Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
Christianisme.
Pourquoi en effet avoir utilisé, à Carnac par exemple, tel
type de roche par rapport à tel autre ? Pourquoi, comme à Stonehenge, avoir
transporté de si loin des pierres bleues qu’on aurait peut-être trouvées à
proximité ? Pourquoi, comme dans les grands dolmens sous tertres
tumulaires de Locmariaquer, avoir utilisé des dalles rocheuses
provenant d’un filon bien spécifique ? Les monuments mégalithiques ne sont
pas des objets artificiels. Ils sont issus de la terre elle-même. Ce sont des
pierres qui bougent, dans le sens qu’elles ont une vie propre, spécifique,
bien qu’elles soient inertes en apparence. Cela suppose, de la part des constructeurs,
tout au moins de la part des architectes qui ont présidé à cette élaboration, sinon
une science, du moins une réflexion critique qui est déjà une attitude
scientifique. Qu’on fasse intervenir alors des puissances surnaturelles ou tout
simplement des équations et des graphiques, cela ne change rien au fait qu’à l’époque
mégalithique, les hommes ont pris conscience que tout ce qui les environnait
les concernait.
C’est pourquoi il est impossible de rejeter comme stupide la
théorie des points d’acupuncture sur les circuits nerveux ou musculaires de la
surface terrestre. Les courants telluriques existent, même si certains esprits
dits éclairés les rejettent comme résidus de l’âge des superstitions. La radioactivité
existe et il ne viendrait à l’idée de personne de le nier. La présence
abondante des menhirs dans un lieu particulièrement soumis au tellurisme et à
la radioactivité prouve en tout cas qu’ils ne sont pas là par hasard et qu’ils
doivent jouer un rôle quelconque, en excluant bien entendu toute magie.
On rétorquera que c’est aller chercher très loin ce qui est
l’évidence même, à savoir que les menhirs qui constituent les alignements de
Carnac ne sont autre chose que des tombeaux fictifs et symboliques : aux temps mégalithiques, on se réservait un emplacement dans l’Autre Monde
et pour marquer cette sorte de « réservation », on prenait à son compte
l’érection d’un menhir dans un grand ensemble, soit en l’érigeant soi-même, soit
en le faisant ériger par des professionnels. Ainsi s’expliquerait la dimension
exceptionnelle du site de Carnac, le lieu le plus riche en convergences telluriques
et le plus propice à ce contact avec les puissances célestes. Cette théorie a
le mérite d’être d’une extrême simplicité : Carnac ne
serait ni plus ni moins qu’un monument aux morts. Mais elle est loin d’emporter
la conviction, le caractère funéraire des alignements n’étant point établi.
Il y a la théorie sexuelle. Il est hors de doute qu’un
menhir a un aspect phallique. Le menhir planté dans la terre féminine (la
déesse-mère) a une signification sexuelle assez nette : il s’agit de l’union
sacrée entre l’humain et le divin, d’un hiérogame mettant en contact le ciel et
la terre. Pourquoi pas ? Les cultes phalliques ne sont pas rares dans l’Antiquité,
et rien n’exclut qu’ils n’aient point existé à l’époque préhistorique. Le
symbole du menhir phallique et du dolmen vaginal est si apparent qu’il en
devient banal. Même Gustave Flaubert l’avait remarqué dans son Bouvard et
Pécuchet. Cette interprétation « psychanalytique » n’a rien d’absurde,
et elle a été reprise bien souvent. La chambre funéraire d’un dolmen est
incontestablement à l’image d’un utérus, celui de la Déesse des Tertres, et le
couloir d’accès est évidemment le vagin. Lorsqu’on dépose un défunt dans cette
chambre, au fond du dolmen, c’est pour lui redonner vie, la vie de l’Au-Delà, celle
qui ne peut être acquise que si les rites sont scrupuleusement respectés. Cette
conception n’est certes pas contradictoire avec l’idée de la chambre de
soleil où s’accomplit la régénération de l’être en présence des forces
cosmiques révélées par les rayons du soleil. Et si la caverne du dolmen est
utérine, le menhir est phallique, se dressant vers le ciel non pas pour capter
les énergies cosmiques, mais pour tenter d’établir l’union avec le monde
invisible du là-haut. D’ailleurs, on le sait à la suite de nombreuses
observations, les menhirs attirent la foudre : de nombreuses pierres sont
chaque année frappées et dégradées par un coup de tonnerre. Mais ce qu’on sait
moins, c’est que la foudre ne
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