Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
Vom Netzwerk:
{28} ...
    Ce même jour, Napoléon réunit deux cents prêtres de la ville. Stupéfaits, ils entendent le Premier consul de cette République française qui passe toujours pour athée, leur déclarer :
    — J’ai désiré vous voir tous rassemblés ici afin d’avoir la satisfaction de vous faire connaître par moi-même les sentiments qui m’animent au sujet de la religion catholique, apostolique et romaine. Persuadé que cette religion est la seule qui puisse procurer un bonheur véritable à une société bien ordonnée et affermir les bases d’un bon gouvernement, je vous assure que je m’appliquerai à la protéger et à la défendre dans tous les temps et par tous les moyens.
    Et celui qui vient de passer la nuit entre les bras de la Grassini, ajoute :
    — Nulle société ne peut exister sans morale ; il n’y a pas de bonne morale sans religion ; il n’y a donc que la religion qui donne à l’État un appui ferme et durable...

    La prise de Milan n’est certes pas la victoire que Bonaparte est venue chercher au-delà des monts, pour affermir le régime : « Soldats ! déclare-t-il à ses hommes, le 6 juin, le premier acte de la campagne est terminé... Mais aura-t-on donc impunément violé le territoire français ? Laisserez-vous retourner dans ses foyers l’armée qui a porté l’alarme dans vos familles ?... Vous courez aux armes !... Eh bien, marchez à sa rencontre ; opposez-vous à sa retraite ; arrachez-lui les lauriers dont elle s’est parée, et par là apprenez au monde que la malédiction du destin est sur les insensés qui osent insulter le territoire d’un grand peuple. Le résultat de tous nos efforts sera gloire sans nuages et paix solide ».
    Le soir du 6 juin, une bien mauvaise nouvelle qui lui est portée par le jeune sous-lieutenant Marbot, vient l’assombrir : Masséna a été obligé de capituler. Le fils du général Marbot – celui-ci venait de mourir du typhus à Gênes – brosse à Bonaparte un tableau atroce des derniers jours du siège : « Le typhus avait fait d’affreux ravages ; les hôpitaux étaient devenus d’affreux charniers ; la misère était à son comble. Presque tous les chevaux avaient été mangés et bien que nombre de troupes n’eussent reçu depuis longtemps qu’une demi-livre de très mauvaise nourriture, la distribution n’était plus assurée ; il ne restait absolument rien lorsque, le 15 prairial, l’avant-veille, le général en chef avait réuni chez lui tous les généraux et les colonels, pour leur annoncer qu’il était déterminé à tenter de faire une trouée avec ce qui lui restait d’hommes valides afin de gagner Livourne. Mais tous les officiers lui avaient déclaré, à l’unanimité, que les troupes n’étaient plus en état de soutenir un combat, ni même une simple marche, si, avant le départ, on ne leur donnait assez de nourriture pour réparer leurs forces... et les magasins étaient absolument vides... ». Bref, Masséna avait dû ouvrir les portes de la ville, mais l’ennemi – l’amiral Keith — avait déclaré :
    — Monsieur le général, votre défense est trop héroïque pour qu’on puisse rien vous refuser !...
    « Il fut donc convenu que la garnison ne serait pas prisonnière, qu’elle garderait ses armes, se rendrait à Nice, et pourrait, le lendemain de son arrivée dans cette ville, prendre part aux hostilités. »
    Sans doute ces conditions ne sont-elles pas mauvaises. Par ailleurs, Plaisance vient d’être enlevée. Cependant, victorieux au nord et battu au sud, le Premier consul se doit de remporter un succès définitif. Il n’ignore pas qu’à Paris la nouvelle de l’entrée dans Milan sera éclipsée par la perte cruelle de Gênes. Il faut au surplus une victoire rapide, car les vingt mille assiégeants de Gênes ne vont pas manquer d’aller grossir les troupes de Mêlas.
    Le 8 juin, le ciel s’éclaircit : à Montebello, Lannes, « couvert de sang », se portant « au milieu du feu » à la tête de huit mille hommes, a pulvérisé dix-huit mille Autrichiens. Le lendemain, Bonaparte vient féliciter le futur duc de Montebello dans une pauvre auberge de Casteggio.
    — C’était chaud, dira Lannes, très chaud : les os de mes grenadiers craquaient sous les balles autrichiennes comme un vitrage sous la grêle...
    Le lendemain, à Stradella, Bonaparte passe l’armée en revue : elle est en piètre état. « Faites-nous faire des souliers, ordonne-t-il ce 10 juin au citoyen Petiet,

Weitere Kostenlose Bücher