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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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sur une estrade où on accède par vingt-quatre marches assez raides, on a juché le fauteuil de l’Empereur et, un peu au-dessous, celui, plus petit, de l’Impératrice. C’est au pied et autour de ce monument que sont installés le corps diplomatique et les ministres, puis, à mi-chemin entre le trône et l’autel, se sont assis les membres du Sénat et du Corps législatif, les magistrats et les grands officiers de la Couronne. Le premier rang, près de l’autel aux dix archevêques et aux quarante évêques, qui ont dû s’habiller à la Préfecture de Police... Dans les bas-côtés et les transepts se trouvent massées les délégations et, dans les galeries, les invités.
    Vers huit heures trente, au moment où s’ordonne le cortège du Pape, un drame éclate devant le pavillon de Flore : le porte-croix, monsignor Speroni, refuse de prendre place dans un carrosse ; le cérémonial pontifical l’exige : il lui faut une mule. Il n’y en a pas dans les écuries impériales ; on lui offre un cheval, on lui suggère de faire la route à pied. C’est peine perdue ! Les piqueurs sont bien obligés de se mettre en quête et découvrent enfin un âne chez une fruitière de la rue du Doyenné qui, moyennant soixante-sept francs, accepte de louer son animal. On affuble l’âne d’un caparaçon de velours, en affirmant à Speroni qu’il s’agit d’une mule mal venue, et le cortège, précédé de dragons, peut se mettre en route. Cependant, l’apparition du porte-croix, curieusement coiffé d’un chapeau à trois cornes et monté sur le baudet de la fruitière, déchaîne l’hilarité. Les lazzi fusent :
    — Voilà la mule du Pape, c’est elle qu’on baise !
    Speroni semble ravi et agite sa croix en tous sens. Les rires sont à peine calmés lorsque, derrière les hérauts d’armes, apparaît le carrosse du Pape, doublé de velours blanc, surmonté de la tiare pontificale et traîné par huit chevaux gris. Arrivé à l’Archevêché, le Pape revêt une ample et lourde chape de drap d’or et, par une longue galerie de toile, gagne la basilique, puis va se placer sur le trône qui lui a été aménagé dans le choeur, « c}ans l’attente d’un pontife qui médite profondément sur les choses du ciel et pour le bonheur de la terre ».
    Aux Tuileries, non sans mal, les principaux acteurs de la cérémonie ont revêtu de curieux costumes dessinés par David et Isabey, une manière de compromis entre « l’antique » et Henri III.
    Si les femmes se plient à tout dans ce domaine, certains anciens soldats de l’an II déguisés « en mignon » doivent quelque peu hésiter avant de sortir de chez eux en cet équipage...
    Avant le départ pour Notre-Dame, les protagonistes de la solennité sont introduits dans l’appartement de Joséphine et restent bouche bée devant l’Impératrice « resplendissante de diamants, coiffée de mille boucles comme au temps de Louis XIV ». Elle semble avoir vingt-cinq ans.
    Il est onze heures.
    Le canon tonne, annonçant le départ de l’Empereur et de l’Impératrice des Tuileries. Le temps ne s’est pas réchauffé, le ciel demeure couvert, mais la menace d’une chute de neige semble écartée. Cependant le soleil est toujours aussi pâle derrière le brouillard. Le célèbre carrosse étincelant d’or est traîné par huit chevaux, couleur isabelle, richement caparaçonnés.
    Sur l’impériale de la voiture, on voit, comme sur celle du Pape, une couronne d’or soutenue par quatre aigles déployant leurs ailes. « Cette voiture, remarquable par son élégance, sa richesse et les peintures dont elle était ornée, racontera le Journal des Débats, fixait l’attention autant que le cortège, dont il est difficile de décrire la magnificence. Qu’on se figure sept ou huit mille hommes de cavalerie de la plus belle tenue, entremêlés de groupes de musiciens, défilant entre deux haies continues d’infanterie de plus d’une demi-lieue de longueur ; qu’on y ajoute la richesse et le nombre des voitures, la beauté des attelages, le concours de quatre ou cinq cent mille spectateurs, et l’on n’aura qu’une idée imparfaite du coup d’oeil qu’offrait la seule marche du cortège. »
    L’ultra des ultras, M. de Frénilly – M. de Frénésie, dira lui-même Louis XVIII – n’est, on s’en doute, point d’accord : « Toute cette pompe n’était qu’une mascarade où chacun essayait son habit, où personne n’avait encore étudié son rôle depuis ce

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