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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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et lui fait part du « voeu » qui a été formé : la création d’une nouvelle monarchie. Le président de la haute assemblée leur déclare alors, et le plus sérieusement du monde :
    — Vous exercez pour la première fois près du Sénat cette initiative républicaine et populaire que vous ont déléguée les lois fondamentales.
    Le Consulat s’achève. Dans quelques jours, au son du canon, le Sénat apportera à Bonaparte le décret instaurant pour lui la dignité impériale.

 
    XXII
L’EMPEREUR DE LA RÉVOLUTION
    On ne monte jamais si haut que quand on ne sait pas où on va.
    N APOLÉON .
    B ONAPARTE séjourne à Saint-Cloud tandis que le Sénat, le jeudi 10 mai 1804, vote à l’unanimité l’instauration du gouvernement impérial, « dont il est important pour l’intérêt du peuple français que Napoléon soit chargé ». Le ciel, couvert déjà le matin, commence à se dégager et, dans les casernes parisiennes où se trouve cantonnée la Garde des consuls, les fourriers reçoivent l’ordre de réunir les hommes dans les cours et de leur lire ce texte :
    « La Garde est prévenue que le Sénat a proclamé aujourd’hui Napoléon Bonaparte Empereur des Français, et a fixé l’hérédité de pouvoir dans sa famille.
    « Vive l’Empereur !
    « Dévouement sans bornes et fidélité à toute épreuve à Napoléon I er », Empereur des Français. Aujourd’hui la Garde prend le titre de Garde impériale. »
    Après avoir poussé pour la première fois le cri de « Vive l’Empereur ! » qui, durant dix années, fera trembler l’Europe, gageons que certains anciens grenadiers – ceux qui ont fait partie autrefois de la Garde du Corps législatif et de la Garde du Directoire – durent se regarder un peu étonnés. Quelques mois avant Brumaire, lorsque leurs officiers leur ordonnaient d’accomplir quelque chose qui leur déplaisait, ils s’adressaient directement aux Directeurs. C’est ainsi que l’on avait pu voir ces étranges soldats demander de ne pas être astreints à sortir du quartier en grande tenue... Et quels termes n’avaient-ils pas employés ! « Eh ! quoi donc, écrivaient-ils, la liberté serait-elle un vain titre ?... Des vestes et des culottes seraient-elles une femme fatale jetée au milieu des patriotes pour les diviser et donner de la force aux royalistes ? » Des culottes transformées en femme fatale ? En l’an VIII, on n’avait point peur des images hardies...
    En quatre années, Bonaparte a converti ces soldats-citoyens en guerriers. Leur « accoutrement » fait battre les coeurs. Grenadiers et chasseurs sont empanachés, soutachés, emplumés, dorés sur tranche, et si leurs mains sont sales, leurs gants sont propres. Passant de deux mille à dix mille hommes, la Garde, devenue une nouvelle chevalerie populaire, est déjà, à la veille de l’Empire, l’élite de l’armée, puisque son recrutement s’opère en puisant les meilleurs éléments de la ligne et de la cavalerie.
    Par la même proclamation, l’hérédité du pouvoir est déclarée « dans la descendance de Napoléon Bonaparte, et, à défaut d’enfants, dans celle de Joseph et de Louis », qui sont créés princes impériaux. La suite avait fait grimacer Joseph, puisque le sénatus-consulte précisait que l’Empereur pourrait adopter pour son successeur celui de ses neveux qu’il désignerait, mais seulement lorsque l’heureux choisi aurait atteint dix-huit ans. Pour les siècles à venir, l’adoption demeurait interdite. Ainsi les futurs empereurs des Français sans héritier direct, ne pourraient désigner leurs successeurs.
    Saint-Cloud bourdonne d’inquiétudes. Quels seront les titres et les places de chacun ? Aucune décision n’a encore été prise, aussi assiège-t-on Talleyrand et Fouché qui sont, dit-on, dans le secret. Joseph et Louis sont à peu près tranquilles : ils deviendront assurément Altesses impériales, mais mesdames Bacciochi et Murat – Élisa et Caroline – sont plus agitées. Leurs époux semblent ne pas devoir être nommés princes – et elles demeureront, de ce fait, roturières ! Alors que ces « étrangères » – Julie et Hortense – porteront le titre de princesses !
    Et les ministres ? Les anciens consuls ? Les grands dignitaires ? Les chefs militaires ? Quel sera leur sort ? Puisqu’un empire était créé, une cour titrée et chamarrée ne devenait-elle pas indispensable ?
    Le 17 mai, le bruit court que, le lendemain sera le « grand jour ». En effet,

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