Cathares
douceur que de précaution jusqu’à faire apparaître une plaque de métal. Il plongea les mains dans la petite cache et en sortit un coffre d’argent qu’il posa sur l’autel. Derrière lui, le Bon Homme n’en croyait pas ses yeux.
— Vous avez réussi ! Parfait, vous avez trouvé le Graal !
— Oui, je crois que nous allons pouvoir nous passer du Normand fouineur et dicter notre loi à tous ceux qui nous obligent à nous terrer comme des rats depuis trop longtemps.
Le Parfait examina attentivement le petit coffre. À son grand étonnement, il n’était muni d’aucune serrure. Il suffisait de soulever son couvercle pour l’ouvrir.
— Sheisse ! s’écria-t-il.
— Qu’y a-t-il ? lui demanda l’autre en venant juger lui-même le contenu du coffre.
— Il est vide !
Le Parfait passait sa main avec nervosité au fond du coffre comme si la moindre trace, le plus petit message venu de la nuit des temps pouvaient lui donner une piste. Comme il ne trouvait rien, il recommença à réfléchir. Ses déductions le menèrent rapidement à deux pistes guère réjouissantes. Mais l’une lui plaisait encore moins que l’autre.
— Peut-être que Mirepoix a confié le trésor à d’autres membres de sa communauté ou alors...
— Ou alors quelqu’un d’autre serait passé avant nous ?
— Ou Rahn avait-il vraiment réussi à percer le secret de Montségur.
— Il se serait emparé du trésor ?
Le Parfait se prit la tête entre les mains. Au plus profond de lui-même, la rage le disputait à la lassitude.
— Oui, répondit-il d’une voix sourde, son fameux Graal. Mais qu’a-t-il bien pu en faire ?
46
Berlin, 1938
Cher Jacques,
Dans les semaines qui suivirent, l’appui de mon cher ami Richard se révéla plus que précieux. J’étais à la fois tributaire du bon vouloir de mes supérieurs et condamné à ne pas pouvoir quitter les frontières du pays. Or, grâce aux dernières informations que j’avais obtenues d’Ussat-les-Bains, je savais que l’objet de ma quête nécessitait d’entreprendre plusieurs voyages à l’étranger. Je décidai donc de mettre totalement mon ami dans la confidence même si j’étais conscient des risques que j’encourrais.
Il faut me comprendre ; jamais encore il ne m’avait été donné de rencontrer un être comme Richard. J’éprouvais la troublante sensation d’être confronté à un homme qui pensait en tout point comme moi jusqu’à pouvoir deviner l’idée qui me traversait l’esprit. Je pensais sincèrement que ce genre d’opportunité n’apparaissait qu’une seule fois dans une vie et qu’il fallait absolument la saisir pour ne pas courir le risque de ne plus jamais y être confronté. Je lui confiai donc l’objet de la première étape de mon périple.
Heureusement pour moi, il s’agissait d’un voyage en Allemagne. J’étais assuré de pouvoir me rendre à Cologne sans encombre malgré les soupçons que nourrissaient envers moi mes supérieurs. Parvenu à ce moment de mon récit, je pense qu’il est temps de te révéler, cher Jacques, l’autre aspect de ma grande découverte. Contrairement à ce que les spécialistes de la question ont toujours affirmé, le catharisme ne s’est pas limité à une aire géographique bien déterminée. Au contraire, l’hérésie a essaimé bien au-delà des frontières du royaume de France.
En Allemagne, Cologne en fut le foyer principal. Dès 1153, des Bons Hommes y prêchèrent la bonne parole. Par la suite, leur croyance se répandit vers d’autres villes comme Bonn et Mayence. Rapidement, le clergé officiel se résolut à lutter contre les déviances de la « vraie Foi ». Hildegard von Bingen prononça même un vibrant discours afin de lutter contre l’hérésie qui dévorait les coeurs purs. Un siècle après la propagation de l’hérésie en Allemagne, des bûchers furent allumés. En Allemagne, comme dans le Languedoc, les hérétiques qui refusaient d’abjurer étaient condamnés à périr par les flammes. Mais ce que beaucoup ignoraient, c’était que les hérétiques bénéficiaient de nombreux appuis dans la population. Et il leur fallait compter sur eux pour mettre leur incroyable projet à exécution !
Tu comprends mieux à présent l’obligation que j’avais d’entreprendre différents voyages à travers l’Europe. Tant que le catharisme était considéré comme un phénomène local, il paraissait simple à extirper comme on le ferait d’une
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