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Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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parader chez lui en uniforme nazi, vert avec têtes de mort d’argent ! Avec quel soin n’avait-il pas cousu le ruban noir aux lettres d’argent « Totenkopfverband » (Union de la Tête de Mort) sur le bras gauche. Il avait ri de tout son cœur devant la panique de sa mère lorsqu’il était apparu chez lui vêtu du redoutable uniforme.
    Il avait menacé son père d’incarcération lorsque celui-ci avait évoqué la justice de Dieu. Quelle joie de voir la racaille le regarder avec terreur !… Tous ceux qui avaient été impertinents le flattaient maintenant, à qui mieux mieux. Et quand ce cabaretier avait osé lui refuser du crédit, il avait jeté sur la table les marks crasseux et avait crié dans le lourd silence : – Tu viendras bientôt te traîner à mes pieds !
    Ça n’avait pas traîné… Un mot dans la boîte aux lettres du camp, celle qui n’était levée que par Eike, le chef S. S., avec le nom et l’adresse du cabaretier, et la mention « Traître à la patrie ». Trois semaines plus tard, le cabaretier était convoqué et, le même jour, suspendu au tréteau, il recevait dix coups de bastonnade. Ordure de cabaretier ! Il se fit prendre dans les barbelés, un jour de janvier 1938, et on l’enterra avec une cinquantaine de juifs qui venaient d’être pendus derrière l’écurie.
    Le jour où il arriva à Gross Rosen comme Unterscharführer fut un des plus beaux de sa vie. Il y pensait souvent avec émotion. On lui confia la garde des chiens. Il adorait ces chiens, mais le chef S. S. Hauptsturmführer Streicher était une buse. Parce que quelques-uns des traîtres à la patrie avaient été un peu mordus par ces chiens, Streicher avait fait des histoires. C’est entendu, il y en eut un qui mourut, mais quelle importance ? Il serait mort de toute façon. Un vieux schnock, ancien ministre de la République, qui s’évanouissait chaque fois qu’il recevait un coup de bâton…
    Le Hauptsturmführer Streicher demanda une enquête, et s’il n’y avait pas eu, en plus, l’histoire du « Hopla Hop ! » l’affaire eût été classée. Mais le « Hopla Hop ! » était peut-être un peu raide, Kraus se l’avouait volontiers, même à l’égard d’immondes traîtres à la patrie. C’était Steinmüller, l’Oberscharführer du bloc 7 qui l’avait inventé et le jeu comportait une douzaine de variantes.
    Par exemple, quelques prisonniers étaient amenés sur la grande place, derrière la bergerie ; on leur mettait une boîte sur la tête et on les menaçait du bâton si la boîte tombait. Les S. S. tiraient dans les boîtes, et il arrivait, naturellement, qu’un prisonnier reçût une balle dans la tête. Mais quel merveilleux exercice de tir, et que c’était amusant !
    On organisait aussi des courses par-dessus les feuillées, et on retirait la planche quand les types se trouvaient au milieu. C’était rigolo de les voir barboter dans leurs déjections ; certains mouraient étouffés, mais encore une fois, quelle importance ?
    Dieu qu’on s’amusait dans ce bataillon ! Il y avait beaucoup d’autres manières de jouer au « Hopla Hop ! », mais un jour, Steinmüller avait tout de même exagéré. Il avait attaché ensemble trois prisonniers tout nus à l’appareil de chauffage pour voir s’ils étaient courageux.
    Cet animal de Streicher le découvrit. Quelle histoire ! Si seulement on avait pu attraper le mouchard ! Mais Streicher, ce salopard, on finit par l’avoir. Il fut traduit en conseil de guerre pour avoir défendu des traîtres à la patrie, chassé des S. S. et muté dans l’aviation. On disait qu’il avait été descendu en Pologne.
    Après Gross Rosen, Ravensbrück. Rien que des femmes. Quelle époque ! Il y avait là un Stabsführer avec l’insigne du sang de 1923. C’était un voyeur. Ce qu’il pouvait inventer avec ces filles… A en devenir fou après ces séances ! Une des prisonnières, ancienne avocate, osa accuser les S. S. d’abus de pouvoir. On l’estropia avec un manche à balai, ensuite on lui sauta dessus de la hauteur de la table et elle fut écrasée comme une coquille d’œuf. Le commandant de Ravensbrück ne demanda pas d’enquête, lui au moins savait comment il fallait traiter ce genre de racaille. Que c’était amusant de fouetter ces femmes ! On en avait parfois mal dans tout le corps, mais une fois, tout avait failli tourner mal, parce qu’une de ces harpies, sous prétexte qu’elle était enceinte de Kraus,

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