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Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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des écoliers, de pauvres petits affamés qui jouent en ce moment, sans se douter de rien. Tirez, mes gars ! Tirez et vengez le juif Gerhardt Sief qui ne voulait pas se coucher dans un lit pour ne pas le salir de ses poux. Il cracherait sur vous s’il voyait ce que vous allez faire. Voulez-vous le venger ? Alors, criez partout ce que vous avez vu ! Ne l’oubliez jamais. Quand tout le monde se vautrera dans le confort, après la guerre, clamez-le encore. Ce sera la vengeance pour les milliers de Gerhard qu’ils ont torturés.
    Le petit légionnaire se leva d’un air las : – Tu as raison, Alte, comme toujours. – Il jeta avec désespoir l’étui pesant du lance-flammes, le piétina et cria à voix rauque :
    – Qu’ils soient tous maudits ! Tout nous a été enlevé, la joie, la liberté, et le courage ne sert à rien. Quant aux armes, elles sont sûres de n’être employées qu’au service de ces ordures, même par nous autres, porcs en uniforme. – Il se jeta à terre, sortit son tapis de prière, ôta ses bottes, se prosterna vers l’est et pria longtemps. Muets, nous contemplions ce loup des montagnes berbères qui ne pouvait même pas mordre le couteau qui, lentement, nous assassinait.
    Nous nous redressâmes l’un après l’autre. Alte se mit à descendre et nous le suivîmes, le cœur lourd. Porta cracha, se colla son chapeau sur le crâne, balança son arme pesante sur son épaule et suivit lui aussi la petite silhouette trapue qui descendait sans se retourner vers la vallée.
    Les S. S. chantaient toujours. Nous serrions les poings de douleur et de rage. Heide gronda : – On les aurait tous eus ! Ça n’aurait pas pris cinq minutes.
    Alte trotta plus vite, nous suivions lourdement.
    La pente de la vallée s’adoucissait tout à fait lorsqu’une odeur suffocante nous parvint tout à coup, dévalant par-dessus la forêt. Nous nous arrêtâmes, stupéfaits d’apercevoir de gros rouleaux de fumée s’élever dans les arbres.
    – Qu’est-ce que ça peut bien être ? murmura Alte, songeur.
    – Ce doit être dans le bois, et pourtant ça paraît venir de plus loin, dit Porta.
    Il repoussa son chapeau : – Ce serait Katowitz, ça ne m’étonnerait pas, mais pourquoi diable est-ce que ça brûlerait ?
    Stege sortit sa carte et son compas : – C’est Tekolowitch qui brûle, annonça-t-il brièvement.
    Comme des fous, nous nous ruâmes sur la montagne, mais par les rochers, les alpages et les raccourcis. La sueur obscurcissait nos yeux. Avec un cri, le légionnaire montra le sud-est. Une nouvelle et épaisse fumée montait dans le ciel bleu.
    Stege reprit sa carte : – Cette fois, c’est Branowitch. Qu’est-ce que ça veut dire ?
    – Représailles, dit Alte. Mais pourquoi ?
    Brandt remonta le tuyau de poêle sur son épaule :
    – Faut y aller voir.
    Un nouvel incendie montait au sud.
    – Mais qu’est-ce qu’ils foutent ? cria Heide.
    – Représailles, répéta Alte. Un forcené a dû descendre un des gars à Himmler et maintenant la moitié du district paie cette histoire.
    Un chien descendait en aboyant. Porta le captura. C’était un grand bâtard de chien-loup comme ils en avaient ici dans la plupart des fermes, collier cassé et fourrure roussie. Le chien était fou de peur et de douleur.
    Alte tirait sur sa pipe, pensif, en regardant le chien.
    – Cette bête vient d’une des fermes de la montagne et pas des villages.
    Le légionnaire caressait la tête du chien : – Ça voudrait dire qu’ils liquident aussi les petites fermes ? Mais qu’est-ce qui a bien pu arriver ?
    Il se remit à vérifier très soigneusement son arme et, comme Alte faisait mine de continuer sa descente, il l’arrêta d’un geste. Posant son arme avec précaution, il se pencha vers l’est, s’assit en tailleur et demanda une cigarette.
    – Les gars, Alte nous a fait un grand sermon, dit-il, et nous avons été raisonnables parce qu’il y avait des raisons pour cela. Mais maintenant, tout flambe là-haut. Probablement que quelques collègues, de l’autre côté, ont été moins raisonnables. Alors je considère qu’il n’y a plus de raison de le rester.
    – La ferme, dit Alte. Rassemblez les armes, on s’en va.
    – Attends un peu qu’on voie ce que le nomade veut dire.
    Le légionnaire eut un rire mauvais. Ses yeux luisaient d’une haine fanatique.
    – Par Allah ! Allons tuer ces S. S.
    – Non, dit Alte.
    – Les chiens enragés, on les tue ! hurla le

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