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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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cueillir les lauriers, et estime que l’attaque par la Riviera doit primer celle sur Turin. Un autre problème empêche d’exploiter les premiers succès : quelle sera l’attitude du doge de Gênes ?
    Pour le savoir et afin de connaître l’importance des forces génoises et la puissance de leurs fortifications, Augustin Robespierre et Ricord – le 11 juillet – envoient Buonaparte à Gênes. Puisqu’il parle l’italien, il est l’homme rêvé. Il devra également, au cours de cette mission à la fois politique et de renseignements, « approfondir la conduite civique et politique du ministre de la République française, Tilly ».
    Buonaparte revient de Gênes le 27 juillet, rapportant les renseignements demandés. Augustin Robespierre est reparti depuis une quinzaine de jours pour Paris, rappelé par son frère qui sent peut-être monter la crise. Le 27 juillet correspond, en effet, au 9 Thermidor... et, à l’heure même où Napoleone, tout heureux d’avoir bien rempli sa mission, arrive à Nice, Maximilien a été déclaré hors la loi, et son frère s’est joint volontairement à lui. Cette même nuit, Augustin sautera du haut d’une corniche de l’Hôtel de Ville et se brisera la cuisse. Le lendemain, il sera porté à l’échafaud et mourra le second de la fournée.
    Le 5 août, au camp de Sieg, Buonaparte apprend la nouvelle qui le prive de ses protecteurs. Le lendemain, il écrit à Tilly, chargé d’affaires de France à Gênes, une lettre bien dans le style du temps : « J’ai été un peu affecté de la catastrophe de Robespierre que j’aimais et que je croyais pur, mais fût-il mon frère, je l’eusse moi-même poignardé s’il aspirait à la tyrannie. » Plus tard, l’empereur Napoléon n’en fera pas moins donner une pension à la soeur des frères Robespierre tombée dans la misère.
    A-t-il été robespierriste ? Certes, non, mais le Souper de Beaucaire le prouve : au « joug des aristocrates », il préfère la liberté républicaine ! Le hasard, à son arrivée à Nice, l’a mis sous les ordres et sous la protection du frère de l’Incorruptible. Sans approuver la Terreur, les événements – et son intérêt – l’ont poussé à embrasser la cause extrémiste. Il serait puéril de le nier.
    Salicetti, de qui dépend maintenant également l’armée d’Italie, a pris ombrage de la protection accordée par les frères Robespierre à Buonaparte. Peut-être le jeune général a-t-il commis quelque maladresse à l’égard de son compatriote ? Est-il exact qu’il l’aurait, ainsi que le Représentant l’a raconté au nouveau Comité de Salut public, « à peine regardé du haut de sa grandeur » ?... Toujours est-il que Salicetti écrit, le 6 août, à son collègue Berthier : « J’ai appris la mort du nouveau tyran et de ses complices, et je t’assure que mon coeur s’est dilaté de plaisir. Tu sais comme Ricord et Augustin Robespierre dominaient despotiquement l’armée d’Italie. Quels abus y régnaient dans les finances... »
    Buonaparte « favori de Robespierre » ne peut que se trouver compromis. « Je suis certain, avait encore ajouté Salicetti, qu’à mon arrivée à Nice je trouverai Ricord parti et peut-être Buonaparte. S’ils sont encore à Nice, nous avons décidé de les faire mettre en arrestation et de les expédier immédiatement à Paris. Il y a sur lui de forts motifs de suspicion, de trahison et de dilapidation. » Ce même 6 août, les représentants Albitte et Laporte, que Salicetti a retrouvés à Barcelonnette, traitent le plan de campagne de Robespierre jeune – plan proposé par Buonaparte – de « liberticide ».
    « Buonaparte était leur homme, précisent-ils dans leur lettre au Comité, leur faiseur de plans auquel il nous fallait obéir. Une lettre, anonyme, mais datée de Gênes nous a prévenus qu’il y avait un million en route pour corrompre un général. Tenez-vous sur vos gardes, nous disait-on. Salicetti arrive. Il nous apprend que Buonaparte s’est rendu à Gênes, autorisé par Ricord. Qu’allait faire ce général en pays étranger ? Tous nos soupçons se fixent sur sa tête... » Il est certain – Napoléon l’avouera plus tard – que sa faveur auprès des représentants en mission en place avant thermidor était grande ; Augustin Robespierre ne prenait guère de décisions concernant l’armée d’Italie avant de consulter le jeune général.
    Sans attendre les ordres du Comité, les trois commissaires «

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