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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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choses ! Justifierez-vous son attente ?... Vous avez encore des combats à livrer, des villes à prendre, des rivières à passer... Vous n’avez rien fait puisqu’il vous reste encore à faire...
    Il pouvait compter sur eux ! Ce ne sont assurément point là des compliments gratuits. Déjà, il y. avait, en effet, dans la contenance des soldats de Bonaparte « quelque chose de si ferme et de si formidable, dira un témoin, que l’on sentait que, marcher au combat avec eux, c’était marcher au succès ».
    Le matin du mercredi 27 avril, le roi de Sardaigne envoie au vainqueur, alors à Cherasco, à dix lieues de Turin, une nouvelle proposition d’armistice. Bonaparte répond par un ultimatum dans lequel il glisse une clause lui réservant « la faculté de passer le Pô à Valenza » et lui assurant le libre passage à travers les États du roi de Sardaigne, chemin qui lui permettrait de gagner la Lombardie et d’attaquer l’Autriche. Pour la première fois, Napoléon va se muer en homme politique et avoir en face de lui, comme interlocuteurs, des gentilshommes de l’Ancien Régime.
    À dix heures et demie du soir, au palais du comte Salmatoris, où est logé Bonaparte, arrivent les plénipotentiaires sardes – d’origine savoyarde : le vieux général-baron de la Tour, le marquis Henry et le jeune-colonel-marquis Costa de Beauregard, chef d’état-major du général Colli. Ce dernier a laissé un récit de cette longue soirée. Les trois plénipotentiaires sont surpris : aucune garde ne défend les abords de la maison, qui est presque sans lumières. Quelques soldats, écrasés de fatigue, dorment sur le seuil de la porte et sur les marches de l’escalier. Autour du palais, point de cette agitation habituelle aux quartiers généraux, point de chevaux, de fourgons ni de mulets d’équipage. Il n’y a même pas de domestiques pour accueillir les visiteurs ! Ceux-ci errent, jusqu’au moment où paraît « un jeune homme attaché à l’État-Major »...
    Le jeune homme introduit les plénipotentiaires dans « une chambre à recevoir », où l’on a allumé un grand feu. Berthier les reçoit, les interroge sur l’objet de leur mission, disparaît afin de mettre le général en chef au courant, et, seulement une demi-heure plus tard, Bonaparte paraît enfin : il est botté, mais ne porte point de sabre. Son maintien paraît aux Savoyards grave et froid. Il écoute en silence le préambule du général-baron de la Tour.
    — N’avez-vous pas copie des conditions que j’ai proposées au roi, répond Napoléon. Ces conditions ont-elles été acceptées par lui ?
    Les diplomates se plaignent alors de « la dureté de ces conditions ».
    — Depuis que je les ai offertes, reprend sèchement Bonaparte, j’ai pris Cherasco, j’ai pris Fossano, j’ai pris Alba. Je ne renchéris point sur mes premières demandes ; vous devriez me trouver modéré.
    — Nous craignons que Sa Majesté ne soit forcée peut-être vis-à-vis de ses alliés actuels, à quelques mesures contraires à la délicatesse et à la loyauté de ses principes.
    — À Dieu ne plaise que j’exige de vous rien de contraire aux lois de l’honneur !
    Beauregard, La Tour et Henry essayent alors de lui démontrer « le peu d’utilité qu’il retirerait de certaines concessions exigées, et particulièrement du passage sur le Pô à Valenza », Napoléon relève la tête et lance alors, avec « un peu d’aigreur », et en élevant le ton :
    — Ma République, en me confiant le commandement d’une armée, m’a cru assez de discernement pour juger de ce qui convient à ses intérêts, sans que j’aie à recourir aux conseils de mon ennemi.
    À une heure du matin, Bonaparte tire sa montre, et, voyant que la discussion se prolonge sans amener rien de décisif, tranche :
    — Messieurs, je vous préviens que l’attaque générale est ordonnée pour deux heures et que, si je n’ai pas la certitude que Coni sera remise dans mes mains avant la fin du jour, cette attaque ne sera pas différée d’un moment. Il pourra m’arriver de perdre des batailles, mais on ne me verra jamais perdre des minutes par confiance ou paresse.
    En trois mois, comme il a changé ! C’est en maître qu’il parle.
    Les plénipotentiaires doivent s’incliner. On se met avec rapidité à écrire les articles de l’accord, et le chevalier de Seyssel part au galop pour apporter au roi la nouvelle de l’armistice et obtenir la permission de remettre Coni et Tortone

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