Byzance
soupçonne-t-il de comploter contre l’empereur.
Mar saisit Haraldr au collet et l’attira vers lui.
— Un homme qui prononce ces paroles est un homme mort, petit prince. Si j’avais une seule raison de vous croire capable de comploter contre notre Père l’empereur, je vous laisserais là avec cette ordure… Mais pourquoi Joannès soupçonnerait-il un complot de ce genre ? dit-il en repoussant Haraldr.
— Il a des raisons.
— De quel complot êtes-vous au courant ?
— J’ai des renseignements, dit Haraldr qui avait du mal à contrôler sa respiration. Ils ont leur prix.
— Que désirez-vous ?
— Nous possédons tous les deux le don d’Odin, répondit Haraldr d’un ton sombre. Je veux que vous juriez sur Odin, le père de tout, que mes hommes liges ne seront pas châtiés pour tout ce que j’ai pu faire. Faites à Odin le serment que si vous trahissez votre parole, il vous retirera sa faveur.
Haraldr savait qu’aucun homme ayant pénétré dans le monde de l’esprit et affronté sa bête ne pourrait rompre un tel serment. Le Christ pouvait pardonner à ceux qui rompent leurs serments, comme il avait pardonné à Judas, mais les dons d’Odin entraînaient l’obligation irrémissible de leur faire honneur.
Mar lança un coup de pied au cadavre et retira son poignard du dos de l’homme.
— Odin, déclara-t-il d’un ton différent de sa voix habituelle, je t’offre cet ennemi.
Puis il prit le poignard et le fit glisser sur son avant-bras.
— Odin, je t’offre mon sang si je brise ce serment.
Il baissa le bras et le sang glissa vers sa paume. Son regard devint soudain aussi féroce que sa voix.
— Que sais-tu ? demanda-t-il.
— L’impératrice m’a demandé d’assassiner son mari.
Les paroles jaillirent comme des vomissures, aussi amères que la mort. Mar se détourna de Haraldr et dut concentrer toute sa volonté pour ne pas éclater de rire.
* *
*
— Vous m’avez épuisée de plaisir.
— Vous êtes insatiable.
— C’est vrai. Venez ici, où je pourrai vous voir. Non, non… Je vous avertis, je ne peux plus supporter…
Zoé remonta ses cheveux mouillés, puis posa les doigts sur ses seins gonflés et frissonna.
— Tu es… excessif. Tu es…
Zoé fit courir ses mains sur son buste puis les posa sur ses hanches et enfonça ses ongles dans sa propre chair.
— Méchant… Tu es méchant !
Elle caressa la joue de son amant, puis appuya sa main contre son propre ventre et se caressa.
— Tu es un pécheur ! cria-t-elle soudain, en cambrant les reins, les dents serrées.
Son corps se raidit, puis s’effondra et elle haleta pendant un instant, la tête de côté, avant de se retourner vers son amant.
— Oh ! mon plaisir, est-ce que je t’ai blessé ? Oh non ! tu saignes du nez ? Viens ici, fais-moi voir.
— Pour paraphraser une maxime militaire, ce n’était pas la violence de l’attaque mais la surprise.
Zoé ne put retenir un rire de gorge.
— As-tu l’intention de contre-attaquer ? demanda-t-elle en glissant la main sur son érection. Tu es armé.
— Je croyais que vous trouviez mes attentions épuisantes.
— C’est la vérité, dit-elle en croisant les jambes. Est-ce que tu me vénères ?
— Oui.
— Et si je décrétais que tu ne devrais pas ?
— Je désobéirais, dit-il en glissant la main entre les cuisses de l’impératrice.
— Implore-moi.
Il lui embrassa les seins ; les mamelons se dressèrent et durcirent.
— Implore-moi. Implore la faveur de me vénérer. Implore ma chair nue.
— Amante, adoration, étoile du matin…
Zoé saisit le membre de son amant et serra fort.
— Cette fois, petit esclave, je prendrai ton essence. Mais il faut que tu demandes la permission. Comment vas-tu la demander ?
Elle écarta soudain les jambes.
— Là, laisse-moi faire.
— Oh ! lumière, adoration… Oh ! perfection… gémit-il.
Zoé fit courir ses ongles le long des flancs de Michel Kalaphatès.
— Quand le moment viendra, jureras-tu de mourir pour moi ?
— Je le ferai, dit Michel Kalaphatès d’une voix ivre. Mon amour, je le ferai.
— Oh ! toi… méchant !
* *
*
— Voici comment je comprends ce qui se prépare, dit Mar quand Haraldr eut terminé son récit.
Ils se trouvaient dans un vaste parc au sud-ouest du Forum de Constantin, entre des rangées de cyprès ; un bassin d’eau calme brillait faiblement à une centaine de coudées.
— Avant tout, vous devez
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