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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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politique le plus important des prochaines années sera la désignation de votre successeur. L'élection au suffrage universel est une modification opportune. Mais il faudrait choisir entre deux conceptions: la conception parlementaire, où le Président est un arbitre; la conception présidentielle, où le Président est un patron.
    GdG (légèrement ironique). — Le Président a pour le moment cette double fonction. Vous êtes sûr qu'il n'en a pas d'autres?
    Pisani. — Autres questions. 1) Le Premier ministre justifiera-t-il encore son existence? (Pompidou fait une grimace comique.)
    «2) Le citoyen ne résiste pas aux moyens de pression de l'information moderne. On l'a vu pour l'élection de Kennedy. D'où l'importance d'un statut de la RTF.
    « 3) J'ai des doutes à propos des deux tours. Il me paraîtrait plus opportun qu'au premier tour, seul intervienne, pour faire un tri, le corps électoral actuel — les 60 000 élus — qui sélectionnerait deux candidats. Ensuite, le second tour se déroulerait au suffrage universel et trancherait entre ces deux candidats. Sinon, nous risquons d'avoir au premier tour une épouvantable pagaille.»
    Triboulet reprend à son compte le raisonnement de Foyer, puisque l'article 89 confie la révision à la seule voie parlementaire, sans faire mention du référendum direct.
    Boulin : « Je partage aussi les scrupules du garde des Sceaux.
    GdG. — Si j'ai bien compris, le garde des Sceaux a des scrupules, mais il les surmonte. » (Rires des deux ou trois flagorneurshabituels, discret sourire de quelques autres, ou pas de sourire du tout: l'atmosphère est sévère.)

    « Le Sénat peut dire n'importe quoi et s'en laver les mains »
    Le Général juge qu'il est temps de s'expliquer sur la question du choix de l'article 11. Il le fait plus en politique qu'en juriste:
    « Si on admet que l'article 89 est le seul moyen de modifier la Constitution, on donne au Sénat le privilège incroyable de bloquer à lui seul la Constitution. Le Président, avec l'appui du peuple, pourrait modifier la Constitution contre le gouvernement et contre l'Assemblée, en écartant vivement ces obstacles, puisqu'il peut renvoyer le gouvernement ou dissoudre l'Assemblée. Mais il ne pourrait rien faire sans le Sénat, ni à plus forte raison contre lui!
    « On créerait ainsi un corps tout-puissant. Ça n'est pas possible! Ce n'est pas ce qu'ont voulu les Constituants de 1958 ! Je m'honore d'être l'un d'eux. Si on admet qu'il n'est pas possible d'agir par l'article 11, toute réforme devient impossible du fait du Sénat.
    «Sous la III e République, le Sénat avait une responsabilité politique, mais le Président de la République n'avait pas de substance. A présent, la démagogie s'est retournée vers le Sénat. Il peut tout arrêter. C'est une assemblée inamovible, sans responsabilité ni sanction. Il peut dire n'importe quoi et s'en laver les mains. Rien d'étonnant à ce qu'il se conduise en irresponsable. Il est en train de révéler qu'il est, sous sa forme actuelle, une survivance néfaste.
    Gorse. — Il y a deux problèmes. Celui de votre succession: il ne sera pas résolu par un texte. Celui des pouvoirs présidentiels: la dimension de la fonction est créée par votre personne, non par des textes.
    GdG. — Mais aussi par le fait que le droit de dissolution, le droit de référendum, l'article 16, etc., c'est-à-dire des textes, donnent au Président des pouvoirs nouveaux.
    Gorse (qui n'oublie pas qu'il vient de la gauche). — Vous avez des ennemis et la RTF ne sera pas suffisante pour les faire taire. Votre politique financière ménage trop la bourgeoisie d'affaires, qui est résolument anti-gaulliste! Je ne suis pas sûr que cette réforme soit utile. Mais je serai solidaire.
    Marette. — La révision du statut de l'Algérie était anti-constitutionnelle, puisqu'elle portait atteinte à l'intégrité du territoire national. Cependant, la gauche l'a votée: elle est passée par-dessus ses scrupules. »

    Sudreau : « Je vous conjure de renoncer »
    Le tour de Sudreau arrive. L'atmosphère se tend. On murmure depuis hier qu'il va donner sa démission.
    Sudreau : « Cette réforme est dangereuse. Il ne faut pas bouleverser la loi fondamentale. Vous créeriez un précédent historique fâcheux. Vous risqueriez d'instituer une ère d'instabilité constitutionnelle.
    « Cette réforme est inopportune. La fin de la guerre d'Algérie a provoqué des blessures. Il faut laisser le temps les

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