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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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principalement à supprimer ou à transformer, dans le texte devant être dit par le Pape, certains verbes qu’il estime déplaisants, tel eligimus (que nous avons élu). Pour la remise de l’épée, concessum (attribué) le gêne et deviendra oblatum (présenté).
    Quant aux ornements – épée, couronnes, anneaux, sceptre, globe, main de justice –, ce n’était pas sans mal qu’on était parvenu à retrouver l’épée, le sceptre et la main de justice qui, depuis plusieurs siècles, figuraient au sacre des rois et qui avaient été dispersés par la Révolution. Ils furent décorés et habillés de neuf. Le sceptre avait perdu sa hampe : on la remplaça par un bâton de chantre, fort ancien et trouvé dans le trésor de Saint-Denis. Il en fut de même pour la main de justice. Ici la hampe sera neuve. On ajouta çà et là des bijoux, des pierres fines, afin que ces objets pussent figurer dignement dans le cortège du sacre sous le nom des « honneurs de Charlemagne », mais l’Empereur fait exécuter les ornements impériaux par son orfèvre Biennais, dont le magasin porte renseigne du Singe Violet...
    Les difficultés décidément s’accumulent ! Avec quelle huile seront faites les onctions ? La sainte ampoule n’existe plus, Alexandre de Beauharnais, premier mari de Joséphine – ironie de l’Histoire – l’ayant fait apporter de Reims à Paris sous la Révolution pour qu’on la brûlât « sur l’auteur de la Patrie » ! Il faudra donc se contenter du chrême réservé aux évêques. Napoléon s’insurge en apprenant qu’il devra recevoir neuf onctions. Elles seront limitées à deux applications huileuses aux mains et sur le front. Le Pape accepte de voir ainsi encore s’amenuiser son rôle, mais lorsqu’on l’informe que le grand chambellan Talleyrand est désigné pour essuyer les onctions, Pie VII se rebelle devant le sacrilège ! Napoléon – tout en riant sous cape – admet ce point de vue. Il fera remplacer Talleyrand par le Grand Aumônier.
    Le 20 novembre, Napoléon écrit au Pape : « Je me flatte que dans cette semaine j’aurai le bonheur de voir Votre Sainteté et de lui exprimer les sentiments que j’ai pour elle. Me rendant à mon palais de Fontainebleau qui est sur la route, je me trouverai, par cette circonstance, en jouir un jour plus tôt. »
    En réalité ce n’est nullement pour « jouir un jour plus tôt » de la présence de Pie VII que l’Empereur s’est rendu à Fontainebleau, mais pour éviter de devoir accueillir le Pape aux portes de Paris – et de lui laisser la première place.

    En ce dimanche de l’Avent – car Pie VII se refuse, bien sûr, à admettre que l’on est le quartidi 4 frimaire, jour des Nèfles –, Sa Sainteté touche au terme de son voyage. Il tombe une pluie froide lorsque le cortège papal, composé d’une centaine de cardinaux, de prélats* d’abbés et d’employés de tous genres, venant de Nemours, pénètre par la longue côte de Bourron dans la forêt de Fontainebleau.
    Pie VII est las. Des bandits l’ont dévalisé près de Plaisance et, à Lyon, le cardinal Borgia est mort des suites d’une brutale indisposition. Sa Sainteté est partie de Rome vingt-trois jours auparavant et est contrariée par l’allure du voyage, c’était là un train trop rapide, incompatible avec la dignité qui doit accompagner les déplacements du successeur de Saint-Pierre.
    Au carrefour de la Croix Saint-Hérem, Napoléon, vêtu d’une tenue verte de chasseur, feint d’interrompre une chasse au loup lorsqu’il voit le carrosse papal gravir la côte. Immobile sur son cheval, il regarde l’équipage de Pie VII venir à lui et ne s’avance nullement une minute plus tôt que prévu vers Sa Sainteté. Le Pape paraît hésiter. Entre l’Empereur et lui s’étend un terrain boueux et le Saint-Père n’a aux pieds que ses mules blanches brodées d’or... Enfin, pataugeant dans un bourbier épouvantable, le premier il se dirige vers l’Empereur. Napoléon se hâte alors de descendre de cheval pour se porter au-devant de son hôte et l’embrasser. Mais il n’est pas question bien sûr, pour lui, de s’agenouiller ! D’ailleurs, étant donné l’état du terrain, le Pape ne peut pas s’étonner de cette entorse au protocole. Puis, le carrosse impérial s’avance et, par une manoeuvre aussi minutieusement préparée, permet à l’Empereur de monter dans la voiture par la portière de droite, laissant le Saint-Père à sa gauche.
    Durant

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