Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
Vom Netzwerk:
enveloppa Haraldr comme une brise chaude sur du marbre frais et posa sur lui ses lèvres enfiévrées.
    * *
*
    Jean Chimachos, turmarque de la première brigade de l’armée thématique impériale d’Antioche, attendait tout seul dans le noir. Il regarda le visage couleur de perle de la lune se poser juste au-dessus de la crête lumineuse du mont Silpios. Il n’aimait pas ce côté de la montagne, avec Antioche cachée à l’ouest. Silpios était le grand bouclier naturel de la ville, et sur les pentes orientales de la montagne, il ne se sentait pas plus en sécurité qu’en se lançant à l’assaut avec son bouclier derrière le dos.
    Un grattement léger, Chimachos saisit le pommeau de son épée. Il se retourna vers les bras noueux du vieil arbre au tronc épais, isolé sur un pâturage jonché de rochers. Les paysans avaient attaché des talismans dans les branches. Des bouts de tissus, des clochettes, des vêtements entiers déchirés par le temps pendaient comme de la mousse. Pour apaiser le djinn de l’endroit, pensa Chimachos. Il regretta de ne pouvoir faire appel à un djinn ; les choses étaient tellement plus faciles quand il était encore simple komès à la tête d’une vanda. Il n’avait alors qu’à se soucier de combattre les Sarrasins. Et non à leur faire des livraisons dans la nuit hantée par les djinns.
    Chimachos regarda les sacs de cuir à ses pieds. Son stratège, Constantin, commandait l’armée d’une étrange manière. Toutes ces lettres, ces dépêches et ces missives scellées ! Depuis deux jours, par Théotokos ! quatre des chevaux les plus rapides de l’unité de liaison étaient devenus boiteux et un bon courrier se trouvait alité à l’hôpital de la brigade, traité avec des sels de Saint-Grégoire. De toute évidence, il se préparait quelque chose. Sinon pourquoi un turmarque se trouverait-il tout seul au milieu d’un pâturage maudit de Dieu comme celui-ci ? Mais le stratège qui avait ordonné ces choses étranges était très proche de la dignité impériale. Ce qu’il demandait était exécuté, et poser des questions aurait été une perte de temps.
    Parfait. Il entendit les sabots des chevaux. S’ils avaient voulu venir en douce, il les aurait d’abord vus, et à ce moment-là il aurait été trop tard pour prendre les chevaux sarrasins de vitesse. Bientôt, il aperçut les silhouettes sur une crête du côté de l’est. Quatre hommes seulement. Quatre chevaux noirs. « Pas plus que moi, se dit-il, ils ne doivent aimer cette nuit et cette mission. »
    Les chevaux hennirent, de la sueur brillait sur leur encolure et leurs flancs. Les robes noires de leurs cavaliers les dissimulaient entièrement, hormis leurs visages sombres. Des dents blanches, éclairées par la lune, brillèrent d’un éclat effrayant.
    — Oui ? demanda le visage noir au-dessus du plus grand des chevaux.
    — Oui, grogna le turmarque en tendant le premier sac.
    Les autres cavaliers s’avancèrent tour à tour. Quand le quatrième sac fut chargé, non sans peine, le cavalier qui avait parlé inclina la tête, éperonna son cheval, et précéda les autres au galop dans la nuit.
    Le turmarque retourna à son propre cheval et flatta doucement l’encolure de la bête. Le bruit des cavaliers s’estompa mais il distingua encore leur silhouette sur la crête. L’instant suivant ils avaient disparu. Une grande quantité d’or avait changé de mains mais le turmarque aurait juré que ce ne serait pourtant pas le dernier versement.
    Dans le noir, il sentit de la soie sur une joue ; quelque chose de plus léger et de presque aussi fin sur l’autre.
    — Ar-eld ? murmura-t-elle.
    La chevelure de la femme s’étendait au-dessus de lui comme un linceul. Elle se glissa sous lui, pareille à une loutre soyeuse, et le fit tourner sur le flanc. Il ne faisait pas noir, découvrit-il quand le linceul s’écarta. Son épieu de Freyja était aussi dur que l’acier trempé du pays des Huns. Puis la main de la femme le saisit.
    — Citron, murmura-t-il.
    Les cheveux noirs glissèrent le long de son torse piqueté d’or, comme ils avaient fait toute la nuit. Kristr ! Odin ! Et ce n’avait été que le prélude. La langue de Citron s’était montrée insatiable, on eût dit un oiseau de paradis capable de se nourrir seulement de cette façon. Odin ! Kristr ! Toutes les choses qu’elle avait faites avec cette langue, jamais il ne l’aurait imaginé. Et elle recommençait. Haraldr

Weitere Kostenlose Bücher