Bonaparte
craigniez d’être fatiguée par une si longue route... Il me tarde de vous voir, de vous dire tout ce que vous m’inspirez et de vous couvrir de baisers. C’est une vilaine vie que celle de garçon, et rien ne vaut une femme bonne, belle et tendre... » Bien entendu, Joséphine part avec une partie de sa cour pour Aix-la
— Chapelle où elle attendra son mari qui semble bien fringant. Le 24, il lui écrit encore : « Comme il serait possible que j’arrivasse de nuit, gare aux Amoureux ! Je serais fâché si cela les dérange. Mais l’on prend son bien partout où on le trouve. Ma santé est bonne. Je travaille assez. Mais je suis trop sage. Cela me fait du mal. Il me tarde donc de vous voir et vous dire mille choses aimables. »
Elle est toujours sa maîtresse et sa compagne.
— Une belle femme plaît aux yeux, disait-il, une bonne femme plaît au coeur ; l’un est un bijou, l’autre est un trésor.
Joséphine est pour lui l’un et l’autre...
Le 27 août, il quitte Boulogne avec Eugène. Ce soir-là il s’arrête à Saint-Omer. Il y reste toute la journée du 28. Puis il couche deux nuits à Arras, et une au château de Laeken, aux portes de Bruxelles. Le 2 septembre il arrive à Aix-la-Chapelle où il s’installe à la préfecture de la Roer. La joie de revoir l’Empereur fait pleurer Joséphine. Elle est si heureuse qu’elle ne s’aperçoit pas que son mari jette le mouchoir à l’une de ses dames : la jolie Elisabeth de Vaudey. Amours ancilliaires qui, on le devine, ne nuisent en rien au gouvernement. L’activité de Napoléon est toujours prodigieuse. Le voici à Trêves pour quarante-huit heures, et il dicte :
Napoléon au Vice-Amiral Decrès :
« Je suis fâché de votre lettre du 11 vendémiaire. Soyez donc ministre de la Marine. Quoi ! au moment où l’opinion est que je pars de Luxembourg pour Boulogne afin de m’y occuper de l’expédition, le commandant des marins de ma Garde donne sa démission et vous le trouvez bon ! Il n’y a donc plus de sang français dans les veines !... Daugier n’est pas plus malade qu’il ne l’était ; d’ailleurs, il faut savoir mourir. Ce sont les sollicitations de sa femme qui l’ont porté à cette démarche. En vrai ministre de la Marine, cette turpitude de votre corps devrait s’arrêter à vous... »
À Cambacérès :
« Mon cousin, je reçois un projet de décret sur les avocats. Il n’y a rien qui donne au Grand Juge les moyens de les contenir. J’aime mieux ne rien faire que de m’ôter les moyens de prendre des mesures contre ce tas de bavards, artisans de révolutions, et qui ne sont inspirés presque tous que par le crime et par la corruption. Tant que j’aurai l’épée au côté, je ne signerai jamais un décret aussi absurde. Je veux qu’on puisse couper la langue à un avocat qui s’en servirait contre le gouvernement. On a beaucoup discuté, l’année passée, au Conseil d’État sur le droit de chasse, et on fini par ne rien faire. Un individu, étranger au Conseil d’État, proposa un projet à l’instar du règlement anglais sur les chasses, et qui aurait rendu plusieurs millions. Faites rechercher ce projet... »
Et toujours à Cambacérès :
« Il y a à Paris une quarantaine de couvents de religieuses qui se sont réunies pour vivre en commun, et qui tiennent des écoles publiques pour les petites filles du quartier. Cela montre la nécessité de pourvoir à l’éducation des femmes. Voyez avec M. Portalis ce qu’on pourrait proposer de raisonnable sur cette matière. »
À Fouché :
« Je ne veux point d’Anglais à Paris ; éloignez tous ceux qui s’y trouvent. »
À Talleyrand :
« Je désire que vous écriviez en Espagne pour faire connaître que je verrais avec peine le rétablissement des Jésuites ; que je ne le souffrirai jamais en France ni dans la République italienne ; que j’ai lieu de penser, d’après la nature de nos relations, que l’Espagne restera ferme dans les mêmes principes, mais que je désire en avoir l’assurance. »
Au Vice-Amiral Decrès :
« Quant à l’amiral Villeneuve et au contre-amiral Missiessy, il est ridicule que vous me demandiez des ordres. À quoi sert de laisser des amiraux à Paris ? Je ne suis pas de votre opinion sur la rareté des bois en France. De plus de deux cent mille arpents de l’arrondissement de Kaiserslautern, les agents de la marine n’en ont marqué qu’une centaine d’arbres... Cette partie est entièrement négligée. On
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