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Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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de ne pas déranger le pli de son pantalon.
    – Ce monsieur me menace des tribunaux et du front, dit le garçon indigné.
    – Comment ? grogna Pautre en approchant son visage brutal de celui de Paul qui fumait, indifférent. Cet homme est un de mes amis, je tiens à vous prévenir. C’est vous qui irez vers l’Est si quelqu’un doit y aller. Vos papiers ?
    Bielert eut un mauvais sourire. L’œil vivant, tel celui d’un reptile qui fascine sa victime, lança des éclairs. Lentement, il porta la main à sa poche et en retira une carte d’identité qu’avec deux doigts il plaça sous le nez du nazi. L’homme, stupéfait, vit la carte rouge de la Gestapo et lut le grade : S. S. Standartenführer und Kriminalrat R  S. A. Il se mit au garde-à-vous.
    Paul Bielert laissa errer son regard du nazi au serveur.
    – Demain, 10 h 15, bureau 338, quartier général Karl Muck Platz. Nous mettrons au point le voyage de ces messieurs vers l’Est.
    Il leur fit un signe de tête protecteur et continua sa conversation avec Elsebeth. On l’entendit proférer : – Quand je trouve des embusqués, je les expédie en vitesse.
    – As-tu jamais été au front ? demanda-t-elle doucement.
    – Non, pas au front auquel tu penses, mais sur un autre, dit Bielert d’une voix coupante. Adolf Hitler – il se redressa encore – a besoin de gens qui fassent marcher la machine, de gens sans pitié pour les traîtres, les défaitistes, et qui protègent de cette peste l’héroïque peuple allemand. Ne crois pas que notre travail soit une sinécure, ma fille. Il nous faut être durs, durs comme l’acier de Krupp, ne rien connaître d’une sensiblerie enfantine. Crois-moi, je ne sais pas ce qu’est un cœur.
    Elle le regarda : – Je te crois.
    Pendant ce temps, l’homme du Parti, fou de rage, couvrait d’injures le malheureux serveur.
    – Crétin ! Tu m’as mis dans de jolis draps. Même un imbécile comme toi pouvait voir qu’il pue la Stapo à dix mètres ! Mais tant pis pour toi, j’ai fini de me mouiller pour des gens de ton espèce !
    Il appela le directeur et lui chuchota quelque chose à l’oreille en désignant le garçon livide. Dix minutes plus tard ce dernier rassemblait ses affaires et quittait le luxueux paradis par le petit escalier de fer. La porte d’acier se referma sur lui avec un bruit sinistre.
    Dehors, une lumière aveuglante… Hambourg brûlait, te garçon se coucha derrière un muret. Il pleurait, il sanglotait, son cœur lui faisait mal, les larmes coulaient le long de ses joues à la pensée du paradis perdu.
    Six semaines plus tard, le soldat Théo Huber se trouvait dans une hutte russe et fumait une cigarette de machorka qu’il venait de rouler lui-même d’une main lasse en bavardant avec des paysans. Ils buvaient de la vodka et jouaient aux cartes. Le plus jeune des soldats, un gamin de dix-sept ans, lutinait une fille de ferme ; on riait ; personne n’avait encore vu le front, tous étant arrivés la veille pour boucher des trous. Soudain, les orgues de Staline firent trembler la nuit, grondant comme un fauve blessé.
    Tous dans la hutte se raidirent et regardèrent vers la petite fenêtre sale, tout là-haut. Puis on entendit une explosion terrible.
    – Pretsmjartnuj tschas, chuchota la fille russe qui jouait avec le soldat de dix-sept ans.
    Dans la hutte parvint le hurlement de l’orgue, un ouragan arracha le plafond, une vapeur empoisonnée les paralysa tous. C’était fini.
    Le gosse de dix-sept ans fut projeté en l’air et empalé sur la pointe d’un arbre déchiqueté. Il tourna deux fois comme une hélice, agita les bras et mourut dans un long cri, perçant. L’ex-serveur Théo Huber, jeté contre une poutre, fixait l’obscurité de ses yeux. Des deux mains il comprimait son ventre où un morceau d’acier de la taille d’une soucoupe se trouvait planté. Il émit une plainte infinie et attira vers lui une jambe arrachée pour y poser sa tête. La maison s’effondra tout à fait. Un violent frisson le parcourut, ses bras devinrent lourds. Tout doucement il mourut, presque fou de douleur.
    A Hambourg, sous Baumwall, ils continuèrent à danser et le garçon ne manqua à personne, mais le « chercheur de héros » ne s’arrêta pas pour autant. Il avait l’œil partout, fouillait les hôpitaux, les bataillons de surveillants, les unités de police, les fabriques, les bureaux. Invalides, vieillards, gamins, tous tombaient dans son filet.
    – En avant,

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