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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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    Cependant, tout en se débarrassant d’amis compromettants, Fouché poursuivait son enquête. Il avait fait ramasser rue Saint-Nicaise quelques débris de la jument noire et avait convoqué tous les maquignons de Paris. Dès le surlendemain de Noël, le marchand grainier Lambel reconnaissait le cheval noir qu’il avait vendu à Carbon. Peu après, le loueur de carrosses Thomas venait dire que l’équipage avait été garé dans son écurie, et un maréchal-ferrant indiquait qu’il avait ferré la jument. Tous donnaient le signalement de Carbon. Il ne fallut guère de temps pour l’identifier. Les Chouans possédaient chacun leur fiche signalétique. L’aînée des nièces de l’ancien domestique de Limoëlan fut longuement interrogée et finit par avouer que son oncle se cachait chez des religieuses de la rue Notre-Dame-des-Champs. Le 18 janvier Carbon était arrêté. Il nia tout d’abord, puis « donna » Saint-Régent et Limoëlan. Le chef de la conspiration demeura introuvable, mais Saint-Régent, qui errait dans Paris sans oser demander l’hospitalité à qui que ce soit, finit par être pris, le 25 janvier 1801, par un policier qui le rencontra par hasard rue du Four.
    Devant le tribunal criminel, Carbon essaya de sauver sa tête en prouvant qu’il avait quitté ses complices, place des Victoires, plus d’une heure avant l’attentat de Nivôse. Il n’en fut pas moins condamné à mort avec Saint-Régent, qui supplia ses juges de l’envoyer à l’échafaud le plus vite possible. Ils furent exécutés le 20 avril – 30 germinal an IX – tandis que la foule applaudissait longuement {30} .
    Le lendemain du jour où Fouché est venu apporter à Malmaison la preuve de la culpabilité des Chouans et de l’innocence des Jacobins, on entendit Bonaparte, parlant d’autres irréductibles soi-disant ralliés au régime, déclarer au Conseil des ministres :
    — Ils sont là douze à quinze métaphysiciens bons à jeter au feu... Il ne faut pas croire que je me laisserai faire comme Louis XVI. Sorti du sein du peuple, je ne souffrirai pas qu’on m’insulte comme un roi.
    La même semaine on lui propose de débaptiser la place Bellecour à Lyon, pour l’appeler la place Bonaparte, il refuse :
    — De tels honneurs ne doivent pas être donnés à un homme vivant !

    Et la paix ?
    L’Autriche s’est fait prier pour la signer, et Bonaparte a dû menacer Vienne de reprendre les hostilités à la fois en Italie et sur le Rhin. Moreau et Augereau – le 21 juillet – reçoivent l’ordre de concentrer leurs forces et de prendre « des quartiers de rafraîchissements ».
    Il existait fort heureusement en Europe le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III, souverain libéral, tolérant en matière de religion et de presse – et, au surplus, pacifique. Comment le demeurer dans la future Europe napoléonienne ? Mais, en attendant, Bonaparte lui demande de s’entremettre « pour la paix avec la Russie et avec l’Empire ». L’empereur François se décide à traiter et envoie à Paris le comte Louis de Cobenzl, désigné comme plénipotentiaire, et avec qui, on s’en souvient, Bonaparte avait fini par s’entendre lors des pourparlers de Campo-Formio.
    Dès la première entrevue, l’Ours du Nord peut se rendre compte que le ton de Bonaparte est devenu plus impérieux encore : c’est celui d’un maître conscient de sa force. Le consul, nous raconte Talleyrand – expert en insolence, et qui semble ravi – « avait ordonné lui-même la disposition de la pièce dans laquelle il voulait le recevoir. Il avait fait mettre dans l’angle une petite table devant laquelle il était assis. Tous les sièges avaient été enlevés ; il ne restait, et c’était loin de lui, que des canapés. Sur la table se trouvaient des papiers et une écritoire. Il y avait une seule lampe ; le lustre n’était pas allumé. M. de Cobenzl entre : je le conduisais. L’obscurité de la chambre, la distance qu’il fallait parcourir pour arriver près de la table où était Bonaparte, qu’il apercevait à peine, l’espèce d’embarras qui en était la suite ; le mouvement de Bonaparte qui se leva et se rassit ; l’impossibilité pour M. de Cobenzl de ne pas rester debout, mirent immédiatement chacun à sa place, ou du moins à la place que le Premier Consul avait voulu fixer. »
    Après l’Autriche, l’Angleterre se résigne à traiter : elle a besoin de repos, si court fût-il. Elle considère cette paix comme honteuse

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