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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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baigne la ville de trois côtés, la cité est imprenable. Demeure le quartier qui fait face à la Butte aux Poteries... C’est contre celui-ci que, le 28 mars, Napoléon livre le premier assaut. Il est brisé. Deux jours plus tard, une sortie de l’ennemi est repoussée tandis que Djezzar-le-Boucher, imitant Bonaparte, fait étrangler ses prisonniers – en dépit, paraît-il, des protestations de Phélipeaux et de Sidney Smith. Deux cent cinquante canons – plus quelques pièces amenées par les Anglais – crachent leurs boulets sur les Français. Les assiégés n’épargnent point les munitions : ils sont abondamment ravitaillés. Bonaparte, lui, n’a que sa petite artillerie de campagne ; les grosses batteries de siège ne sont pas encore arrivées, mais le général en chef est pressé. L’artillerie française manque bientôt d’approvisionnement, aussi Bonaparte invite-t-il les soldats à aller ramasser les boulets envoyés par l’ennemi, « disant qu’ils seraient payés selon le calibre : ceux de 24 : douze sols ; ceux de 18 : neuf sols ; ceux de 12 : huit sols ; ceux de 6 : six sols ; et ceux de 4 : quatre sols ».
    Durant la semaine sainte, le siège « s’installe ». Tandis que les artilleries continuent leur duel et que l’on renvoie à la garnison assiégée ses propres boulets, on creuse des tranchées, trop peu profondes paraît-il. Et, chaque jour, de nouveaux cas de peste se déclarent ! Le 1 er avril le deuxième assaut est donné à la ville – sans autre résultat que de voir Bonaparte manquer d’être tué par un mur qui s’effondre à côté de lui. Les morts et les blessés sont nombreux. Une semaine plus tard, les assiégés tentent une nouvelle sortie qui est également repoussée. Les cadavres s’accumulent devant les positions françaises. « Ces cadavres putréfiés, qui nous servaient de retranchements », ainsi que l’écrira le dromadaire François.
    Bonaparte, comme autrefois devant Mantoue, ne tient pas en place ; il aime trop le mouvement et s’ennuie prodigieusement. Aussi, le 15 avril se met-il en route. Il quitte Saint-Jean-d’Acre pour quelques jours afin de voler au secours de Kléber, qui n’a que deux mille hommes avec lui, et se trouve menacé par une contre-attaque du pacha de Damas dans la plaine d’Esdrelon – Umm El Ghanam – dominée par la verrue du célèbre Mont-Thabor. Les Ottomans sont trente-cinq mille. Durant dix heures, Kléber se bat à un contre dix-sept. « Nous eussions bien échangé le peu de pain que nous avions pour de la poudre et des balles, racontera le chasseur Pierre Millet, car nous n’avions pas le temps de le manger. Quand même nous eussions eu le temps, nous n’eussions pu en jouir, car nous étions si exténués de la soif et de la fatigue que nous n’en pouvions plus parler. » Soudain, les combattants entendent trois coups de canon. Un cri parcourt la champ de bataille !
    — Bonaparte !
    D’une hauteur du massif d’Oaber-Simani, Napoléon a deviné la situation et, au grand galop, accourt vers le lieu du combat.
    Les troupes musulmanes « voyant le secours arriver au général Kléber, racontera Nicolas-le-Turc, comprirent qu’elles étaient entourées elles-mêmes, et cherchèrent leur salut dans la fuite. Les Français, en les voyant courir dans les montagnes, se mirent à rire de leur frayeur. Cette armée, ayant ainsi été dispersée, le général en chef vint trouver le général Kléber. Les deux généraux se jetèrent dans les bras l’un de l’autre en s’embrassant. » D’après le même témoin, le général Bonaparte envoie cinq cents hommes avec ordre de piller et de brûler le gros village de Genin, coupable d’avoir aidé l’ennemi. Deux hameaux de la montagne de Naplouse subissent le même sort.
    Puis Bonaparte se dirige vers Nazareth. Il s’arrête près de la fontaine de la Vierge et s’installe à l’hostellerie franciscaine – la Casa-Nova – où l’on est d’ailleurs toujours fort bien accueilli. C’est également là que furent soignés les blessés de la bataille et il est, aujourd’hui, bien émouvant de consulter les registres paroissiaux où l’on trouve les noms de quelques soldats de Bonaparte, morts là, en dépit des soins prodigués par les Pères.
    Les soldats de la République se souviennent qu’ils sont chrétiens. Un soldat ayant eu un doigt arraché, l’enterre en disant :
    — Je ne sais ce que deviendra mon cadavre, mais j’aurai toujours un doigt inhumé

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