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Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Titel: Carnac ou l'énigme de l'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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amitié de ses cuisses à tout guerrier dont
elle a besoin du concours pour assurer le succès d’une expédition. Et son mari,
le roi Ailill, est bien obligé de l’admettre et de le supporter, même si sa
jalousie se manifeste parfois.
    La tradition mythologique irlandaise, qui nous est parvenue
sous un aspect relativement archaïque, grâce au patient travail des moines des
monastères celtiques, est infiniment précieuse pour nous permettre de
comprendre les époques lointaines du passé de l’extrême Occident. Et il faut
obligatoirement s’y référer à propos de la civilisation des constructeurs de
mégalithes. On doit constater que la civilisation celtique, l’irlandaise tout
particulièrement, est l’héritière en ligne directe de la civilisation mégalithique :
ce n’est pas un postulat, mais une réalité autant historique qu’archéologique. Si
l’on veut comprendre quelque chose à la mentalité des
peuples des mégalithes, il faut aller chercher ce qu’il en reste chez leurs
successeurs, de même que pour comprendre certains éléments de la civilisation
celtique, notamment les conceptions religieuses druidiques, il est nécessaire d’en
examiner les lignes de force qui ont été intégrées dans le Christianisme
primitif, tel qu’il a été vécu par les Celtes insulaires. En ce sens, saint
Kornéli nous ouvre une voie qui débouche sur le Kernunnos gaulois, et, à partir
de là, sur la spiritualité des constructeurs de mégalithes.
    On constate ainsi dans le cycle mythologique irlandais trois
grandes options fondamentales qui correspondent à trois stades de civilisation.
Le cycle dit historique, ou cycle des rois – dont l’équivalent breton est le cycle
d’Arthur – est à l’image d’une civilisation de sédentaires agriculteurs et
éleveurs de porcs (on sait l’importance du porc dans la vie quotidienne des
Celtes). Le cycle d’Ulster témoigne d’une civilisation d’éleveurs de bovins. Le
cycle de Leinster, dit aussi cycle ossianique, bien qu’il nous soit parvenu
sous une forme très altérée, paraît le plus archaïque et rend compte d’une
civilisation de chasseurs, probablement des descendants de ces chasseurs de
cervidés qui, à la fin du Paléolithique, ont pu survivre dans des conditions
climatiques difficiles, grâce à la présence de nombreux troupeaux de rennes en
extrême Occident. Ce cycle de Leinster est celui des Fiana, troupe de
cavaliers errants chasseurs de cerfs et liés d’une façon ou d’une autre au culte
des cervidés. Le roi des Fiana est Finn, dont le véritable nom est Demné, c’est-à-dire le « Daim ». Il épouse une femme, Sadv, qui, la
moitié de l’année, se trouve, à cause de la malédiction d’un druide, sous la
forme d’une biche. De cette femme-biche, il a un fils qui est nommé Oisin (Ossian),
c’est-à-dire le « Faon ». Et son petit-fils sera nommé Oscar, c’est-à-dire
« celui qui aime les cerfs ». C’est plus qu’il n’en faut. Le cycle
ossianique est de toute évidence lié à une civilisation où le cervidé joue un
rôle prépondérant non seulement dans la vie quotidienne (la nourriture) mais
également dans la projection religieuse, le Cerf acquérant valeur de divinité
protectrice du groupe ainsi considéré. C’est là qu’il convient de faire un
rapprochement entre ce Finn, roi des Fiana, et le dieu gaulois cornu Kernunnos.
Il est infiniment probable que la première image du personnage de Kernunnos
était celle d’un dieu aux cornes de cerf. Et n’oublions pas que les noms de
Finn et des Fiana proviennent de la même racine que le nom du peuple des
Vénètes, sur le territoire desquels se trouve le site de Carnac. Il faudra y
revenir.
    Pour l’instant, il suffit de considérer Kernunnos comme
étant une représentation divine susceptible d’envelopper le grand sanctuaire
qui s’étale sous nos yeux à Carnac. Quel était le nom de cette représentation
divine au moment de l’érection des alignements, nous n’en savons rien. Tout ce
que l’on peut dire, c’est que saint Kornéli a pris le relais dans l’église
paroissiale comme dans la légende racontée autrefois par les enfants du village.
Et à chaque fête patronale de Carnac, les paysannes se faisaient un devoir d’amener
en procession, qui leur vache, qui leur bouc, qui leur bélier, jusqu’à la
fontaine dédiée à saint Kornéli, et qui se trouve en contrebas du bourg. Il n’y
a pas de rite qui ne se justifie, et

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