Carnac ou l'énigme de l'Atlantide
l’année. Pour le cairn primaire
de Barnenez, on a estimé que le travail de construction a nécessité de 150 000
à 200 000 heures de travail, à dix heures par jour, avec un effectif
de 200 à 300 hommes.
On ne sait évidemment rien des conditions morales et
matérielles dans lesquelles s’effectuaient ces travaux collectifs. Il est
probable que les chefs locaux, petits ou grands, obtenaient le concours des
populations par tous les moyens, coercition comprise, mais dans ce domaine, toutes
les hypothèses sont possibles, sans négliger celle de la ferveur religieuse, comme
pour les cathédrales du Moyen Âge.
On peut citer la théorie de K. Mendelssohn qui estime que
pour les pyramides égyptiennes comme pour les pyramides mexicaines, ce qui
comptait n’était pas les monuments eux-mêmes, mais le fait de les construire. Cela
supposerait pour ces grandes entreprises un but économique et politique visant
à l’établissement d’une société très centralisée. En était-il de même pour les
peuples mégalithiques ? Encore une fois, nous butons sur un manque total d’informations.
Mais il est difficile de sous-estimer la motivation mystique qui a conduit ces
peuples à accomplir tant de travaux cyclopéens.
Cela nous amène à poser la question de la densité de la population.
On estime qu’au Mésolithique, dans la région de Carnac, cette population était
très réduite, comprenant seulement quelques milliers de personnes. Au début du
Néolithique, elle a pu s’élever progressivement pour atteindre à peu près un
habitant au kilomètre carré, ce qui donnerait, pour l’ensemble de la Bretagne, un
ensemble de 25 000 à 50 000 habitants, et au Néolithique final, c’est-à-dire
à l’époque de construction des mégalithes, une densité de deux pour cent, autrement
dit de 50 000 à 100 000 âmes. La densité dépend en grande partie des
lieux. Il est certain que des zones comme le Morbihan littoral devaient être
beaucoup plus peuplées que les régions de l’intérieur, occupées par une immense
forêt quasi impénétrable. Ailleurs, les gens devaient vivre par petites
communautés de quelques dizaines de personnes, certainement associées avec des
voisins plus ou moins proches en ensembles plus considérables qui se
rassemblaient périodiquement pour des raisons politiques ou à l’occasion de
fêtes religieuses. Il est probable que les solstices étaient particulièrement
choisis pour de grands rassemblements, à Carnac notamment, qui, par la
dimension exceptionnelle de ses alignements, représente le plus grand exemple
de temple en plein air que l’on connaisse.
La répartition des habitants était la conséquence des points
d’eau et des facilités de chasse ou de pêche. L’agriculture, qui se trouvait à
ses débuts, a dû jouer un rôle non négligeable dans la densité de la population.
Car il fallait évidemment des bras pour cultiver un sol ingrat : la
Bretagne est un pays au sol acide, et l’on ne peut espérer tirer un parti
efficace de l’agriculture que si on amende sérieusement les terres. Or il
semble que le seul moyen d’amender les terres ait été, pendant fort longtemps, les
algues marines. Cela suppose que les zones de cultures se trouvaient situées
sur le littoral, ce qui est corroboré par les vestiges d’habitats beaucoup plus
fréquents dans ces régions que dans l’intérieur.
D’après des recherches récentes, on constate que dans le
domaine des travaux agricoles, les rendements devaient être très raisonnables. Ce
sont les haches qui servent d’instruments aratoires en même temps qu’elles sont
utilisées pour défricher et pour moissonner. Les haches polies en pierre sont
presque aussi efficaces que les haches en métal sur une végétation de bois
tendre. Le brûlis des terrains assez défrichés nécessite d’être contrôlé et
ralenti de façon que les racines des mauvaises herbes soient détruites. Le sol
doit être ratissé ou travaillé au bâton, voire à la houe, après l’ensemencement.
Mais il faut pratiquer une culture intermittente, afin de laisser à la terre le
temps de se régénérer, car elle ne donne un rendement satisfaisant après un
brûlis qu’une fois ou deux. Il faut disposer d’un hectare ou deux par personne,
en culture ou en jachère.
On a voulu voir dans les haches représentées dans les
pétroglyphes du Morbihan comme des instruments aratoires, des « haches-charrues ».
Dans ce cas, la gravure qui se
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