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Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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grenade.
    Derrière lui, le Gros arrivé avec le ravitaillement aperçut Petit-Frère assis sur le talus et se bourrant de biscuits. Il devint cramoisi.
    – Te voilà, espèce d’apache ! Ah ! ah ! Si j’apprends qu’il y a un seul biscuit volé, je ne donne pas cher de ta peau ! Et ce sera le plus beau jour de ma vie.
    – Oui, mon adjudant, dit Petit-Frère les talons joints, mais sans se lever.
    – Où as-tu pris ces biscuits ? insista l’autre.
    De nouveau Petit-Frère claqua ses talons sans bouger.
    – D’une putain à Dubrasna, mon adjudant. Elle me les a envoyés par cosaque spécial.
    Le sous-officier gronda, mais il se sentit subitement mal à l’aise sous le  regard du lieutenant-colonel Hinka. Si l’idée venait à ce singe d’officier de lui donner le commandement de la patrouille… Le Gros en frémissait déjà. Hitler, au moins, c’était un sous-officier, ni plus ni moins, et il se chargeait d’envoyer au poteau tous ces faisans dorés… Le Gros se mit à rire tout haut à l’idée des généraux au garde-à-vous devant un sous-officier. Le lieutenant-colonel Hinka le regarda avec étonnement et lui demanda ce qu’il trouvait si drôle. Le Gros vacilla.
    – Je pensais à quelque chose, mon colonel.
    – Vraiment ? dit Hinka. Peut-être à une troupe de choc que vous aimeriez commander ?
    – Il en ch… d’avance dans ses culottes, rigola Petit-Frère.
    Hinka regarda sévèrement le géant.
    – Vous, taisez-vous avec vos expressions ordurières. L’adjudant est votre supérieur, ne l’oubliez pas.
    Petit-Frère sauta sur ses pieds et claqua des talons.
    – Oui, mon colonel, je ne l’oublie jamais, mais j’aimerais pouvoir le faire.
    Hinka avait du mal à garder son sérieux, mais il parvint à murmurer :
    – Faites donc attention !
    – Prêt Beier ? chuchota Ohlsen avec une petite tape sur l’épaule d’Alte.
    Petit-Frère s’avança en tenant son MG devant lui comme une pelle, ce qui fit hocher la tête au colonel Hinka, mais il renonça à discuter règlement avec une pareille tête de bois.
    – Tiens tes outils de façon qu’ils ne s’entrechoquent pas, dit Alte. Et surveillez-vous les uns les autres pour que personne ne disparaisse…
    Nous nous laissâmes rouler de l’autre côté du talus vers le no man’s land et les positions russes. Nous nous faufilions sans bruit, le long de l’étroit sentier entre les champs de mine, glissant comme des panthères au travers des barbelés, dans l’obscurité qui s’étendait devant nous comme un mur de velours. Le légionnaire et moi-même rampions juste derrière Alte ; ensuite venaient Petit-Frère et Porta ; Heide avait le petit sac contenant les grenades à main liées ensemble pour faire sauter les abris. Il soufflait bruyamment comme toujours lorsqu’il avait peur.
    Un silence de mauvais augure" nous entourait ; la terre respirait, l’humidité montait des marais, ça sentait le bois brûlé. Nous avions l’impression d’être seuls au monde… la mort guettait de partout.
    Alte redressa sans bruit son lourd barda et vérifia sa mitraillette. Petit-Frère voulut allumer une cigarette.
    – Imbécile ! chuchota le légionnaire. Tu as envie de nous faire tuer !
    – Taisez-vous donc ! souffla Alte nerveusement.
    Bauer appuya sa tête contre le sac de grenades :
    – Ça n’ira pas bien ; dit-il pessimiste.
    Couchés les uns contre les autres, nous regardions au-delà d’un monticule les positions russes désagréablement proches. En avançant la main nous pouvions toucher le champ de mines ennemi.
    Petit-Frère mit sa mitrailleuse sur son trépied et regarda Alte.
    – Et comment va-t-on traverser ça ?
    Le légionnaire se mordit les lèvres : – Nous sauterons avant de dire ouf ! – Un bruit nous parvint… un léger cliquetis. Chacun de nos muscles se durcit. Porta souffla : – Voyez à gauche.
    Nouveau cliquetis.
    – Job twojemadj.
    – Ivan en personne, dit paisiblement Petit-Frère.
    Alte lui allongea un coup de pied furieux. Nous retenions nos respirations… Porta, dont les yeux luisaient dans le noir, tira son couteau de tranchées. On entendit un rire dans le noir, puis quatre silhouettes apparurent à quelques mètres de nous. Il n’y avait qu’à tendre la main pour faire des prisonniers… rien ne paraissait plus simple.
    – Allons-y ! chuchota Alte.
    Silencieux comme des chats nous rampâmes vers les quatre silhouettes qui ne se doutaient

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