Ce jour-là
passé à quelques centimètres de ma tête. C’est le coupe-boulons qui a pris l’éclat. J’ai eu une sacrée chance.
Après un court débriefing sur le déroulement de l’opération, nous déballons tous les trucs que nous avons pris dans la maison. La routine apprise au BUD/S est restée imprimée en nous : un, on s’occupe du matériel de l’équipe, deux, du matériel du département, trois, du nôtre.
Chaque pièce de la résidence de Ben Laden a ses tables propres. Je porte tous mes sacs vers la table attribuée au bâtiment principal, deuxième étage, pièce A. De mon filet, je retire ma collecte, à savoir les enregistrements pris dans l’armoire, le pistolet et le fusil.
Sur le tableau blanc, nous avons dessiné un plan de l’intérieur du périmètre, puis un de chaque étage de la maison principale et de l’annexe. J’ai ensuite porté mon appareil photo à une table où un SEAL aidait un analyste de la CIA à télécharger toutes les photos numériques.
« Qu’est-ce que ça donne, les autres clichés ? je demande en lui tendant mon appareil.
— Jusqu’ici, impec », répond-il.
Lorsque les photos du cadavre de Ben Laden apparaissent à l’écran, je suis soulagé. Comme nous détenons le corps, ces photos n’ont plus l’importance vitale qu’elles auraient pu avoir. Mais rien de plus facile que d’imaginer Charlie et Walt me chambrer pendant des siècles si je les avais ratées.
« Ça vous va ?
— C’est parfait, me répond l’analyste. C’est tout ce que nous demandions. »
J’ignore si ces photos seront un jour rendues publiques et franchement, je m’en moque. Cette décision appartient à bien plus haut placé que moi.
J’entends les commentaires de mes camarades sur le matériel rapporté. Ils parlent aux analystes de la CIA :
« On est vraiment désolé, vieux, dit l’un de ceux qui ont fouillé le premier étage. Il y avait tellement de trucs ! Nous n’avons pas eu assez de temps. On aurait pu faire mieux. »
C’est tout juste si le type de la CIA n’éclate pas de rire en entendant ça.
« Vous avez été bons, lui répond-il. Arrêtez de vous faire du mouron pour ça. Regardez-moi ce bazar. Il va nous falloir des mois pour tout passer en revue. Il y en a plus que ce que nous avons recueilli en dix ans. »
Remettre toute la doc aux gars des renseignements a pris deux bonnes heures. À dix mètres des tables, devant le hangar, le spécialiste en analyse ADN du FBI prélève des échantillons sur le corps de Ben Laden. Dès qu’il a terminé, les rangers emportent le corps à bord de l’USS Carl Vinson pour l’immerger en haute mer.
En ayant fini avec la corvée du SSE, je rassemble mes affaires. J’ai déchargé mon arme, coupé les appareils d’optique et tout rangé dans les étuis. Je pose mon harnachement sur la table, j’en enlève les grenades et les charges explosives. Pas la peine de les rapporter à la maison.
Je viens juste de terminer quand Jen et Ali arrivent. Ils vont embarquer dans quelques minutes sur un vol pour les États-Unis. L’Air Force avait un C-17 vide qui devait rentrer.
Jen me serre dans ses bras.
« Je ne sais pas quand nous nous reverrons, dit-elle en s’éloignant avec Ali. Prenez soin de vous. »
Elle a des mois de travail pour éplucher ce que nous avons ramené ; elle va être bien occupée. Contrairement à nous, cette traque avait été l’affaire de sa vie. Elle paraissait à la fois soulagée et épuisée. Elle avait passé l’essentiel des cinq dernières années à traquer Ben Laden, il est évident qu’elle ne pourra pas aussi facilement que nous passer à autre chose.
Maintenant que le matériel est rangé et empaqueté, quelques-uns des types sont allés manger les plats froids. Nous nous massons devant l’écran de télé géant monté au fond du hangar. Le président Obama va faire une déclaration. Tout le monde veut l’entendre.
D’après la rumeur, le JSOC a revu son discours pour s’assurer que les détails de la mission restent secrets. Personne ne doute que ces détails finiront par être rendus publics, mais nous espérons que le président ne sera pas le premier à les trahir, au moins pendant un certain temps.
« Je donne pas une semaine avant qu’on révèle que les SEAL étaient sur le coup, dis-je à Walt.
— Une semaine, tu parles ! Un jour, oui. »
À vingt et une heures quarante-cinq (heure de Washington) la Maison-Blanche annonce que le
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