Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
une majorité de
bruns, et il faut bien avouer que l’idée de blancheur et de blondeur n’est qu’un
qualificatif moral devenu ethnique. L’exemple le plus caractéristique est celui
du héros irlandais Finn, roi des Fiana : son véritable nom est
Demné, c’est-à-dire le « Daim ». Et ce n’est qu’à partir du moment de
son initiation qu’il est surnommé Finn, autrement dit, « beau »,
« blanc », « blond », « racé », « sacré ».
Ce mot celtique devait appartenir au vocabulaire indo-européen,
puisqu’on le retrouve dans certains mots latins très anciens, en particulier
dans des noms propres comme celui de Vénus, l’équivalent de l’Aphrodite grecque.
Vénus, littéralement, c’est la Belle, la Blonde, la Racée, la Blanche, la
Sacrée. N’oublions pas que Vénus naît d’une vague de la mer, dans toute la
pureté et la beauté de la lumière qui se reflète sur les eaux. Ce n’est certes
pas pour rien que, dans le mythe de fondation de l’Atlantide, Poséidon épouse
Clito. Car Clito, c’est la « superbe », la « Belle ». Le
sens devient très clair : il s’agit d’un hiérogame entre la Beauté et la
force profonde représentée par Poséidon. Car ce dieu, dont les Latins ont fait
Neptune, n’est pas un dieu marin à l’origine : il est le dieu du vent, des
tempêtes et des tremblements de terre. C’est l’animateur de la vie profonde. Et
il est significatif que l’Atlantide, fondée par le dieu des tremblements de
terre, soit détruite précisément par un cataclysme dans lequel intervient un
tremblement de terre. Il est probable que l’Atlantide avait, sur un plan
symbolique et métaphysique, trahi sa mission qui était de répandre la Beauté, celle-ci
étant représentée par Clito et ses descendants. Et il est tout aussi
significatif que Carnac soit une zone de tremblements de terre : les
menhirs des alignements ne sont-ils pas là comme des sortes de verrous placés
sur le sol pour réduire ou éviter les tremblements de terre ? Il y a un
lien entre Poséidon et les pierres levées, entre Clito, déesse tellurique de la
Beauté, et les grands tertres mégalithiques. Du reste, Poséidon a construit
pour elle, au centre même de l’île Atlantide, une demeure entourée de trois
fossés qui évoque un de ces tertres mégalithiques dont les Celtes feront plus
tard la demeure des fées. Tout se tient, tout est limpide dans les récits
mythologiques. Et ils correspondent toujours à une réalité devenue impalpable, mais
qui conserve au fond d’elle-même sa force et sa grandeur.
Ainsi donc, les Vénètes – et donc les Vénitiens, comme les
gens de Gwynedd, et comme les Fiana d’Irlande sont des peuples voués à
la beauté et au sacré. Ils ont conservé de leurs ancêtres ces notions de
blancheur, c’est-à-dire de pureté. Sans tomber dans un racisme qui en deviendrait
ridicule, disons que les Vénètes se prétendent les dépositaires d’un message
qui provient de la nuit des temps, du temps où leur déesse superbe épousait
la force profonde représentée par Poséidon. Il n’est peut-être pas
inutile de remarquer que les longues chevelures, qui sont peut-être également
les vagues de la mer, représentées dans les pétroglyphes du monument de
Gavrinis, évoquent parfois la crinière des chevaux. Et l’on sait que Poséidon
est aussi le dieu des chevaux, celui qui dompte les coursiers de la terre comme
il dompte les chevaux de mer qui, selon un poème irlandais, « brillent à l’été »,
c’est-à-dire les courbures infinies des vagues sur l’océan.
Les Vénètes sont des marins, de hardis navigateurs, comme l’étaient
les Atlantes. Poséidon, de dieu des forces profondes, est devenu le dieu des
forces visibles mais néanmoins inquiétantes, celles de la mer. Il est celui qui
règle les marées, qui protège les navigateurs dans leurs courses harassantes
sur les crêtes des vagues d’où naîtra Vénus, dont la chevelure évoque des
coursiers haletants sur des rivages infinis. Le temple de Poséidon, qui se
trouvait, dit-on, au centre de l’île Atlantide, est sans doute englouti dans
l’océan comme l’est la ville d’Is. Mais le culte d’un dieu protecteur des peuples
maritimes contre les assauts de la mer se maintient.
À ce sujet, il existe une information qu’on ne divulgue pas
assez souvent et qui doit pourtant retenir toute notre attention. Diodore de
Sicile (IV, 56) rapporte, d’après Timée, lequel a
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