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Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Carnac ou l'énigme de l'Atlantide

Titel: Carnac ou l'énigme de l'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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avait tendance à
devenir gaulois. Les menhirs et les dolmens furent donc gaulois. Mais il était
difficile de prétendre que les dolmens pouvaient servir d’habitations [32] . On
abandonna donc l’idée d’une architecture civile pour aller vers d’autres directions.
But militaire ? Il en a été question à plusieurs reprises. La Butte de
César, autrement dit le tumulus de Tumiac, n’est-il pas un excellent
observatoire pour voir ce qui se passe aux alentours ? Et il n’est pas le
seul monument mégalithique à pouvoir être considéré ainsi.
Mais le but militaire apparaissant comme bien minime, surtout à propos de
peuples qui ne devaient pas être très doués en stratégie, on en vint à
considérer l’aspect religieux de la question.
    Ce n’était d’ailleurs pas nouveau, puisque d’après un édit
de Charlemagne, au début du IX e  siècle , on
sait que les populations des campagnes continuaient, à une époque où pourtant
le Christianisme n’était pas discuté, ni menacé, à rendre un culte aux mégalithes.
L’empereur, en interdisant tout culte païen devant les menhirs et les dolmens, et
en ordonnant même de détruire ceux-ci, se conformait aux idées iconoclastes du
temps. Mais cela signifie que les populations des campagnes n’avaient jamais
oublié que les mégalithes étaient des pierres sacrées. Depuis lors, le clergé s’est
arrangé soit pour christianiser certains menhirs en les parant de la croix, soit
en les faisant détruire. Et aux époques modernes, ce sont les bulldozers qui
ont raison de ces vestiges des temps anciens, les nécessités économiques n’ayant
plus aucune communication avec les choses du Sacré.
    Les dolmens sont donc devenus, essentiellement depuis la fin
du XIII e  siècle, des « autels druidiques ». Et l’on
ne s’est pas fait faute de décrire avec un luxe incroyable de détails comment
les druides immolaient leurs malheureuses victimes sur ces autels de la
superstition. Curieusement, personne ne s’était avisé d’un fait pourtant
évident : il fallait que ces druides fussent particulièrement grands pour
opérer sur les tables des dolmens. D’ailleurs, tous les dolmens étaient
autrefois recouverts d’un tertre tumulaire, ce qui réfute d’emblée toute
conception d’autel à sacrifices. Mais cette image a eu la vie dure, et on l’a
retrouvée très longtemps dans des livres dits sérieux, y compris dans les
manuels d’histoire à l’usage des écoles primaires.
    Pour les menhirs, l’interprétation ne pouvait être que
différente, et même beaucoup plus délicate. On imaginait mal l’utilité de ces
pierres levées, à plus forte raison quand elles étaient groupées. Un menhir
isolé pouvait à la rigueur servir de borne, de
point de repère, ou même de symbole religieux analogue aux calvaires qu’on
découvre à la croisée des chemins ou le long de ces mêmes chemins. Mais un
alignement de menhirs, cela excitait davantage la curiosité.
    Les Romantiques avaient cru, en toute bonne foi, que les
Gaulois – on ne disait pas encore les Celtes – avaient érigé ces monuments, et
comme l’image du druide, qu’on venait de redécouvrir dans le magasin des accessoires
oubliés, devenait prépondérante, on imagina que les druides, se plaçant contre
les menhirs, se chargeaient de la force mystérieuse de la terre. D’autres
dirent d’ailleurs que, les menhirs étant de véritables condensateurs de l’énergie
céleste, c’était au pied des menhirs qu’ils prenaient leur inspiration et
entraient en communication avec les dieux. Dans une autre direction, les
sceptiques avouaient tout simplement que les menhirs des alignements étaient
des pierres tombales : Carnac n’était plus alors qu’un immense cimetière. Le
malheur est qu’on n’a jamais découvert la moindre trace d’inhumation au pied
des menhirs. Ce qu’on peut affirmer, c’est que les menhirs – et
les alignements de menhirs – n’ont
rigoureusement aucun caractère funéraire.
    Mais sur la lancée, on imagina plus tard une autre théorie :
les druides pouvaient entrer en communication télépathique entre eux en se
plaçant dans l’axe des menhirs. C’était la téléphonie sans fil avant la lettre.
Tout cela paraît une fine plaisanterie, mais il faut préciser que plusieurs
générations ont cru à ces fadaises parce qu’elles n’avaient aucun moyen de
vérifier quoi que ce soit. Il est bien évident que les menhirs ne sont pas
placés au

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