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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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indique l’emplacement d’une nouvelle batterie pour attaquer un point précis, « et garantit qu’aux premiers coups de canon le fort se rendrait ».
    Ce n’est pas si simple ! Les trois colonnes de grenadiers et de carabiniers qui s’élancent sous ses yeux à l’assaut du fort, sont repoussées avec de lourdes pertes. Cependant, on parviendra, sous une pluie diluvienne, à monter des batteries à l’endroit désigné par Bonaparte et, dès le lendemain, prélude à la prochaine reddition, un terrible bombardement s’abattra sur la forteresse.
    Bonaparte est allé passer la nuit chez les Augustins de Verrès. C’est là qu’il apprendra, le lendemain matin, que Lannes a enlevé à la baïonnette Ivrée occupé par deux mille Autrichiens. Le soir même, le Premier consul fait son entrée dans la petite ville construite au débouché des monts. La plaine est là, devant lui. Enfin !
    Et maintenant quelle stratégie adopter ? Foncer vers Gênes et délivrer Masséna ? N’est-ce pas dans ce dessein que l’armée de réserve a quitté Dijon ? Une conférence réunit Bonaparte, Berthier et Murat. On décide plutôt de marcher sur Milan. Les Autrichiens doivent être chassés de la Lombardie ! Il faut conquérir la rive gauche du Pô et atteindre Brescia. On se portera ensuite vers Gênes « au pas de course ».
    Le 29 mai, avant de quitter Ivrée, il écrit à Joséphine : « Je pars dans une heure pour Verceil. Murat doit être ce soir à Novare. L’ennemi est fort dérouté. Il ne nous devine pas encore. J’espère dans dix jours être dans les bras de ma Joséphine qui est toujours bien bonne quand elle ne fait pas la Civetta ».
    La Civetta ? La coquette. L’ex-maîtresse d’Hippolyte Charles avait-elle de nouveau manqué à la promesse faite à la veille de Brumaire ? Il ne le semble pas – du moins aucune preuve d’une rechute n’est venue jusqu’à nous. Dans la pensée de Bonaparte, peut-être s’agit-il d’une allusion aux dépenses et aux dettes excessives de la chère créole ?
    Espérant être libérés de l’occupation autrichienne, les Piémontais ne reviennent pas de leur surprise en voyant le Premier consul déboucher du haut des monts. Certains s’imaginaient que leur ancien maître s’était noyé dans la mer Rouge, d’autres, renseignés par les Autrichiens, croyaient – ce qui n’était pas tout à fait inexact – que « le général Bonaparte serait venu à l’armée commander les Français, mais qu’il avait été fait premier ministre à Paris, et que les ministres ne vont pas se battre... ».
    En « mouvement perpétuel », selon son expression, Bonaparte est le 1 er juin à Novare. Le lendemain, la journée est fertile en bonnes nouvelles. À l’hôtel de France de Turbigo, il apprend la chute du fort de Bard, puis un courrier expédié par Murat lui annonce que la citadelle de Milan vient de capituler. Napoléon décide aussitôt de faire, dans la capitale lombarde, une entrée digne de l’événement qui est considérable. C’est en chef d’État, et non en général, qu’il veut se montrer. On découvre, à Buffalora, un vieux carrosse appartenant au marquis Del Monte. On le répare – car il est quelque peu vétusté – on y attelle six chevaux blancs et, le 2 juin, l’équipage vient se ranger devant l’hôtel de la Couronne de France.
    Bonaparte, monte dans le carrosse qui prend la route, mais un orage épouvantable ayant brusquement éclaté, doit s’arrêter à l’entrée de Quarta-Cagnino. La pluie transperce le toit de la voiture dont les occupants sont obligés d’aller se réfugier dans une ferme. On repart, mais une nouvelle averse transperce une seconde fois le carrosse et transforme en barbets crottés et mouillés les hommes de l’escorte et l’état-major doré et emplumé qui suit à cheval. Devant ce spectacle, si loin de l’entrée triomphale du général Bonaparte en 1797, les Milanais sont d’autant moins enclins à s’enthousiasmer et à acclamer les Républicains qu’ils craignent encore un retour victorieux des Autrichiens. Quelles seraient alors les réactions de Mêlas ? Contenue par les cavaliers de Murat, la foule demeure muette, et à son arrivée au palais archiducal, Napoléon ne cache pas sa fureur. Le Bulletin de l’Armée de Réserve n’en affirmera pas moins, le 3 juin, que le « Premier consul et tout l’État-major avaient fait leur entrée au milieu d’un peuple animé du plus grand enthousiasme ». Le

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