Ce jour-là

de plusieurs cadenas, destiné à dissimuler la maquette quand elle n’était pas utilisée.
    La maquette était stupéfiante par son souci du détail : des arbres miniatures dans la cour, des voitures dans l’allée et sur la route longeant l’enceinte nord de la résidence. Portails et portes y figuraient aussi, ainsi que le réservoir d’eau sur le toit et même les rouleaux de fil barbelé sur le haut des murs. Il y avait de l’herbe dans la cour principale. Tout y était, jusqu’aux maisons et champs voisins qui étaient restitués avec la plus grande exactitude.
    Entre deux gorgées de café, j’étudiais le bâtiment de deux étages.
    Faisant quatre mille mètres carrés, la propriété donne sur Kakul Road, rue d’un quartier résidentiel d’Abbottabad. La ville, située au nord d’Islamabad (capitale du Pakistan), tire son nom du major britannique James Abbott. Elle abrite l’Académie militaire du Pakistan.
    Mes coéquipiers n’ayant pas fini leur petit déjeuner, j’avais la maquette pour moi tout seul. Il me tardait de m’y mettre, mais j’avais encore du mal à me faire à l’idée de ce que je venais d’apprendre. Enfin nous allions attraper Ben Laden pour de bon.
    Oussama Ben Laden est né le 10 mars 1957 à Riyad. C’était le septième des cinquante enfants de son père, Mohamed Awad Ben Laden ; sa mère, Alia Ghanem, une Syrienne, était la dixième femme de ce promoteur millionnaire. Ben Laden a à peine connu son père, ses parents ayant divorcé quand il avait dix ans. Sa mère s’était remariée et il a grandi au milieu d’une autre fratrie de quatre enfants.
    Pendant ses études secondaires à Djedda, Ben Laden avait rejoint un groupe d’étude islamique où l’on apprenait l’intégralité du Coran par cœur. Mis en contact avec l’Islam fondamentaliste il se laissa pousser la barbe, comme le Prophète.
    Il épousa une cousine à l’âge de dix-huit ans. Le couple eut un fils en 1976, l’année où Ben Laden décrocha son diplôme de fin d’études secondaires. Il s’inscrivit à l’université de Djedda et obtint un diplôme en administration publique.
    Lorsque l’Union soviétique envahit l’Afghanistan en 1979, Ben Laden alla s’installer à Peshawar, au Pakistan, puis plus tard en Afghanistan. En tant que musulman, il prétendait de son devoir de combattre l’envahisseur soviétique. Il fit construire des camps et forma des Moudjahidins, avec, à plusieurs reprises, l’aide des États-Unis. À la fin de la guerre, en 1989, il retourna en Arabie Saoudite, mais fut dégoûté par la corruption qui, à ses yeux, gangrenait le gouvernement royal. S’élevant avec véhémence contre cet état de choses en 1992, il fut banni au Soudan.
    Une année plus tard, il fonda Al-Qaïda, soit « la fondation » ou « la base » en arabe. Son objectif était de déclencher une guerre avec les États-Unis et de rallier tous les musulmans pour créer un seul pays arabe au Moyen-Orient.
    Le déclenchement des hostilités eut lieu en 1996 en Arabie Saoudite, lorsque Al-Qaïda fit sauter un camion, tuant des soldats américains basés sur place. Sous la pression de la communauté internationale, le gouvernement soudanais se résigna à exiler Ben Laden, et il partit se placer sous la protection des talibans en Afghanistan.
    Le nom d’Al-Qaïda devint mondialement connu en 1998, après les attentats sanglants contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie. Ces deux attaques firent près de trois cents morts. Puis, en 2000, l’USS Cole fut victime d’un attentat suicide à l’embarcation piégée dans le port d’Aden qui fit dix-sept morts et une cinquantaine de blessés. Mais le coup le plus décisif porté aux États-Unis fut la quadruple attaque du 11 septembre 2001. Les hommes de Ben Laden, ce jour-là, ont causé la mort de près de trois mille civils à New York, à Washington et en Pennsylvanie. Lorsque les forces de la coalition eurent renversé les talibans en 2001, Ben Laden passa dans la clandestinité, manquant de peu d’être pris dans les montagnes de Tora Bora, en Afghanistan.
    Au cours des dix années suivantes, les forces de la coalition, dont celles des États-Unis, ont pourchassé Oussama Ben Laden dans la région frontalière entre Afghanistan et Pakistan. L’alerte de 2007 exceptée, tous les renseignements recueillis faisaient état de sa présence au Pakistan.
    Très vite, mes coéquipiers ont commencé à revenir du petit