Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
on y basculait le menhir, soulevé
et dirigé par un dispositif approprié. On sait que l’expérience a été faite, à
l’île de Pâques, pour des statues colossales et sans grande difficulté : douze
hommes ont mis dix-huit jours pour remettre en place une statue de vingt-cinq
tonnes à l’aide de leviers et de petits galets servant de cales. Cela n’a rien
d’extraordinaire : il suffit d’avoir de la patience. Apparemment, les gens
des mégalithes en avaient, car ils travaillaient pour l’éternité.
Une autre solution pouvait consister en un remblai qui
faisait office de rampe de lancement. La longueur devait dans ce cas être assez
importante afin de réduire le plus possible la pente. Une fois le menhir calé
définitivement avec des pierres, des cailloux et de la terre tassés au pied, le
remblai était détruit, et le bois probablement récupéré.
La technique utilisée pour la construction des dolmens
devait être à peu près la même, à cette différence près qu’il fallait
construire obligatoirement des remblais pour mettre en place les dalles – parfois
énormes – qui servaient de couverture. Dans le cas des dolmens à encorbellement,
il s’agissait de choisir les pierres les mieux appropriées, de les tailler au besoin
et de les assembler. Ce n’était après tout qu’un jeu de patience qu’un seul
individu pouvait faire à la main. Et, le dolmen étant érigé, commençait l’opération
qui consistait à le recouvrir d’un tertre artificiel de pierres, de cailloux et
de terre. Mais là encore, contrairement à ce qu’on pensait au siècle
dernier, on ne mettait pas les pierres en place n’importe comment : tous
les tertres tumulaires ont été bâtis soigneusement, selon un plan architectural
mis au point à l’avance.
Lors des fouilles effectuées au pied des menhirs, fouilles
très délicates et dangereuses car cela risque de faire basculer le bloc (c’est
d’ailleurs à cause des fouilles sauvages qu’il y a tant de menhirs couchés), on
s’est aperçu qu’avant la mise en place du bloc, on avait procédé à des dépôts
rituels, ce qui suppose une cérémonie de fondation. Ces découvertes ont permis
d’élaborer une hypothèse selon laquelle il aurait pu y avoir, autrefois, au
moment de l’érection des menhirs, des petites constructions en bois, ou même
des poteaux qui pouvaient servir à des rituels. C’est une possibilité qui, pour
devenir réalité, devrait être appuyée sur des fouilles systématiques – et peu
faciles – aux alentours immédiats des menhirs.
On a constaté, devant les dolmens sous tertres tumulaires, la
même présence de dépôts rituels et également de structures prouvant qu’il y
avait eu, à l’entrée du monument, des constructions annexes en bois n’ayant
jamais été recouvertes par un tumulus. On ne sait pas exactement quelle pouvait
être la nature de ces constructions annexes, ni leur destination. On pense
seulement qu’il pouvait s’agir de maisons mortuaires, où étaient exposés les
corps des défunts avant la cérémonie de l’inhumation, ou bien encore de maisons
de culte, les dolmens étant la plupart du temps refermés après chaque nouvelle
inhumation.
De toute façon, de telles mises en place, que ce soit des
dolmens ou des menhirs, supposent la participation d’un nombre assez important
d’individus engagés dans un énorme travail collectif. Certes, il ne faut pas
oublier que les grands tertres tumulaires n’ont pas été construits en quelques
jours : ils ont souvent été remaniés au cours des siècles, et cela étale
donc le temps de la construction, mais n’empêche nullement de se poser la
question de la main-d’œuvre nécessaire à des entreprises qu’on peut facilement
qualifier de cyclopéennes.
Si l’on admet qu’une construction soit faite d’affilée par
un labeur permanent, on peut émettre l’hypothèse que pour un travailleur uniquement
occupé à la tâche désignée, il faut un autre individu œuvrant pour le nourrir. Cela
permet d’évaluer le temps minimum que mettrait une communauté d’hommes pour
édifier un monument de petites ou moyennes dimensions, par exemple, qu’on pense
avoir été construit à peu près en une fois. Prenant référence sur des
expériences faites dans le sud de la Grande-Bretagne, on a pu estimer que sur
des populations de 500 à 2 000 âmes, on aurait mobilisé à peu près vingt
pour cent de l’effectif pendant trois mois de
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