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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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que vous m’aurez transmis la réponse je ferai, comme je le dois, les démarches nécessaires.
    Depuis la signature du Concordat, Napoléon et le Pape n’ont cessé d’entretenir de bons rapports. Joséphine a même fait porter à Sa Sainteté, par son cousin Tascher, un rochet de dentelle qui a coûté 7 111 francs 11 à l’Empereur – sans parler de 12 000 francs donnés à Tascher pour son voyage... Sans doute le nouvel empereur n’a-t-il pas rendu les Légations à Rome, mais le roi de Naples a été contraint de remettre au Saint-Siège les villes de Bénévent et Pontecorvo. Napoléon ne manque pas l’occasion de se proclamer « un fidèle enfant de l’Église ». Aussi l’Empereur peut-il confier à Roederer :
    — Le Pape, qui, au moment du Concordat, m’aurait souhaité bien loin, aujourd’hui s’il connaissait un complot pour m’assassiner, viendrait lui-même à francs étriers de Rome à Saint-Cloud pour m’avertir ; il m’écrit deux fois la semaine, me confie ses désirs, ses craintes, toutes ses affaires intérieures et extérieures.
    Les projets du maître rencontrèrent d’abord quelques difficultés au sein même du Conseil d’État. Tous les membres se trouvèrent d’accord avec les protestants et des nombreux athées qui criaient au scandale, pour affirmer que ce serait là donner au chef de l’Église le pouvoir, en quelque sorte, d’élire un souverain. N’était-ce point là les prérogatives du peuple ? L’Empereur sut leur répondre en plaçant la question sur le plan politique :
    — Messieurs, vous délibérez à Paris, aux Tuileries. Supposez que vous délibériez à Londres dans le cabinet britannique, que vous soyez les ministres du roi d’Angleterre et que l’on vous apprenne que le Pape passe en ce moment les Alpes pour sacrer l’Empereur des Français, regarderiez-vous cela comme une victoire pour l’Angleterre ou pour la France ?
    L’argument avait un certain poids, et on le vit bien en constatant la réaction des Français de l’extérieur. En apprenant, en effet, que « le fils de la Révolution » désirait être sacré par le Pape, émigrés et royalistes poussèrent de hauts cris. Joseph de Maistre, ministre de Sardaigne à Saint-Pétersbourg, considérait l’éventuel sacre comme un « forfait » ou une « apostasie » et ne trouvait « point de termes pour peindre son chagrin » ; mais – comme tant d’autres – il en trouvait aisément pour fustiger le Saint-Père traité de polichinelle sans importance :
    — Je souhaite de tout mon coeur la mort du malheureux Pie VII.
    La Curie fut plus respectueuse. Les cardinaux se résigneraient à la pensée que le chef de l’Église couronnerait le petit Corse, mais ils n’admirent pas qu’il se déplace : « M. de Buonaparte » n’avait qu’à se rendre dans la Ville Eternelle ! Charlemagne n’avait-il pas fait le voyage de Rome pour se faire couronner par Léon III ?
    Pie VII n’ignorait pas, ainsi que le lui écrivait son légat, que le nouvel empereur « regarderait comme une injure que Sa Sainteté élevât des difficultés ». Le refus éventuel du Pape semblait à un tel point effrayer Caprara « qu’il n’osait pas l’aborder même en imagination ». C’est Talleyrand – ancien évêque... – qui se chargea de mettre les choses au point. Dans une note détaillée, il souligna d’abord « l’extrême surprise de Sa Majesté ». Puis, sans ambages, il entra dans le vif du sujet : Pie VII ne devrait-il pas se montrer reconnaissant ? L’oeuvre du nouvel empereur vis-à-vis de l’Église n’avait-elle pas été considérable ? : « Les temples rouverts, les autels relevés, le culte rétabli, le ministère organisé, les chapitres dotés, les séminaires fondés, vingt millions destinés au paiement des desservants, la possession des États de l’Église assurée, Pesaro, le fort Saint-Léon, le duché d’Urbin rendus à Sa Sainteté, le Concordat italique conclu et sanctionné, les négociations pour le Concordat germanique fortement appuyées, les missions étrangères rétablies, les catholiques d’Orient arrachés à la persécution et fortement protégés auprès du Divan, tels sont les bienfaits de l’Empereur envers l’Église romaine. Quel monarque pourrait en offrir d’aussi grands et d’aussi nombreux dans l’espace de deux ou trois ans ? ».
    La note – un véritable bilan – n’entendait-elle pas prouver au Vatican d’attendre d’autres avantages ? En

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