C'était De Gaulle - Tome I
le Nigeria avait rompu ses relations avec la France.
6 Le 1 er janvier 1945, devant l'offensive allemande contre la 7 e armée américaine, Eisenhower décide d'évacuer le nord de l'Alsace, y compris Strasbourg. De Gaulle ordonne alors à de Lattre « d'assurer la défense de Strasbourg ». Le 3 janvier, après ce que le Général, dans ses Mémoires de guerre, qualifie de « chaude discussion », Eisenhower s'incline.
7 Walter Lippmann et Joseph Alsop, célèbres éditorialistes du New York Time et du New York Herald Tribune.
Chapitre 10
«LES ANGLAIS ONT VENDU LEUR DROIT D'AÎNESSE POUR UN PLAT DE POLARIS »
À l'issue du premier Conseil de l'année 1963, le Général est d'excellente humeur et disposé à bavarder. Il est porté à l'euphorie par le triomphe qui a conclu son duel avec la IV e République.
« Nous n'avons pas des avions de combat, mais d'épouvante »
GdG : « Voyez-vous, à partir de l'été prochain, nous aurons les premiers des 50 Mirage prévus. Ils seront capables de transporter autant de bombes : les deux productions seront synchronisées, une unité de chaque par mois ; puis le rythme s'accélérera. Dès 1965, nous aurons l'équivalent de l'actuel Strategic Air Command des Américains. La philosophie de l'ère nucléaire, c'est la dissuasion à la place de la guerre. Nous n'avons pas des avions de combat, mais d'épouvante.
AP. — La presse anglo-saxonne indique que nos avions ne passeraient pas la défense russe ; et des journalistes français sont tentés de prendre cette assertion pour argent comptant.
GdG. — C'est faux ! Impossible pour un radar de déceler des avions volant en rase-mottes ; ils sont passés avant que la défense au sol ait eu le temps de réagir.
« Les Américains et leurs satellites anglais voudraient nous décourager et soulever l'opinion contre nous ! Mais ils n'y arriveront pas ! Bien sûr, il vaut mieux des fusées que des avions, mais les avions sont loin d'être démodés et ne le seront pas de longtemps. Les aviateurs américains sont les premiers à le penser. Sinon, les États-Unis devraient dissoudre le Strategic Air Command !
« Dans une poudrière avec un briquet »
« Et vous croyez que, si notre force nucléaire ne valait rien, les Américains mettraient autant de passion à la dénigrer ? Pourquoi se battent-ils tellement contre elle ? Si elle n'était pas plus redoutable que des arcs et des flèches, ils n'éprouveraient pas tous les jours le besoin de nous persuader d'en arrêter la construction !
« En réalité, leur acharnement a un sens. Ils ont compris que nous avons désormais le doigt sur la gâchette. Notre force de frappe, ça veut dire que nous contrecarrons l'hégémonie américaine. Nous devenons aussi redoutables qu'un homme qui se promènerait dans une poudrière avec un briquet. Bien sûr, son briquet est tout petit à côté de la poudrière. Bien sûr, s'il fait jaillir l'étincelle, il va sauter le premier. Mais il fera sauter aussi tous ceux qui sont aux alentours. On ne peut plus le considérer comme quantité négligeable. Ça lui donne une puissance énorme.
« Et puis, le rapport de forces va changer en Europe. Jusqu'à maintenant, l'Angleterre était en position dominante par rapport à la France, puisqu'elle avait une force de frappe et que nous n'en avions pas. Maintenant, ça va être l'inverse, puisque les Américains ne nous contrôleront pas, alors qu'ils contrôleront entièrement la force anglaise.
« Mon premier acte diplomatique a été de dénoncer l'accord Chaban-Strauss »
AP. — Et les fusées au Sahara ? Ça marche ?
GdG. — Les essais ont été faits à Colomb-Béchar sur des distances de 2 000 à 3 000 km. On a même dépassé 3 000 km. C'est très satisfaisant.
AP. — Va-t-on vers le service militaire à dix-huit mois ?
GdG. — Oui, dans un premier temps.
AP. — L'armée se fait une raison, devant cette mutation brusque ?
GdG. — Oh ! Elle ne chante pas des cantiques. Mais les militaires d'active comprennent que la page de l'Algérie est tournée et qu'il faut passer à autre chose. Ça commence à se sentir. Ce ne sera tout à fait réel que quand les militaires auront compris qu'ils ont un métier intéressant. La restauration du moral de l'armée dépend maintenant de la réalisation de notre système d'armes. Tout se tient.
« En fait, nous avons besoin de quatre sortes de forces : l'une pour la bataille d'Allemagne ; l'autre pour la bataille de France ; une troisième,
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