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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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les troupes. Wimille est réservé aux soldats, Condette aux officiers.
    Sitôt arrivé, l’Empereur, sans prendre de repos, part en inspection, visite les ports, fait appareiller, gagne le large et la croisière anglaise tire sur son embarcation – sans l’atteindre. Son étoile le protège... « Sa Majesté, écrit un témoin anonyme, est ensuite rentrée dans le port ; partout elle a reçu des témoignages de la plus vive allégresse ; un peuple immense, qui bordait les deux quais, annonçait le retour de Sa Majesté par les cris mille fois répétés de « Vive l’Empereur ! Vive Bonaparte ! »
    Le soir, il va s’installer au petit château de Pont-de-Briques qui existe toujours. Le lendemain, 20 juillet, une fort jolie matelote, au nom de la marine boulonnaise, lui présente un compliment. Napoléon l’embrasse {34} , et monte à cheval. Aussitôt en selle, il annonce qu’il désire passer l’inspection de l’armée navale et donne l’ordre aux bâtiments de quitter leur position, ayant l’intention, précise-t-il, de passer la revue en pleine mer. En attendant, suivi de Roustam, il part faire sa promenade habituelle. En revenant, il se montre fort surpris : aucun des navires formant la ligne d’embossage n’a quitté son mouillage.
    — Que l’on aille me chercher l’amiral ! ordonne-t-il en frappant du pied avec violence.
    Et, comme il estime que Bruix n’arrive pas assez vite, il se porte au galop à sa rencontre. Dès qu’il le voit – et en présence de tout l’état-major – il l’interpelle. Ses yeux lancent des éclairs :
    — Monsieur l’Amiral, pourquoi n’avez-vous point fait exécuter mes ordres ?
    — Sire, explique Bruix, une horrible tempête se prépare... Votre Majesté peut le voir comme moi : veut-elle donc exposer inutilement la vie de tant de braves gens ?
    L’air est, en effet, affreusement pesant, et, au loin, se font entendre de sourds grondements.
    — Monsieur, répond l’Empereur, de plus en plus irrité, j’ai donné des ordres, encore une fois pourquoi ne les avez-vous point exécutés ? Les conséquences me regardent seul. Obéissez !
    — Sire, je n’obéirai pas.
    — Monsieur, vous êtes un insolent !
    L’Empereur, la cravache à la main s’avance vers l’amiral d’un geste menaçant. Bruix pâlit, recule d’un pas, met la main à l’épée.
    — Sire ! prenez garde !
    Il y a une minute terrible. L’Empereur, la main toujours levée, Bruix serrant toujours la garde de son épée, les deux hommes s’affrontent. Cette fois la colère a dépassé le col... Finalement, Napoléon jette sa cravache à terre :
    — Monsieur le contre-amiral, dit-il en se tournant vers Magon, vous ferez exécuter à l’instant le mouvement que j’ai ordonné. Quant à vous, monsieur, poursuit l’Empereur en posant son regard sur l’amiral Bruix, vous quitterez Boulogne dans les vingt-quatre heures, et vous vous retirerez en Hollande.
    Bruix retrouvera les bonnes grâces de Napoléon, mais, en attendant, il s’éloigne... Magon obéit tandis et que la mer se creuse de plus en plus. Ce cruel et violent entêtement, rapporté par Constant, a été parfois mis en doute ; nous en avons cependant aujourd’hui la confirmation par les Souvenirs encore inédits du lieutenant Dupin. « Rien ne peut faire changer l’ordre qu’il avait donné », assure-t-il.
    Bientôt les éléments se déchaînent, la tempête fait rage et disperse les bâtiments. « Quelle horreur ne vîmes-nous pas ! », soupire encore Dupin, « le coeur navré ». Napoléon, bras croisés, tête baissée, fait les cent pas sur la plage. Tout à coup on entend des cris épouvantables : plus de vingt chaloupes canonnières, chargées de soldats et de matelots, viennent d’être précipitées dans les flots... L’Empereur se jette dans une barque de sauvetage :
    — Laissez-moi ! laissez-moi ! crie-t-il à ceux qui veulent le retenir. Il faut qu’on les tire de là.
    En un instant sa barque est remplie d’eau... Une lame encore plus forte que les autres manque de jeter l’Empereur par-dessus bord. « Électrisés par tant de courage, rapporte Constant, officiers, soldats, marins et bourgeois se mirent les uns à la nage d’autres dans des chaloupes pour essayer de porter secours. Mais hélas ! on ne put sauver qu’un très petit nombre de ces infortunés... Des agents chargés d’or parcoururent par son ordre la ville et le camp, et arrêtèrent des murmures tout prêts d’éclater. »
    « Nous

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