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Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Titel: Carnac ou l'énigme de l'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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la connaissons. Et comme les dieux ne font que
recouvrir des fonctions divines socialisées, il était nécessaire que les
populations autochtones continuent à avoir leurs propres dieux fonctionnels. Kernunnos
a été l’un de ceux-là. Le problème est de savoir si ce personnage existait avant
l’arrivée des Celtes conquérants ou si ce sont les Celtes qui l’ont imposé à
leurs « producteurs ». Nous avons dit que le nom pouvait être
indo-européen. Mais il peut aussi être pré-indo-européen et n’avoir de rapports
avec la corne ou avec l’idée de croissance que par suite d’une rencontre
homophonique. En l’occurrence, il n’est pas possible d’éviter le rapprochement
entre Kernunnos (et Kornéli) et le nom de Carnac. Et si Carnac provient d’un
terme très ancien désignant les tertres funéraires (le cairn), Kernunnos
pourrait très bien être considéré comme la divinité des Tertres, et, dans ce
cas, le personnage pourrait remonter à l’époque mégalithique.
    L’élément le plus important paraît être la corne, celle-ci
ayant acquis au cours des millénaires différentes significations symboliques
liées à la puissance, au renouvellement et, en définitive, à la croissance. Il
n’est pas inutile de se référer à tous les pétroglyphes qui présentent des
signes en U et des « cornes de béliers ». Ceux-ci sont
particulièrement abondants dans les dolmens de Locmariaquer, autrement dit dans
l’aire mégalithique de Carnac, et on en trouve ailleurs, y compris en Irlande, mêlés
à d’autres signes qui font penser au rayonnement solaire, donc à une idée de
fécondité. Il faut aussi songer que, dans certains cas, les cornes tombent et
se renouvellent, comme pour les cervidés : cette réalité en quelque sorte
biologique prend valeur de symbole et devient souvent un véritable rite de renouvellement
de la fécondité.
    Paradoxalement, cette idée se retrouve dans les cornes du
cocu. C’est une croyance populaire bien établie que tout mari cocu porte
des cornes, mais personne n’est capable d’expliquer l’origine de cette croyance.
Il est vrai que celle-ci se perd dans la nuit des temps et qu’il ne nous en
reste plus que l’image, d’autant plus que l’image se teinte d’une certaine
vulgarité. Pourtant, si l’on se réfère à des mythes bien connus comme ceux du
roi Mark ou du roi Arthur, on peut facilement comprendre la signification des
cornes du cocu, non pas comme symbole de honte et de déshonneur, mais comme
symbole de puissance et de renouvellement.
    En effet, si l’on prend l’exemple du roi Arthur, on ne peut
qu’être frappé par le fait qu’il s’agit d’un roi incapable par lui-même de
procurer la prospérité et la sécurité à son royaume. Par définition, pour
assumer sa fonction royale, il a besoin de ses chevaliers. Il n’est rien sans
eux. Et, dans le déroulement de l’épopée arthurienne, on s’aperçoit que le
royaume d’Arthur, et l’institution de la Table Ronde qui le schématise, ne
peuvent tenir que par la participation de Lancelot du Lac, l’amant de la reine,
celui qui cocufie le roi. À partir du moment où Lancelot se retire, le royaume va
à sa perte. D’ailleurs, si l’on en croit le texte du roman en prose du XIII e  siècle,
Arthur le sait très bien : lorsque Lancelot se présente pour la première
fois à la cour, le roi remarque sa valeur et veut se l’attacher ; et il
dit clairement à la reine Guenièvre de tout entreprendre pour retenir ce
guerrier hors pair. Est-ce que par hasard la fonction principale du roi serait
d’être cocu ? On serait tenté de le croire. Mais la réalité concerne
beaucoup plus le plan symbolique que le plan sexuel ou sentimental.
    En effet, si l’on compare l’aventure arthurienne aux données
du légendaire irlandais, on s’aperçoit alors que le roi celtique n’est que le
commun dénominateur d’une société qui n’a pratiquement aucun besoin de
lui, sinon sur le plan théorique, symbolique, moral, et bien entendu sacré. La
souveraineté réelle est incarnée par le personnage de la reine, la mère et l’amante,
projection humaine de la Déesse des Commencements, véritable détentrice de la
puissance. Et c’est cette reine qui confie ses pouvoirs à ceux dont la
collectivité a besoin. Le récit irlandais de La Razzia des bœufs de Cualngé, l’une des plus anciennes épopées occidentales, est très précis sur ce point :
la reine Mebdh prodigue l’

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