Ce jour-là

précaution, balayent les fenêtres et les balcons. Je remonte avec mon laser jusqu’au deuxième étage. Aucun mouvement. Les protections des fenêtres nous empêchent de voir à l’intérieur mais empêchent aussi les occupants de nous voir.
    Le rythme de l’opération ralentit. La mission se déroule sans accroc depuis le crash, il y a dix minutes. Nous voulons poursuivre l’assaut par l’escalier, mais Charlie signale par radio une autre porte métallique qui empêche l’accès au premier étage. Il prépare la troisième charge explosive de la nuit.
    La seule chose à faire est d’attendre et d’assurer la sécurité. Je sais que Charlie et ses hommes travaillent aussi vite que possible. Pendant que je patiente, je prends conscience de l’aspect surréaliste de la situation. J’ai l’impression d’attendre le début d’un exercice de combat rapproché à la Green Team.
    Des cris de volaille me sortent de mes pensées. Notre itinéraire jusqu’à la porte nord nous a fait emprunter un passage étroit le long de poulaillers grillagés. Notre équipement encombrant s’était accroché au grillage et a bousculé quelques poulaillers.
    Patienter et rester sur place me rend dingue. J’entends deux types devant moi :
    « Putain de merde, je n’arrive pas à croire qu’on vient juste de se crasher, disait Walt.
    — De se crasher ? Mais, bordel, de quoi tu parles ?
    — Ouais, notre hélico s’est crashé », dit Walt.
    Jay, le patron de l’opération, débarqué avec Chalk Two, a entendu la réflexion de Walt et n’en revient pas.
    « Quoi ?
    — Ouais, nous nous sommes crashés, répété Walt avec un geste vers l’endroit. Regarde dans la cour. »
    Même à travers les lunettes de vision nocturne, j’arrive à trouver marrant le changement d’expression sur la figure de Jay, tandis qu’il digère l’information. Il fait demi-tour et remonte la file des SEAL en courant. Apparemment, personne de Chalk Two ne sait que nous avons eu un accident. Ça n’est pas encore passé sur le réseau. Quand le pilote de Chalk Two a vu Chalk One tomber dans la cour, il a tout de suite renoncé à prendre le risque d’une descente à la corde sur le toit et a posé son appareil à l’extérieur des murs.
    De retour vers l’hélicoptère accidenté, Teddy et son équipe coupent les moteurs et s’assurent que tous les instruments sont détruits. Un instant, Teddy envisage de redécoller. Aucun dégât important n’est visible sur le Black Hawk , et il se dit qu’à vide il peut y arriver. Mais finalement, il préfère jouer la prudence.
    Dès qu’il est sur la scène du crash, Jay appelle la QRF (force de réaction rapide) par radio-satellite.
    Le premier appareil de la QRF décolle aussitôt de sa position. Avec le deuxième CH-47, ils sont en attente à une courte distance au nord de la cible. Pour gagner du temps, il prend l’itinéraire le plus rapide, qui les fait survoler l’Académie militaire. Quelques minutes plus tard, Jay rappelle pour signaler que l’accident n’a provoqué ni mort ni blessé. Tous les SEAL sont regroupés sur A1 et sur le point de nettoyer l’escalier.
    « Gardez votre position », dit-il à la QRF.
    À l’intérieur de A1, Charlie a posé sa charge et prend les dernières précautions. L’explosion se fera à l’intérieur du bâtiment, la déflagration sera donc plus violente et fera sauter portes et fenêtres. Deux autres SEAL sont près de lui, mais il n’y a que très peu d’endroits où se protéger du souffle. L’un d’eux veut se cacher derrière une porte.
    « Hé, mon vieux, tu ferais mieux de faire gaffe à cette porte », lui dit Charlie.
    L’homme s’en éloigne au moment où Charlie déclenche la mise à feu. La bruyante explosion se répercute jusqu’à l’endroit où je me tiens, à côté des poulaillers. La déflagration fait sauter la porte derrière laquelle le SEAL avait voulu s’abriter. Elle valse contre le mur d’en face. L’homme est pétrifié. À quelques secondes près, il aurait pu être gravement blessé s’il n’avait pas bougé.
    « Merci », dit-il à Charlie tandis qu’ils déblaient ce qui reste de la porte.
    Le passage dégagé, nous commençons le nettoyage de l’escalier. Il me faut quelques secondes pour atteindre l’entrée, passer la deuxième porte métallique et m’engager sur les marches carrelées. La plupart des autres SEAL sont déjà devant moi.
    L’escalier tourne sur lui-même à