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Camarades de front

Camarades de front

Titel: Camarades de front Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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légionnaire sourit, sarcastique : – Il y a beau temps que les Russes en ont pris de la graine !
    Le lieutenant mit un bras autour des épaules d’Alte :
    – Il vaut mieux croire que ce sont les partisans. Ces salopards auront réussi à s’enfuir et seront tombés entre leurs mains.
    Alte hocha la tête : – Ce que les hommes peuvent être ! murmura-t-il. – Et comme Petit-Frère criait à tue-tête, il bondit et le prit au collet : – Si tu ouvres encore la bouche, je te descends !
    Le légionnaire continuait à jouer avec son couteau en regardant la scène du coin de l’œil. Il prononça, les lèvres serrées : – Ces ordures ne méritaient pas mieux. C’est la guerre.
    Alte se retourna d’un bloc : – Vraiment ?
    Le légionnaire acquiesça de la tête : – Oui, et je crois aussi que tu devrais faire une cure pour les nerfs quand nous serons de retour.
    Alte eut un rire las et regarda le lieutenant :
    – Pas mauvaise, ton idée : enfermer les gens normaux et laisser courir les tueurs !
    Avec la rapidité de l’éclair, on vit le couteau du légionnaire qui s’enfonça en vibrant dans l’arbre juste au-dessus des têtes d’Alte et du lieutenant.
    – J’avais cru voir un écureuil, dit en souriant le petit homme.
    – Heureusement que tes mains ne tremblent pas, coupa sèchement Alte, sinon, c’est ta conscience qui aurait eu à le faire.
    Nous revînmes lentement vers le char pour terminer les préparatifs de départ, et vers la fin de la journée il y eut une nouvelle halte au bord d’une rivière profonde. Petit-Frère s’approcha discrètement de l’eau et Alte le vit y jeter son lacet d’acier, mais il se garda de rien dire. Le légionnaire se mit à rire, pendant que le Gros, assis sur un tronc d’arbre, recommençait à jurer. Il avait mal à la tête et n’arrivait pas à comprendre comment trois prisonniers ligotés étaient arrivés à se libérer et à l’assommer, lui, un hauptfeldwebel d’activé !
     – Je n’y pige rien ! Je regardais ces trois merdeux et mon crâne a explosé !
    – C’est sûrement un des partisans, insinua Petit-Frère conciliant, en tâtant la bosse du malheureux qui était bien grosse comme un œuf de poule.
    – Et il connaissait son affaire, renchérit Porta en caressant la tête du gros sous-officier.
    La nuit tombait. Il s’agissait maintenant de passer la rivière avec deux d’entre nous, le Gros et Trepka, qui ne savaient pas nager.
    – Reste près de moi, je te passerai, offrit Petit-Frère à Trepka.
    – Et qui m’aidera, moi ? gémit le Gros.
    Il y eut un rire homérique lorsque Porta lui proposa de rester de ce côté-ci du fleuve. L’obscurité s’épaississait rapidement. Tout à coup, un coup de feu claqua ; c’était celui d’une carabine 98. On se précipita : à quelque distance de nous, en bordure du bois, gisait Maria, la tête fracassée. Elle avait mis le canon de la carabine dans sa bouche et avait appuyé sur la détente avec son orteil. Petit-Frère marmonna quelque chose où perçait une rancune masculine et donna un coup de pied rageur à une liane qui entortillait sa cheville. Ce détail le mit tout à fait en colère et la pauvre Maria n’eut pas d’autre oraison funèbre.
    Au milieu de la nuit, nous traversâmes le fleuve à la page. Trepka faillit bel et bien se noyer et ne dut son salut qu’à Petit-Frère, ce qui leur fit oublier complètement la fameuse dénonciation. Quant au Gros qui soufflait de peur, il s’accrochait à  Heide et à Porta.
    Auparavant nous avions basculé le blindé Russe dans un marais, non loin du fleuve. Il servait de tombe à Maria.
    Toute la bande l’avait accompagné à la gare. La petite Volskwagen faite pour quatre personnes manquait s’effondrer sous ses dix occupants.
    Sur le capot, étaient juchés Heide et Petit-Frère que nous perdîmes deux fois en route. En cette importante occasion tous tutoyaient le lieutenant.
    Le train partit et nous restâmes à faire des signes d’adieu jusqu’à ce que le dernier nuage de fumée ait disparu. Le lieutenant Ohlsen accoudé à la fenêtre, rêvait. Il ne voyait pas les arbres brûlés, les ruines, les épaves des voitures, les locomotives démolies jetées contre le remblai. Il ne voyait qu’Inge et Gunni. Son cœur éclatait du bonheur de les retrouver. C’étaient Inge et Gunni qui chantaient dans les roues… Il voyait le chaud sourire d’Inge, ses yeux rieurs ; il entendait déjà la

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