Ce jour-là
l’étage. »
Si nos renseignements étaient exacts et si tout se passait comme prévu, c’était cette équipe qui avait le plus de chance de tomber la première sur Ben Laden.
Pour le reste du briefing, Jay et Mike passèrent en revue la question du matériel. Ils terminèrent par la liste des mots « pro » de l’opération. Ce sont des messages d’un seul mot qui servent à relayer efficacement l’information. Ils réduisent au minimum les contacts radio et augmentent la fiabilité des informations transmises. Les termes « pro » choisis pour la mission furent empruntés au registre des Indiens américains.
« OBL sera Geronimo », nous dit Jay.
Ce briefing dura une heure, puis Jay et Mike nous quittèrent.
« Et maintenant, les gars, déconstruisez notre plan, nous dit Mike avant de partir. Nous nous escrimons dessus depuis des semaines. Vous ne le connaissez que depuis hier. Prenez tout votre temps pour le critiquer. »
Nous nous efforçons de ne jamais tomber amoureuse d’un plan ; sinon, on a tendance à prendre trop d’assurance.
La première chose qui nous vint à l’esprit fut de chercher une autre solution pour approcher la cible. Personne n’avait envie de débarquer droit dessus en hélico. On ne le faisait plus depuis des années. On aurait préféré être débarqués plus loin et arriver au périmètre à pied. Notre tactique avait évolué. On approchait les cibles furtivement pour garder l’effet de surprise jusqu’au dernier instant.
L’équipe de reconnaissance et le tireur d’élite avaient étudié les images satellites pour essayer de trouver un secteur d’atterrissage entre quatre et six kilomètres de la cible ; mais aucun ne faisait l’affaire, apparemment. La maison se trouvait dans une zone résidentielle. Tous les sites potentiels se trouvaient trop près d’un secteur urbanisé, ou bien il aurait fallu emprunter des rues bordées de maisons. Les risques courus pendant l’infiltration auraient été bien trop grands. En fin de compte se faire déposer par hélico directement sur la cible était le moindre des maux. Ce serait bruyant, mais rapide. Nous ne pouvions prendre le risque d’être repérés pendant une approche à pied.
Chaque équipe dans son coin mit au point sa partie du plan. En dehors de notre propre matériel, il fallait répartir celui affecté à l’équipe : une échelle, une masse et les explosifs.
« Je vais avoir besoin de l’échelle pour escalader le garage », dit le sniper. L’échelle repliable était lourde et encombrante. « Mike a dit qu’il la porterait pendant la descente pour que je puisse assurer une meilleure sécurité. »
Deux snipers furent mis en position à chacune des portes de l’hélico Chalk One pour nous couvrir pendant la descente à la corde sur le toit. Pas question qu’un type débarque dans le périmètre avec un AK-47 et nous canarde pendant la descente.
« Étant donné que Will n’est pas là pour protester, c’est lui qui sera responsable de la masse, dis-je en souriant. Moi, je porterai deux charges explosives et un coupe-boulons. »
Ces explosifs se présentent sous forme de bandes épaisses de cinq centimètres, et sont longs d’environ trente centimètres. Ils ont un côté adhésif afin de pouvoir être collés à une porte. Une fois amorcés, ils explosent au bout de trois secondes et démolissent en général le battant en défonçant son mécanisme de fermeture.
Chaque équipe devait être autosuffisante. Pas question de faire appel à une autre équipe pour un problème de matériel.
Une femme de la National Geospatial-Intelligence Age ncy [Agence nationale du renseignement géospatial], blonde, la trentaine, s’était occupée des cartes et des images satellites. Elle n’avait oublié aucun détail, même secondaire.
Agenouillé devant la maquette, j’étudiai la porte qui conduisait à l’annexe.
« Hé, est-ce que les portes du C1 s’ouvrent vers l’intérieur ou l’extérieur ? » lui demandai-je.
Cinq minutes plus tard, elle revenait avec la réponse.
« Double blindage. Ouvrent vers l’extérieur. »
Ce fut comme ça toute la semaine. Quand nous avions une question, ils avaient la réponse : ils savaient dans quel secteur le Promeneur allait marcher, qui d’autre habitait les différentes maisons, quelles portes étaient verrouillées ou laissées ouvertes et même à quelle fréquence ils garaient les véhicules. Ils disposaient d’une
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