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Ce jour-là

Ce jour-là

Titel: Ce jour-là Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mark Owen , Kevin Maurer , Olivier Dow
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j’ai des fourmis dans les jambes et j’essaie d’agiter mes orteils pour rétablir la circulation. On a fait notre part, le travail est accompli. Mais personne ne relâche la tension. Il nous faut de l’essence. On sera en sécurité quand on aura franchi la frontière.
    Je tourne le dos au cockpit et j’essaie d’oublier la jauge d’essence. Nous sommes tous du genre mâle Alpha dominant, nous aimons garder le contrôle sur les événements. Trente-huit minutes en arrière, je ne voulais qu’une chose : lancer la corde de l’hélico, me laisser glisser au sol et donner l’assaut à la résidence. Maintenant que cette partie de la mission est accomplie, je me retrouve encore coincé dans un hélicoptère sans pouvoir rien faire.
    Qu’est-ce que ça change de me morfondre pour l’essence ? Je ne suis pas pilote. Le voyant rouge pourrait aussi bien être une lumière de Noël pour ce que j’en sais.
    Le Black Hawk décrit une autre grande boucle, s’incline fortement et descend très vite pour s’immobiliser en vol stationnaire. Le chef d’équipage ouvre la portière et j’aperçois la silhouette d’un Chinook CH-47 à cinquante mètres.
    Des SEAL de l’autre escadron sécurisent le site, au milieu de l’herbe qui leur monte jusqu’à la taille. Au moment où nous atterrissons, ils ont un genou à terre, dos à l’hélico, et surveillent l’horizon au cas où la police ou l’armée pakistanaises se manifesteraient. Les rotors aplatissent l’herbe autour d’eux.
    Deux techniciens de l’armée, portant des lunettes fermées pour se protéger des débris soulevés par les rotors, déroulent un tuyau jusqu’au Black Hawk dont le moteur tourne toujours, et branchent l’ajutage sur le réservoir.
    « On doit s’alléger. Quatre ou cinq d’entre nous doivent descendre et rentrer avec le 47 », crie Tom pour couvrir le vacarme de l’hélicoptère.
    On est trop lourds à cause du poids additionnel du cadavre et du réservoir plein. Les pilotes voleraient aux limites de la sécurité. Des types descendent, dont Charlie.
    À Abbottabad, l’explosion à la résidence a fini par attirer l’attention des militaires pakistanais. Nous avons appris par la suite qu’ils avaient commencé par rappeler leurs appareils. Puis les avaient comptés. Ils avaient fait décoller deux F-16 (15) armés de canons de 30 mm et de missiles air-air. En raison de leur conflit latent avec l’Inde, les Pakistanais sont sans cesse en alerte élevée. Mais, de ce fait, l’essentiel de leurs défenses aériennes se trouve à l’est, tournées vers la menace. Maintenant les jets foncent dans le ciel, direction l’ouest et Abbottabad.
    Assis dans l’hélico, je regarde ma montre. J’ai hâte d’être à Jalalabad. Je meurs d’envie de descendre et de donner un coup de main. On en meurt tous d’envie, mais je sais que les techniciens de l’armée connaissent leur boulot, comme nous le nôtre. En essayant de les aider, je les gênerais et les retarderais. Et là, le succès de la mission repose directement sur le plein d’essence.
    Le Chinook resté récupérer les types de Chalk Two est reparti depuis longtemps quand les F-16 arrivent au-dessus de la résidence.
    Les techniciens détachent les tuyaux et les tirent vers le CH-47. Les rotors de leur hélicoptère tournent déjà quand les deux hommes renroulent les tuyaux vers la rampe. Les SEAL qui assurent la sécurité embarquent.
    L’un après l’autre, les deux hélicoptères décollent et filent à l’ouest, vers l’Afghanistan. Le voyant rouge est éteint. Il nous reste à franchir la frontière.
    Je regarde encore ma montre. Il nous a fallu vingt minutes pour refaire le plein. J’imagine déjà les chasseurs pakistanais à nos trousses. Je ne le savais pas à cet instant, mais, pour le moment, les F-16 décrivent des cercles autour d’Abbottabad et n’élargiront leurs recherches que plus tard.
    Je repense à mon petit livre sur la défense aérienne du Pakistan. Les Pakistanais ne peuvent pas ignorer que nous étions là. J’espère seulement que nous avons assez d’avance sur nos poursuivants.
    Pour la première fois depuis l’appel « Dix minutes ! » avant l’assaut, j’enlève mon casque. Je passe la main dans mes cheveux humides, collés par la sueur, et je m’efforce d’évacuer les idées de jets et de missiles. Il faut trois quarts d’heure pour retourner à Jalalabad, et je ne vais pas passer ce temps à me morfondre. Je suis

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