Ce jour-là
qu’une patrouille, mais n’était pas aussi dangereuse qu’une arrivée directe par les airs sur la cible. C’était en fait le seul moyen de donner l’assaut et de nettoyer la zone avant le lever du soleil.
Il était déjà minuit. Il allait bientôt faire jour. Nous devions partir sur-le-champ.
« Ce soir, les gars, il fera très clair. Presque aussi foutrement clair qu’en plein jour », observa Phil.
Nous nous efforcions de ne pas mener d’opérations par pleine lune. On y voyait beaucoup mieux, bien sûr, mais l’ennemi aussi.
La patience est la meilleure stratégie. Nous aimions attendre et analyser la cible, puis l’attaquer quand les circonstances étaient les plus favorables. Nous ne nous battions pas contre des amateurs. Les talibans sont de bons soldats et nous savions d’avance que l’opération risquait d’être compliquée.
« On nous force un peu la main dans cette affaire, les gars, dit le commandant. On est obligés d’accepter un risque plus élevé. Ces types ne sont pas des débutants. »
C’est dans un nuage de poussière que je suis descendu en courant de l’hélicoptère CH-47 Chinook. Nous avons atterri dans un champ dégagé et la mission de mon équipe était de gagner l’ouest de la cible. Steve et ses hommes se posteraient au sud pour former une tenaille en forme de L. On allait encercler le groupe de maisons dans lesquelles nous pensions que se trouvait Bergdhal.
La cible n’était qu’à une heure et demie de vol de notre base à Jalalabad. Il y avait une maison aux limites de la zone où nous avions atterri. L’équipe de Steve venait à peine de quitter le Chinook que des talibans en sont sortis. L’un d’eux portait une mitrailleuse PKM. Malgré le vacarme des rotors j’entendais des tirs d’arme automatique.
Derrière moi, les balles traçantes, tels des rayons laser, coupaient la poussière et frôlaient les hélicoptères. J’ai juste eu le temps de voir les hommes de Steve courir se mettre à couvert et entamer une manœuvre.
Bien que sous le feu de la mitrailleuse, l’un des hommes de Steve a pris son « pistolet de pirate » – notre petit lance-grenades à un coup. Il s’est redressé entre deux rafales et a réussi quasi miraculeusement à expédier sa grenade dans la maison. Elle est passée par la porte entrouverte. Il y a eu le bruit étouffé d’une explosion puis de la fumée. Le mitraillage s’est arrêté aussi sec, donnant à Steve et à ses hommes quelques secondes vitales pour se rapprocher de la maison sans subir de pertes. Ils se sont placés de chaque côté de l’entrée, ont nettoyé la maison et tué les talibans qui y restaient.
« Mouvements ennemis au nord et à l’est », dit Phil dans la radio.
Le clair de lune me permettait de voir pratiquement comme en plein jour. Si eux nous voyaient à cent mètres, nous pouvions les voir à trois cents grâce à nos lunettes de vision nocturne.
Le terrain qui s’étendait devant nous était parfaitement plat et je voyais des talibans, arme à l’épaule, fuir les hélicoptères. Une route nord-sud traversait ce terrain, passait devant les maisons et descendait vers la vallée. Deux hommes décampaient sur des petites motos. Phil a repéré un groupe de quatre combattants à pied qui filaient à l’ouest et se dirigeaient vers une petite maison.
« J’ai deux hommes avec moi, me dit Phil. On prend les types à l’ouest. Tu te charges des motos. »
L’équipe de Steve assura le nettoyage des maisons cibles. Aucune trace de Bergdhal, mais nous soupçonnions qu’il se trouvait encore dans le secteur. Il y avait trop de talibans par ici, et ils étaient tous bien armés.
Avec moi, il y avait deux snipers de notre unité de reconnaissance [RECCE] et un artificier. Phil a pris le chien et un homme.
On courait à travers le champ, et on a failli marcher sur un taliban caché dans les hautes herbes. C’est un sniper qui l’a vu en premier ; il a tiré. J’ai remarqué au passage que l’homme portait des Cheetahs noires. Coupable !
Très vite, j’ai repéré les motos des talibans, garées non loin de la route. Deux têtes dépassaient d’un gros tas de foin.
« Deux pax à trois cents mètres, à douze heures », dis-je.
En jargon militaire, un pax est une personne. Les snipers les avaient vus aussi. Nous nous sommes arrêtés et accroupis dans l’herbe. Il nous fallait un plan rapidement.
« Je vais prendre par la route et voir si je peux tirer
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