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Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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saisit l’épaule du géant et dit fermement : – Viens, Petit-Frère, allons boire un bock.
    – Tu paies la tournée ? dit le géant tout content.
    Le légionnaire acquiesça et l’entraîna.
    – Dois-je le tuer ? demanda innocemment Petit-Frère à voix basse en montrant Georg écroulé sur son lit qui sanglotait sans se rendre compte de rien.
    Stein et moi l’encadrâmes aussitôt et il consentit facilement à sortir. A notre retour, quelques heures plus tard, la salle était calme. Georg se trouvait chez les infirmières et aidait une élève à rouler des bandes. Tous deux riaient, très gais ; nous les entendions du couloir. Bauer s’étendit sur son lit et murmura : – Je le fais ce soir, il le faut.
    Le légionnaire hocha la tête : – Le plus tôt sera le mieux.
    Nous nous mîmes ouvertement à boire comme nous le faisions toujours, sans nous soucier de l’interdiction, pendant que Petit-Frère montait chez Emma. La soirée s’avançait, nous étions très ivres. Tout à coup, l’infirmière-major surgit, sans uniforme, drapée dans une robe de chambre vert vif. Un spectacle inouï !
    Silencieuse comme un chat, elle alla vers Bauer, tendit la main et chuchota :
    – Donne-le-moi.
    Bauer eut un air effaré : – Que voulez-vous dire ?
    Elle se pencha sur lui et souffla pour ne pas réveiller la salle : – Tu le sais bien, donne,
    Bauer se redressa et la regarda incompréhensif : – Je ne comprends pas.
    – Ah ! tu ne comprends pas. Eh bien, tu peux t’estimer heureux que ce soit moi qui sois là et pas la police.
    Elle fourragea sous l’oreiller de notre camarade, extirpa le couteau et le cacha sous sa robe de chambre. Puis elle sortit sans regarder personne.
    Le légionnaire bondit : – C’est cet âne de Petit-Frère qui a bavardé !
    – Que faire ? demanda Bauer avec désespoir.
    – Qu’est-ce qui se passe ? dit une voix dans le noir.
    Personne ne répondit. Tard dans la matinée, Petit-Frère réapparut, de merveilleuse humeur et parlant très fort.  Le légionnaire s’en empara, ils chuchotèrent, sortirent et allèrent continuer l’entretien aux toilettes. A leur retour, Petit-Frère se montra presque sobre, silencieux et même un peu déprimé.
    I, e légionnaire se jeta sur son lit et fuma. Il ne dit pas un mot et fit semblant de ne pas comprendre nos signes interrogateurs. La matinée continua comme à l’ordinaire par la visité médicale, docteur Mahler en tête. L’infirmière-major était d’une raideur réglementaire ; rien sur son visage ne trahissait ce qui s’était passé cette nuit-là. Un artilleur amputé du pied, nouvellement arrivé, se mit à rire bêtement quand le docteur Mahler hu demanda comment il se sentait.
    – Bien, monsieur le boucher en chef, magnifique ! J’ai été chez les filles boire du cognac. Signalez que je me sens diablement bien, monsieur le boucher ! Filez, boucher du champ de bataille !
    Tout le monde sursauta et attendit une explosion, mais le docteur regarda un instant l’artilleur et lui frappa sur l’épaule.
    – Tant mieux, Fischer, je voudrais que nous puissions tous en dire autant.
    Le légionnaire me regarda et se frappa le front du doigt. L’infirmière-major sortit la dernière et juste avant de passer la porte, elle se retourna et ses yeux rencontrèrent ceux, du légionnaire. Ils se comprenaient ces deux-là, le dur soldat et la femme non moins dure, l’un maigre et desséché, l’autre obèse, toute bouffie. La porte se referma d’un claquement sec. Le petit Georg se leva et se mit à fouiller dans son sac. Nous le vîmes lever la tête d’un air étonné, ses yeux cherchèrent quelque chose… il regarda de nouveau dans le sac, puis, comme s’il prenait une résolution subite, il le ficela rapidement, le repoussa sous le lit, poussa un cri perçant et sortit de la pièce comme un fou.
    – Qu’est-ce qu’il a ? demanda le légionnaire à Bauer.
    – Comprends pas. Cinglé aussi celui-là.
    – Ils tournent et tournent et t’écrasent ! cria l’artilleur Fischer en éclatant d’un rire de dément. Ils t’écrasent tout doucement… Ils écrasent tes os… Hurrah, camarades, en avant ! Au combat ! On est les blindés, les cochons, la chair à canon la plus bête du monde ! – Il se mit encore à rire frénétiquement.
    – Ta gueule ! hurla le Prussien de l’Est qui avait le ventre perforé.
    Fischer le regarda poliment, claqua des talons et hennit d’un ton de

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