Bonaparte
par des troupes françaises...
Pourtant – il le répète – : il n’a qu’un but, la paix ! Ce qui ne l’empêchera pas, dans la nuit, d’essayer de s’installer à la maison Benielli, position stratégique qui domine toute la ville. Ce même soir, il dicte un rapport destiné aux commissaires du Directoire – Pietri et Arrighi – et les appelle à l’aide tout en essayant de justifier son action. L’affaire est si embrouillée qu’il faut lui donner la parole : « Partout on a assiégé les officiers et soldats de la Garde nationale, partout ils ont couru des périls éminents, partout ils ont été vilipendés... L’on ne peut douter que ce n’ait été un complot formé, fomenté par la religion. Le commandant des troupes de la place a refusé de nous recevoir dans la citadelle. Nous lui avons proposé d’y aller désarmés, nous lui avons demandé des munitions, mais encore inutilement... Notre désolation est extrême et les ennemis communs doivent être joyeux de nos maux. Ne tardez pas un moment à nous faire venir des forces considérables... Le feu se fait de tous côtés... »
Le feu que Buonaparte a lui-même tant contribué à allumer !
Le 11 avril, il poursuit son projet : occuper la citadelle avec ses gardes nationaux. Il monte à cheval, galvanise ses miliciens, les répartit avec science dans les différents postes, puis, à la tête de ses Volontaires, il tente en vain de se faire ouvrir les portes de la forteresse dont les canons sont toujours braqués sur la ville. II échoue également en essayant de débaucher les soldats français du 42 e . Le lendemain, Napoleone fait annoncer que les deux commissaires du Directoire du département répondant à son appel, vont arriver à Ajaccio afin d’arbitrer le différend. Aussitôt Buonaparte demande à la municipalité d’obtenir des troupes royales de retirer les canons menaçant la cité. Le maire accepte de jouer « monsieur bons-offices », le commandant des troupes – le colonel Maillard – s’incline et les esprits se calment. Pietri et Arrighi, dès leur arrivée, rétablissent l’ordre en faisant arrêter trente-quatre Ajacciens particulièrement échauffés et en envoyant le bataillon des Volontaires – cause de tout le mal – résider à Corte.
Grâce à l’anarchie qui règne dans l’île, Buonaparte n’est pas inquiété, alors que normalement il relevait du peloton d’exécution. Le colonel Maillard, adresse d’ailleurs un rapport à Paris. Lejard, le nouveau ministre de la Guerre, après en avoir pris connaissance, répond que le colonel Quenza et le lieutenant-colonel Buonaparte avaient assurément été « infiniment répréhensibles. On ne peut dissimuler, poursuit-il, qu’ils aient favorisé tous les désordres de la troupe qu’ils commandaient. Si les délits commis eussent été purement militaires, je n’aurais pas hésité à prendre les ordres du roi pour faire traduire ces deux officiers devant une cour martiale. » Fort heureusement le ministre se contente d’envoyer le rapport au ministère de la Justice où, en cette veille de la chute de la royauté, il va, fort heureusement pour Buonaparte, sommeiller...
Napoleone, devenu une manière de rebelle, risque, au même moment de comparaître devant une autre juridiction, pour désertion cette fois. En effet, le premier janvier dernier, à Valence, lors de la revue de son régiment, le premier lieutenant Buonaparte a été porté « irrégulièrement manquant ». Napoleone est donc menacé d’être rayé des cadres de l’armée et risque de se trouver porté sur la liste des émigrés.
« Il paraît instant que tu ailles en France », lui a conseillé Joseph. Aussi, Napoleone, abandonnant avec désinvolture son bataillon de volontaires corses, prend-il la décision, non de rejoindre Valence où il risquerait de se voir mettre aux arrêts, mais de rallier Paris. C’est au ministère qu’il veut plaider sa cause et il se munit, à cet effet, d’une recommandation de Rossi. Il ne s’embarque pas moins, assez inquiet, pour le continent.
Le 29 mai, il écrit à Joseph : « Je suis arrivé hier. Je me suis, en attendant, logé à l’hôtel où logent Pozzo di Borgo, Leonetti et Peraldi, c’est-à-dire rue Royale : Hôtel des Patriotes Hollandais. »
Pour être « patriote », même hollandais, on n’en est pas moins hôtelier, et le jeune officier se trouve « trop chèrement logé ». De sorte, annonce-t-il, « qu’aujourd’hui ou
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