Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
Vom Netzwerk:
trou qu’il occupait avec Stege et moi, et brandit son revolver dans la direction de Porta qui était étendu sur une saillie de rocher.
    – Tu es bien oublieux, mon garçon, mais je vais rafraîchir ta mémoire ! Tu te souviens des N. K. V. D. que nous avons descendus vers Bobrusk. As-tu oublié Petit-Frère et le légionnaire tranchant la gorge des volontaires de la mort à Kiev ? As-tu oublié les Bosniak et les femmes dans les sections de lanceurs de grenades. ? C’étaient tes amis peut-être ? Alors tu as une drôle de façon de les traiter ! Sans parler des fantassins de la cote 754, et des civils dans les égouts de Kharkov, et du personnel du pénitencier de Poltava. Tous des amis ? Dois-je continuer ? – Alte était rouge brique.
    – Ce que tu sais parler ! siffla Porta. Tu aurais dû être sacristain dans les troupes de choc du Sauveur !
    – Ferme ta sale gueule de Berlinois, ou je te descends sur place, hurla Alte exaspéré. – Il avait sa mitraillette à la hanche et visait Porta.
    Il y eut un silence. C’était la première fois que nous voyions Alte dans un pareil état ; en trois ans de vie commune ce n’était jamais arrivé. Médusés, nous regardions notre cher Alte, notre Wilhelm Bayer. Il respirait avec difficulté comme s’il était sur le point d’étouffer, puis il se remit à parler, bégayant.
    – Ce sont des bêtes, ces S. S., des assassins, c’est exact, ils méritent tout ce que vous pourrez leur faire. Si quelqu’un vous comprend, c’est bien moi.
    Il porta la main à sa gorge, s’assit sur le bord du trou et jeta un regard vers la montagne où nous entendions les S. S. chanter :
    So weit die braune Heide geht Gehört das alles mir ( Partout où s’étend la lande brune, tout cela est à moi ).
    – Mais avec l’assassinat on ne combat pas les tueries, ne l’oubliez jamais. – Sa voix était presque imperceptible. Porta voulut parler, mais Alte l’arrêta d’un geste.
    – Vous souvenez-vous du jour où vous avez tué ce chien de lieutenant à Lemberg ?
    Il nous regardait tous alternativement et son regard nous transperçait.
    – Vous souvenez-vous ?
    Personne ne répondit. Nous nous souvenions comme si c’était hier. Un lieutenant de la police du front fut tué un jour d’une balle dans la tête en pleine rue Pahlevi, à Lemberg. Au cours de la razzia qui suivit, on arrêta soixante personnes que l’on fusilla devant la maison où le lieutenant avait trouvé la mort. Parmi elles, il y avait dix-neuf enfants au-dessous de douze ans. Toutes les habitations du voisinage furent réduites en cendres. On abattit d’un coup de crosse une femme avec son nourrisson.
    – Le meurtrier de l’officier de police n’a-t-il pas regretté son acte ? acheva Alte à voix basse.
    Il jeta son casque qui roula au bas de la pente, puis continua joyeusement vers la vallée. Une quantité de graviers dégringolaient derrière lui.
    – Vous souvenez-vous de ces deux S. S. que vous avez poignardés à Stalino ? continua-t-il avec entêtement. La rançon fut le massacre des habitants de Brigadenhof. Et cette téléphoniste qui prétendait avoir été violée par des civils russes ? Trente femmes et enfants furent emmenés en esclavage dans les camps du Reich…
    Oui, nous nous souvenions. La téléphoniste avoua plus tard qu’elle n’avait pas été violée. C’était de la frime. On haussa les épaules et elle fut fourrée au violon dix jours pour s’être moquée de la police secrète, mais les enfants mouraient de faim dans le village, pendant que leurs mères crevaient de travail en Allemagne.
    Alte continuait les yeux fermés. Il citait exemple sur exemple. Porta battait des cils, Stege gémissait, Heide crachait, le légionnaire sifflotait « Viens, douce mort, viens… » Petit-Frère seul parut insensible.
    – Si vous massacrez ces S. S., continua Alte, faites-le en sachant que toute la population alentour en pâtira, et aussi les prisonniers, ajouta-t-il après un instant. Pour chaque fusillé vous serez responsables. Chaque balle dans la nuque sera la vôtre, et quand ce sera fini vous pourrez vous dire que vous êtes des assassins.
    Alte regarda de nouveau chacun de nous intensément et nous cria enfin :
    – Tirez maintenant, si vous l’osez ! Mais n’oubliez pas que chaque fois qu’un S. S. pousse le dernier soupir à cause de vous, vous tuez en même temps vingt civils et probablement des femmes et des enfants, des nourrissons,

Weitere Kostenlose Bücher