Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
Vom Netzwerk:
France ».
    C’est Fouché – le massacreur de Lyon – qui vient se proposer pour matérialiser les désirs de la Nation, rallier les hésitants, gagner les opposants. Une commission est créée et, le 27 mars, une semaine après l’exécution du duc d’Enghien – on ne perdait point de temps... – le Sénat « invite » le Premier consul « à achever son ouvrage en le rendant immortel comme sa gloire »...

    Le corps du malheureux qui pourrissait dans les douves de Vincennes allait servir de marche au nouveau trône.
    Le Sénat ayant également posé la question du pouvoir héréditaire, Joséphine, en cette veille du règne, tremble toute !
    — Bonaparte, murmure-t-elle, ne te fais point roi !
    Il hausse les épaules. Son parti est maintenant pris.
    À trois reprises, le rapporteur, influencé par Joseph, écrit que l’hérédité sera créée dans la famille Bonaparte. À trois reprises le texte revient de Saint-Cloud corrigé : l’hérédité ne devait figurer que « dans les descendants de Napoléon Bonaparte ». Mais ces « descendants » n’existaient point – ou pas encore. Ne pourrait-on pas en créer par une adoption ? Puisque Joséphine ne pouvait donner d’enfants à son mari, pourquoi ne pas choisir comme héritier le fils d’Hortense ? Bonaparte en accepte l’idée, soufflée, on s’en doute, par la future impératrice. Il s’adresse tout d’abord à Joseph pour lui demander d’abandonner son droit d’aînesse :
    — Je veux tout ou rien, répond Joseph. Je me réunirai à Sieyès, à Moreau même s’il le fait, à tout ce qui reste en France de patriotes et d’amis de la liberté pour me soustraire à tant de tyrannie.
    Passant outre – et accédant encore à la prière de sa femme – le Premier consul va voir Hortense. Celle-ci a raconté la scène :
    « Le Consul arriva chez moi avec ma mère. Contrarié de n’y point trouver mon mari, il ne dit rien et se promena seul dans le jardin. Ma mère m’apprit qu’il était venu dans l’intention de demander notre fils qu’il voulait adopter. Cette idée m’effraya... Le soir, Caroline me dit que la famille, instruite des projets du Consul, les combattrait avec force, que ses frères avaient plus de droits que mon fils, qu’ils les soutiendraient... J’en parlai à mon mari qui m’assura que jamais il ne consentirait à céder son fils et il me montra une lettre par laquelle il en faisait la déclaration à son frère avec le conseil de divorcer comme seul moyen d’arranger les choses. Je demeurai toute confuse pour mon mari, tout agitée pour ma mère que je vis sortir pleine de tristesse et d’abattement. Elle m’apprit aussi que toute la famille voulait engager le consul à se séparer d’elle. Quant à lui, pour la première fois, il me traita en personne raisonnable, me parla de son désir d’adopter un héritier et me parut blessé de la lettre de Louis. Je lui demandai de rester neutre dans une telle circonstance et d’obéir à un mari effrayé, peut-être avec raison, de toutes ces haines qui s’élevaient déjà autour d’un enfant. Le consul garda un moment le silence et le rompit en disant :
    — Je ferai une loi qui me rendra au moins maître de ma famille. »
    En attendant de résoudre cette insoluble question, Bonaparte, le 25 avril, prend la décision d’associer sa femme au trône et, ses réflexions terminées, il répond enfin à la demande des sénateurs, les invitant « à lui faire connaître leur pensée tout entière ».
    Le 30 avril, Curée – « républicain » toujours « éprouvé » – prend la parole au Tribunat. On lui a soufflé sa leçon : il demande que le gouvernement de la république soit confié à un empereur, et que cet empire soit héréditaire. Après trois jours de débats, le Tribunat émet le voeu suivant :
    1° — Que Napoléon Bonaparte fût nommé empereur et en cette qualité fût chargé du gouvernement de la République française.
    2° — Que le titre d’Empereur et le pouvoir impérial fussent héréditaires dans sa famille, de mâle en mâle, par primogéniture.
    3° — Enfin, qu’en apportant à l’organisation des autorités constituées les modifications que commandait l’établissement d’un pouvoir héréditaire, l’égalité, la liberté, les droits du peuple fussent conservés dans leur intégralité.
    Le 4 mai – le ciel est couvert et quelques gouttes d’eau tombent par intervalles – une délégation du Tribunat est reçue par le Sénat

Weitere Kostenlose Bücher