – mais on peut en douter – elle constituerait le premier écrit que nous possédions du futur empereur :
    « Mon père, si vous, ou mes protecteurs ne me donnez pas les moyens de me soutenir plus honorablement dans la maison où je suis, rappelez-moi près de vous, et sur-le-champ. Je suis las d’afficher l’indigence, et d’y voir sourire d’insolents écoliers qui n’ont que leur fortune au-dessus de moi, car il n’en est pas un qui ne soit à cent piques au-dessous des nobles sentiments qui m’animent ! Eh ! quoi, Monsieur, votre fils serait, continuellement, le plastron de quelques nobles paltoquets qui, fiers des douceurs qu’ils se donnent, insultent en souriant aux privations que j’éprouve ! Non, mon père, non ! Si la fortune se refuse absolument à l’amélioration de mon sort, arrachez-moi de Brienne, donnez-moi s’il le faut un état mécanique. À ces offres, jugez de mon désespoir. Cette lettre, veuillez le croire, n’est point dictée par le vain désir de me livrer à des amusements dispendieux : je n’en suis pas du tout épris. J’éprouve seulement le besoin de montrer que j’ai les moyens de me les procurer comme mes compagnons d’étude.
    « Votre respectueux et affectionné fils de Buonaparte-cadet. »
    Ce n’est pas Charles Buonaparte qui répondra à son fils – il se trouve à Bastia –, mais Mme Letizia qui lui écrit en italien :
    « ... J’ai reçu votre lettre, mon fils, et si votre écriture et votre signature ne m’avaient pas prouvé qu’elle était de vous, je n’aurais jamais cru que vous en fussiez l’auteur. Vous êtes celui de mes enfants que je chéris le plus, mais si je reçois jamais une pareille épître de vous, je ne m’occuperai plus de Napoleone... Où avez-vous appris, jeune homme, qu’un fils, dans quelque situation qu’il se trouve, s’adressât à son père comme vous avez fait ? Vous pouvez rendre grâce au ciel que votre père ne se soit pas trouvé à la maison. S’il eût vu votre lettre, après une pareille insulte, il se serait rendu sur-le-champ à Brienne pour punir un fils insolent et coupable. Cependant, je lui cacherai votre lettre, espérant que vous vous repentirez de l’avoir écrite. Quant aux besoins que vous éprouvez, si vous avez le droit de nous les faire connaître, vous devez en même temps être convaincu qu’une impossibilité absolue de venir à votre secours était la cause de notre silence. Ce ne sont ni les avis déplacés que vous avez osé nous donner, ni les menaces que vous avez faites qui m’engagent à vous envoyer une lettre de change de trois cents francs sur la banque Bahie. L’envoi de cette somme vous convaincra de l’affection que nous portons à nos enfants. Napoleone, je me flatte qu’à l’avenir votre conduite plus discrète et plus respectueuse ne me forcera plus à vous écrire comme je viens de le faire.
    « Alors, ainsi qu’auparavant, je me dirai votre affectionnée mère...
    Letizia Buonaparte. »
    Le 21 juin 1784, Charles Buonaparte arrive à Brienne. Il est accompagné de Lucien et de Marie-Anne qui va entrer à la Maison royale de Saint-Louis, à Saint-Cyr.
    Charles a « belle allure » – son fils le racontera plus tard. Il est vêtu d’un habit cerise avec culotte puce, bas de soie, chaussures à boucles d’argent, « et, je crois bien, les cheveux frisés ». La mémoire de l’Empereur était bonne : un témoin nous précise que Charles portait une perruque « en fer à cheval avec une bourse et un double cordon de soie noire ». Il affecte – Napoleone le

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