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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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hache, ce jour-là ? Comment saviez-vous que votre acte ne ferait pas tomber l’épée sur ma nuque ?
    — Je ne le savais pas.
    Peut-être ne le savait-il pas vraiment à l’instant de sa décision ; mais il avait compris plus tard que s’il n’avait pas tué le chef seldjouk à cet instant-là, probablement aucun d’eux, y compris Maria, n’aurait quitté le kastron en vie.
    — J’ai offert une réponse au destin, murmura-t-il, et j’ai laissé le destin déterminer la question.
    — Ou peut-être le destin vous avait-il déjà appris la réponse.
    — Vous voulez dire que ce qui se passe entre vous et moi a déjà été déterminé ?
    Elle le lâcha et s’écarta de quelques pas ; l’arête fine de son nez se releva de nouveau vers les étoiles.
    — Nous sommes, vous et moi, un instant où les étoiles se rencontrent. Vous êtes venu vers moi à travers le temps, votre venue était décidée avant que les premières étoiles ne se mettent en mouvement. Nous sommes liés l’un à l’autre, vôtre étoile et la mienne. Je le sais.
    Elle baissa la tête et le regarda ; ses yeux brillaient plus que toutes les autres lumières.
    * *
*
    — Nous sommes seuls, dit l’empereur. Assieds-toi à mes côtés.
    Joannès posa maladroitement son corps énorme et déformé sur le trône doré que son frère utilisait pour les audiences intimes. Le protocole exigeait néanmoins que personne ne s’assoie en présence de l’empereur, encore moins sur le trône à ses côtés. Mais les circonstances étaient inhabituelles.
    Joannès regarda les poignets enflés de son frère, ses joues boursouflées et ses yeux que le manque de sommeil cernait d’ombres. Une dégradation stupéfiante. Les humeurs qui s’étaient attaquées à son cerveau résidaient-elles dans les autres parties de son corps quand elles ne provoquaient pas des tempêtes de l’âme ?
    S’il en était ainsi, elles avaient commencé de détruire le corps dont elles étaient les hôtes.
    — N’est-il pas épuisant de se consacrer à tellement de monde ? dit Joannès.
    — Mais je dois servir mes enfants jusqu’à mon dernier soupir, répondit l’empereur.
    — Jamais ils n’ont eu un Père plus juste et dévoué que toi.
    — Ne laisse pas la modestie négliger ta propre contribution, mon très cher frère.
    — J’admets volontiers que j’ai essayé de te servir avec toutes les ressources dont je dispose.
    — Oui. Tu es mon Pierre, la pierre sur laquelle mon trône a été bâti.
    Joannès hésita, le temps d’évaluer l’occasion qui s’offrait, puis il parla :
    — J’ai beaucoup réfléchi à la façon dont ces fondements, auxquels je participe en quelque manière, devraient être renforcés.
    — Ah bon ? Dis-moi.
    La voix de l’empereur était sérieuse et pleine de sollicitude, comme si le simple fait d’écouter constituait déjà une faveur de sa part.
    — De même que le fils de Dieu a à la fois sa famille céleste et sa famille terrestre, de même Sa Main sur la terre a deux sortes de famille, spirituelle et charnelle. Il s’est occupé de sa famille spirituelle, et les résultats de ses vertueux efforts accroîtront sa gloire à la fois dans ce monde et dans l’autre. Mais il ne s’est pas occupé de sa famille charnelle avec la même diligence.
    L’expression de l’empereur passa de la curiosité manifeste à un entêtement insondable. Ses yeux sombres parurent soudain vitreux, impénétrables, comme s’il refusait d’admettre un mot de plus à ce sujet.
    — Quand un homme désire entraîner son bateau sur des eaux difficiles, dit enfin l’empereur, il le construit avec des planches robustes et bien rabotées. Il écarte le bois pourri.
    — Je suis sensible à tes… sentiments concernant nos frères.
    — Les gaffes de Constantin à Antioche ont failli me coûter le trône. Et Stéphane me coûtera la Sicile.
    Joannès commença à s’inquiéter. Son frère n’était pas un homme à prendre à la légère, même dans son état de santé. Si seulement Dieu avait pu leur offrir un autre moyen de placer le diadème impérial sur sa tête, il serait sans doute devenu le plus grand de tous les empereurs. Mais la culpabilité le rongeait comme une lèpre.
    — Il existe une autre menace à ton trône.
    — Je suis malade, je ne suis pas mourant. Avec l’aide du Pantocrator et le pardon de Dieu, mon mal se guérira. En attendant, je suis parfaitement compétent pour gouverner mes

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