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Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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Petit-Frère en se glissant vers une des fenêtres.
    Léger bruit au-dessous de nous.
    Petit-Frère poussa un hurlement et sauta par la fenêtre dont les éclats de vitre retombèrent avec fracas. La panique nous prenait, on se bousculait pour fuir. Heide jeta sa mitraillette qui s’était enrayée au cours de la chasse au fantôme. Arrivés dehors, nous vîmes que Stege manquait.
    – Il faut retourner le chercher, dit Alte, ce qui nous fit rentrer précipitamment dans la maison maudite.
    – Hugo, où es-tu ? – On gratta une allumette pour allumer une lampe à pétrole et dans la lumière tremblotante nous aperçûmes une haute silhouette en vêtements rayés.
    Alte fut le premier à retrouver ses esprits.
    – Hallo ! zébré !
    La misérable silhouette se redressa militairement, le regard rivé sur Alte et fit son rapport. – Herr Feldwebel, prisonnier N° 36 789  508, se signale comme ayant fui sa compagnie de travailleurs à la voie ferrée 4 356 Est.
    – Pas possible ! s’écria Porta. Il y en a d’autres comme toi, ici ?
    – Non, monsieur le soldat.
    – Cesse ces titres ridicules, dit Alte irrité.
    – Eh, eh ! fit Porta, je me sens flatté d’être gratifié d’un grade et de « monsieur ». Ça ne m’est encore jamais arrivé !
    Le vieil homme zébré regardait peureusement autour de lui ; il restait au garde-à-vous, au milieu de la pièce.
    – Assieds-toi, dit Porta, et il montra la table accueillante. Trouve un bout de pain et de la bidoche, avec un coup de jus.
    Le vieux prisonnier remuait les lèvres par saccades.
    – Monsieur le soldat d’état-major, le prisonnier N° 36 789 508 demande l’autorisation de dire quelque chose.
    – Crache, frère, grogna Petit-Frère.
    Le vieux resta muet. Il avait l’air de chercher ses mots, connaissant le danger terrible de dire quelque chose qui risquât de déplaire. Un mot de travers pouvait signifier la mort. Nous étions pour lui des ennemis malgré notre brassard à tête de mort, signe des divisions pénitentiaires.
    – Hé ! zébré ! que veux-tu nous chuchoter ? aboya Porta. Il avança comme un chat son doigt vers le visage gris du vieillard décharné où la saleté collait en croûtes brunâtres. L’homme laissait ses yeux las, injectés de sang, errer sur chacun des assassins légaux que nous étions.
    – Que veux-tu dire ? ricana Brandt le routier qui sentait toujours si mauvais. Il n’osait pas aller chez le dentiste et préférait endurer mille morts. Nous avions tout mis dans sa dent, depuis la poudre jusqu’au salpêtre en passant par des crottes d’oiseau.
    – Taisez-vous donc, imbéciles ! dit Alte. Vous l’abrutissez de questions idiotes. Ne voyez-vous pas qu’il est mort de peur ? Si vous vous regardiez dans une glace vous comprendriez pourquoi, le diable est beau en comparaison de vous !
    Il alla vers le vieil homme, lui passa le bras autour des épaules et lui dit à sa manière en se grattant un sourcil de la pointe de sa pipe :
    – N’aie pas peur, ami, nous sommes moins méchants que nous n’en avons l’air. Que veux-tu dire ?
    Le prisonnier respira profondément et regarda la petite silhouette trapue d’ouvrier honnête, avec la bonne figure barbue sous le casque noir. Leurs yeux se rencontrèrent, ceux du prisonnier si noirs, ceux d’Alte si clairs et bleus. Nous vîmes ces deux hommes tisser dans un simple regard un lien qui ne pourrait plus se rompre.
    – Herr Feldwebel, ce serait piller que de prendre quoi que ce soit ici ; je me suis caché trois jours, mais je n’ai rien pris.
    Alte secoua la tête en riant : – Oublie ces foutaises. Assieds-toi et mange. – Il se tourna vers Heide. – Trouve quelque chose à manger et grouille !
    Heide restait planté la bouche ouverte devant le prisonnier comme s’il avait vu quelque chose d’anormal. Petit-Frère se pencha vers lui.
    – Grouille, mouche à merde ! Sinon tu en recevras.
    Heide se ressaisit et bondit dans la cuisine. Alte continua : – Où as-tu dormi pendant ces trois jours ?
    – Par terre dans la cuisine, Herr Feldwebel, parce que j’ai des parasites et que je ne voulais pas salir ces lits tout propres.
    – Sainte Mère de Dieu ! cria Porta hilare. Si tout le monde était aussi délicat, la guerre serait un vrai plaisir !
    Heide revenait, les mains pleines de schnaps et de lard fumé. Il jeta le tout sur la table avec bruit. Stege avisa un livre sur une étagère et le tendit à

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