Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
Vom Netzwerk:
demain » il changera d’hôtel. « Paris, ajoute-t-il encore, est dans les plus grandes convulsions. Il est inondé d’étrangers et les mécontents sont très nombreux. Voilà trois nuits que la ville reste éclairée. L’on a doublé la Garde nationale qui restait aux Tuileries pour garder le roi... » Ultime recommandation : « Tiens-toi fort avec le général Paoli. Il peut tout et est tout. »
    Le même jour – première leçon pour le futur chef d’État –, il assiste à une séance de l’Assemblée législative où il retrouve son ami Bourrienne – son camarade de Brienne venu chercher une place dans les « Affaires étrangères ». Leur amitié se renoue comme s’ils s’étaient quittés la veille. Ils ne sont pas plus fortunés l’un que l’autre et la chance semble s’être détournée d’eux. Que faire pour sortir de ce marasme ? Buonaparte voudrait se lancer dans une « utile spéculation ». Pourquoi, avec leur maigre avoir, ne pas louer plusieurs maisons en construction dans la rue Montholon, pour les sous-louer ensuite ? Mais les demandes des propriétaires sont trop exorbitantes et, ainsi que le dira le futur empereur : « tout nous manqua »...
    Dès le 30 mai les deux amis vont demeurer à l’Hôtel de Metz, situé rue du Mail. Buonaparte dîne alors chez un traiteur du nom de Justat qui, en dépit du coût de la vie, ne lui prend que six sous par repas. Sans aller jusqu’à prévoir la chute de la royauté, il sent que les bouleversements sont proches et écrit à son frère Joseph : « Ne te laisse pas attraper, il faut que tu sois de la Législation prochaine, ou tu n’es qu’un sot... Ce pays-ci est tiraillé dans tous les sens par les partis les plus acharnés. Il est difficile de saisir les fils de tant de partis différents, je ne sais comment cela tournera, mais cela prend une allure bien révolutionnaire ».
    Le 20 juin, Buonaparte n’est pas loin de savoir « comment cela tournera »... Ce matin-là, Bourrienne et Buonaparte se sont donné rendez-vous chez un restaurateur, rue Saint-Honoré, non loin du Palais-Royal. En sortant, ils voient arriver du côté des Halles et se dirigeant vers les Tuileries, une troupe qui paraît à Napoleone forte de cinq à six mille hommes. « Ils étaient, raconte Bourrienne, déguenillés et burlesquement armés, vociférant, hurlant les plus grossières provocations... C’était, certes, ce que la population des faubourgs avait de plus vil et de plus abject. »
    — Suivons cette canaille, lance Buonaparte à son ami.
    Ils réussissent à prendre les devants et se postent sur la terrasse du bord de l’eau. De là, ils assistent à l’invasion du château par le peuple des faubourgs. Buonaparte est en proie à la « surprise et à la révolte ». Ce jour-là, ses sentiments penchent vers la royauté. « Il ne revenait pas de tant de faiblesse et de longanimité, remarque Bourrienne. Mais, lorsque le roi se montra à l’une des fenêtres qui donnent sur le jardin, avec le bonnet rouge que venait de placer sur sa tête un homme du peuple, l’indignation de Buonaparte ne put se contenir ». Son ami l’entend s’écrier :
    — Che coglione ! Comment a-t-on pu laisser entrer cette canaille ? Il fallait en balayer quatre ou cinq cents avec du canon, et le reste courrait encore !
    Deux badauds se trouvent là, à deux pas ; Napoleone les aborde en s’écriant :
    — Si j’étais roi, cela ne se passerait pas de même !
    L’un des deux hommes est l’avocat Lavaux. Il le racontera plus tard : il avait été surpris par « le ton soldatesque et le teint bilieux » du jeune officier dont les yeux brillaient d’étrange façon.
    Le soir, au cours du dîner – payé, comme le plus souvent, par Bourrienne – Buonaparte ne cesse de parler du spectacle auquel il a assisté. Cette « insurrection non réprimée » le met hors de lui. « Il en prévoyait et développait avec sagacité toutes les circonstances... »
    Le surlendemain, il écrira à son frère Joseph : « Le Roi s’est bien montré... Il n’en est pas moins vrai que tout cela est inconstitutionnel et de très dangereux exemple... M. de la Fayette, une grande partie des officiers de l’armée, tous les honnêtes gens, les ministres, le département de Paris sont d’un côté ; la majorité de l’Assemblée, les Jacobins et la populace sont de l’autre... Les Jacobins sont des fous qui n’ont pas le sens commun !... »
    Le 3 juillet, Napoleone écrira encore : « Il

Weitere Kostenlose Bücher