Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
processions initiatiques à travers les alignements selon les
reptations ophidiennes. Sur un plan spectaculaire, l’idée
est fantastique. On imagine aisément tout le parti qu’un bon metteur en scène, pourvu
de moyens techniques et disposant d’une nombreuse figuration, pourrait tirer de
cette liturgie.
Il est vrai que, dans un espace plus restreint, c’est-à-dire
en ne considérant que les pétroglyphes de New-Grange – en mettant toutefois en
parallèle ces pétroglyphes et l’orientation du monument –, on a voulu faire de
ce tertre un véritable temple céleste : des auteurs dignes de foi ont reconnu
dans les signes mystérieux qui ornent les parois les représentations des astres
dans le ciel à l’époque mégalithique. Pourquoi pas ? Mais c’est oublier
que tout système symbolique dont nous ne possédons plus le code d’entrée peut s’interpréter
de multiples façons.
Il est vrai que le monument de Stonehenge a été considéré
comme un véritable observatoire astronomique permettant de prévoir les phases
de la lune, les éclipses de soleil ou de lune, la course des astres dans le
ciel. Des recherches récentes, pratiquées selon les méthodes les plus modernes,
avec l’aide d’ordinateurs, ont permis de mettre en relief des coïncidences troublantes.
L’expérience est intéressante dans la mesure où elle ajoute des observations
supplémentaires à propos d’un monument qui, sans contestation possible, est un
temple solaire, ou tout au moins un sanctuaire où le soleil joue un rôle
important.
« En réalité, la correspondance entre les orientations
des monuments et les orientations théoriques qu’on peut calculer avec des
données astronomiques est plus qu’élastique, pour autant qu’elle puisse se
mesurer, car rien n’est plus indéfini ou flottant que le point principal d’un
menhir. Il faut reconnaître que dans quelques cas, la coïncidence est étonnante,
alors qu’ailleurs elle ne signifie rien de net. Il faut bien entendu tenir
compte des variations des éléments astronomiques depuis l’époque de
construction et d’utilisation des systèmes mégalithiques, des variations des
masques naturels au-dessus de la ligne d’horizon, en particulier du rideau d’arbres.
L’idée est évidemment venue aux chercheurs de tenter de dater
les systèmes mégalithiques à l’aide des variations angulaires des paramètres
fonction du temps. » [33]
Cela dit, il nous faut examiner certaines de ces théories
archéo-astronomiques qui se sont développées à partir de 1850 en France et dans
les îles Britanniques, bien que pour le monument de Stonehenge, des théories de
ce genre soient apparues dès 1740. À Carnac et dans les environs, les premières
tentatives datent des débuts de la Troisième République, mais consistaient
surtout en patients relevés, avec des suggestions qui n’emportaient aucune
conviction ni dans un sens, ni dans l’autre. C’est en 1900 que la théorie
solaire dite solsticiale fut franchement exprimée, à la fois par un Français, le
commandant Devoir, officier de marine originaire de Lorient, et par un Britannique,
Norman Lockyer. Les observations étaient faites à partir des mégalithes du nord
et de l’ouest du Finistère, en comparaison avec l’ensemble de Carnac. Ce
système permettait de faire apparaître des exemples approximatifs de lignes de
menhirs correspondant aux levers et aux couchers du soleil à certaines dates
précises, compte tenu de la latitude de la Bretagne. Mais les données ainsi
obtenues étaient cependant un peu floues par suite de variations possibles dans
un sens ou dans l’autre. En gros, on trouvait 54° au solstice d’été, et 126° au
solstice d’hiver. Cela ne prouve rien, sinon que les divers architectes
mégalithiques utilisaient des directions qui semblent communes.
Mais ces observations furent reprises entre les deux
dernières guerres par l’archiviste R. Merlet qui les compléta par ses observations
personnelles dans le golfe du Morbihan et dans la région de Carnac. On en vint
à considérer un système solsticial reliant entre eux certains monuments
mégalithiques, notamment les cromlechs d’Er Lannic et de Kergonan (île
aux Moines), le grand menhir brisé de Locmariaquer, le menhir de Men Guen en
Sarzeau, un cromlech en Saint-Gildas-de-Rhuys et le tertre de Graniol en Arzon.
Ces relations se vérifiaient avec une grande exactitude métrique et démontraient
même la valeur du pied
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