Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
l’équivalent d’une aiguille sur un point
d’acupuncture. Ce n’est évidemment qu’une hypothèse parmi tant d’autres, mais
elle n’est pas absurde. Le malheur, c’est que tout est faussé dans le système
mis en place par les constructeurs de mégalithes parce que, au cours des
siècles, de nombreux monuments ont été détruits, et parfois même déplacés
inconsidérément : si l’on admet que les menhirs aient pu jouer une sorte
de rôle thérapeutique, on doit admettre que leur destruction a entraîné une
perturbation dans cette tentative de rééquilibrage. Il en est de même lorsqu’on
restaure certains dolmens en coulant des dalles de béton qui, si elles
consolident effectivement l’édifice, ne peuvent que faire écran dans un système
délicat et complexe.
Quoi qu’il en soit, l’étonnement suscité par les imposants
vestiges des alignements de Carnac a tendance à faire oublier qu’il y a eu d’autres
champs de menhirs dans la péninsule armoricaine, et que ceux-ci, sans avoir l’importance
exceptionnelle de Carnac, peuvent très bien avoir été grandioses. La nécessité
de trouver des pierres pour la construction des habitations, les intempéries, le
souci qu’ont toujours eu les cultivateurs de
débarrasser leurs terrains de tout ce qui l’encombrait, à plus forte raison des
pierres qui n’avaient pour eux plus grande signification, tout cela a fait que
beaucoup d’alignements ont disparu complètement, quelques-uns ne subsistant
plus guère que par quelques « épaves ». Si les alignements de Carnac
sont restés aussi spectaculaires, c’est qu’ils se trouvent sur un terrain
relativement maigre et pauvre, et où ils ne pouvaient nuire à l’agriculture.
À une vingtaine de kilomètres au nord de Carnac, dans la
forêt de Floranges, le long de l’ancienne voie romaine dite Hent-Kornevek, une
file de menhirs parfaitement repérable, bien que la plupart des blocs soient
maintenant couchés, subsiste et laisse à penser qu’il y en avait d’autres aux
alentours. D’ailleurs, de Camors à Saint-Gravé, vers le confluent de l’Oust et
de la Vilaine, sur la longue crête granitique des landes de Lanvaux, ainsi qu’un
peu plus au nord, sur la crête parallèle des terrains primaires qui va de
Sérent à la Gacilly, de nombreux mégalithes dispersés sont les vestiges d’alignements
très évidents qui ont été utilisés comme carrières au cours des siècles. Dans
la commune de Moustoirac, en dehors du menhir isolé de Kermarquer, en plein
champ, qui comporte des crosses gravées en relief, on découvre de nombreux
mégalithes tout autour du village de Kerhéro. Tout cela donne l’impression d’un
ensemble organisé, très cohérent et d’une assez grande importance.
On compte environ une centaine d’alignements dits simples, c’est-à-dire
comportant une seule file, dans toute la péninsule armoricaine. La difficulté
de leur repérage tient au fait que certains des blocs ont disparu ou ont été
couchés sur le sol avant de s’enfouir sous la végétation et la terre végétale. Il
faut aussi se méfier de toute interprétation abusive. Deux pierres levées
forment fatalement une ligne droite, mais il est nécessaire de trouver au moins
trois menhirs sur la même ligne droite pour conclure qu’il s’agit d’une file. En
tout cas, on a remarqué que, lorsqu’il y a effectivement une file, l’écartement
des menhirs est seulement de quelques mètres, ce qui distingue cet ensemble d’un
système possible entre des menhirs isolés et séparés par une longue distance. On
a également constaté que lorsque l’intention était de former une véritable file,
la section horizontale la plus grande des blocs se trouvait toujours orientée
dans le sens de l’alignement.
Il est impossible de citer tous les alignements ainsi
répertoriés. Mais il y a des exemples bien précis et tout à fait remarquables. À
Médréac, dans les Côtes-du-Nord, mais à la limite de l’Ille-et-Vilaine, l’ensemble
du Lampouy s’étend sur une vaste surface, entre le menhir dit de la Pierre
Carrée, qui mesure cinq mètres de haut, près du village du Chenot, jusqu’au
menhir de la Roche Longue, au-delà de la frontière départementale, sur le territoire
de Guitté. Cet ensemble mégalithique du Grand et du Petit Lampouy comprend
environ 60 blocs en sept groupes, avec sept menhirs encore debout. Les files
sont orientées du nord-ouest au sud-est. Dans la forêt de
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