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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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soir même de son arrivée, Bonaparte retrouve l’espion Toli :
    — Tu n’es pas encore fusillé ? lui dit-il en riant.
    — Général, je suis également utile aux deux armées. Pourquoi désirer ma mort ?
    — Allons, je te souhaite longue vie. Tu as quitté ton ami Wukassowich ?
    — Mais, général, j’arrive de Turin.
    — Bah ! Cela m’intéresse davantage.
    — J’ai laissé le général Lannes à Chivasso pour m’aboucher avec Haddick qui, me trouvant un auxiliaire précieux, m’envoya trouver M. de Mêlas. Je n’ai rien tiré du généralissime autrichien, personnage très défiant, mais j’ai vu beaucoup de choses, écouté aux portes, pris des notes...
    Le consul tend la main.
    — Permettez, général, dit Toli, j’ai donné ma parole à M. de Mêlas de retourner auprès de lui après m’être assuré du nombre de vos soldats et reconnu les positions que vous occupez. Donc, je vous livre mes documents à la condition de recevoir ceux attendus.
    — Soit... Mais je peux te tromper.
    — Cela m’importe peu d’induire votre adversaire en erreur.
    Et Bonaparte de dicter :
    « L’armée française forte de quatre-vingt mille hommes se trouvait cantonnée le 4 juin : six mille hommes à Ivrée ; vingt mille à Chivasso ; dix mille à Pavie ; douze mille à Milan ; dix mille à Lodi ; quatre mille à Novare ; dix-huit mille à Côme, avec deux cents pièces de canon »,
    — Ce billet, reprend Toli, me rapportera vingt mille francs, de l’argent facilement gagné. Je pourrai vous rejoindre, général, dans cinq ou six jours. À quel endroit ?
    — À Pavie, le 10, si tu ne m’as pas trahi.
    — Général, ma fidélité envers vous est entière.
    Les Italiens qui avaient collaboré avec les Français et participé aux gouvernements des républiques soeurs avaient été malmenés par les Autrichiens, ce qui va permettre à Bonaparte de réchauffer les enthousiasmes en écrivant à l’intention de l’armée : « Les horreurs qui ont été commises par les agents de l’Empereur, à Milan, sont sans exemple. On n’a épargné ni le sexe, ni l’âge, ni les talents. Fontana, le célèbre mathématicien, gémissait sous le poids des chaînes. Son seul crime était d’avoir occupé une place dans la République... Tous les privilégiés ont paru vouloir, pendant cette année où leur règne était revenu, s’indemniser par toutes sortes de vexations et d’arrogances des trois ans d’égalité qu’ils avaient soufferts... »
    Peu à peu, la confiance revient. L’état-major organise une soirée à la Scala où des acclamations sont commandées, ainsi que l’inévitable bouquet de fleurs et les cris de Vive Bonaparte ! Vive le libérateur de l’Italie !
    « Le peuple de Milan paraît très disposé à reprendre le ton de gaieté qu’il avait du temps des Français, pourra annoncer le 2 e Bulletin. Le général en chef – Berthier – et le Premier Consul ont assisté à un concert qui, quoique improvisé, a été fort agréable... »
    D’autant plus « agréable » que lors de ce concert – le 3 juin – Bonaparte entend chanter la fameuse Grassini qu’il avait déjà rencontrée lors de son premier séjour à Milan. Mais, à cette époque, encore très amoureux de Joséphine, il n’avait prêté aucune attention à ce visage d’une rare beauté. Cette fois, il est tellement aimable pour elle que la diva s’étonne et lui rappelle « qu’elle avait débuté précisément lors des premiers exploits du général de l’armée d’Italie ».
    — J’étais alors dans tout l’éclat de ma beauté et de mon talent. Il n’était question que de moi dans La Vierge du Soleil. Je séduisais tous les yeux, j’enflammais tous les coeurs. Vous seul étiez demeuré froid, et pourtant, vous seul m’occupiez ! Quelle bizarrerie, quelle singularité ! Quand je pouvais valoir quelque chose, que toute l’Italie était à mes pieds, que je la dédaignais héroïquement pour un seul de vos regards, je n’ai pu l’obtenir, et voilà que vous les laissez tomber sur moi aujourd’hui que je n’en vaux plus la peine, que je ne suis plus digne de vous !
    La Grassini mésestimait ses charmes – elle avait vingt-sept ans ! – et le consul trouve que la cantatrice à la voix d’or vaut certes encore « la peine ». En effet, arrivant le lendemain matin dans la chambre de Bonaparte, Berthier surprend son général tout souriant, prenant son petit déjeuner avec la prima donna tout aussi satisfaite

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