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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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multilatérale sous étiquette anglo-saxonne. Mais elle sera placée sous le commandement de l'OTAN, c'est-à-dire sous le commandement américain.
    « Depuis Cuba, les relations des États-Unis et de l'Union soviétique sont bien différentes. Les États-Unis ont plus confiance en eux-mêmes, peut-être même ont-ils de la brutalité et de l'outrecuidance. Ils revoient leur stratégie générale depuis que Kennedy est là 3 , et notamment depuis un an. Ils sont de plus en plus réservés sur l'utilisation éventuelle de l'engin.
    « La physionomie générale du monde a changé. L'URSS est séparée de plus en plus de la Chine. Il y a une perspective d'évolution et de détente dans les rapports internationaux. Cela jouera dans les rapports entre la France et les États-Unis. »
    Couve a l'art de mettre de la lumière tout en restant dans les demi-teintes. La conclusion est qu'il convient de décliner l'offre américaine, mais sans se presser et avec des formes.

    « C'est du faux multilatéralisme »
    Quand Couve a terminé, les yeux se tournent vers de Gaulle. Mais Pompidou prend la parole : le sujet est trop important pour qu'on passe par-dessus le Premier ministre. Il est bref et percutant :
    « Faut-il refuser les Polaris ? Techniquement, l'offre n'est pas bonne. D'abord, nous ne possédons pas les sous-marins. Cette fusée ne peut remplacer notre force de frappe en préparation, avec nos Mirage IV. Les Américains nous renvoient à la génération des sous-marins que nous aurons à notre tour, mais pas avant les années 70. Cela ne nous arrange pas d'avoir dès maintenant des fusées inutilisables.
    « D'autre part, nous n'avons rien à mettre sur les fusées Polaris. Les Anglais, qui ont travaillé sur les plans américains, disposent de têtes nucléaires miniaturisées. Notre bombe, actuelle et même future, sera beaucoup trop lourde pour les Polaris.
    « Nous n'avons rien sur quoi poser ces fusées, et rien à leur mettre au bout. Ce n'est pas un chopin 4 pour nous.
    « Et pourquoi payer des Polaris qui ne seront pas à nous ? C'est du gaspillage. S'il y a monopole du commandement au profit des Américains, il faut qu'il y ait monopole des frais. C'est du faux multilatéralisme. »

    « Nous aurons quelque chose à nous alors que les Anglais n'auront rien à eux »
    Après Couve et Pompidou, nous avons l'impression que tout est dit et que de Gaulle vient trop tard. Et pourtant :
    GdG : « Nous nous trouvons devant la question posée par Kennedy. C'est une question technique et une question de principe.
    « La question technique, d'abord. Il n'y a pas de rapport entre la situation de la Grande-Bretagne et la nôtre.
    « 1. La Grande-Bretagne est obligée de choisir entre : accepter la proposition américaine (les Polaris au lieu des Skybolt) ou n'avoir plus rien à bref délai. Ses bombardiers sont périmés et ses fusées Skybolt ne valent plus rien dès lors que l'Amérique arrête leur fabrication. Nous, au contraire, nous n'avons encore rien, mais nous sommes sur le point d'avoir quelque chose. Nos Mirage IV volent beaucoup plus vite que les bombardiers anglais et ils portent des bombes qui sont les nôtres, des bombes A dont chacune vaut trois Hiroshima, ce qui n'est pas rien.
    « Donc, nous n'avons pas le choix, comme les Anglais, entre quelque chose et rien. Nous allons avoir quelque chose.
    « 2. Pour l'avenir, les perspectives sont différentes aussi. Les Anglais auront des sous-marins atomiques, des fusées Polaris et des têtes nucléaires à placer au bout de ces Polaris.
    « Ils ont le premier et le troisième éléments du système, alors que nous ne les avons pas. Grâce à l'accord de Nassau, ils sont sûrs d'avoir le deuxième élément, qui leur permet de faire fonctionner le premier et le troisième.
    « À nous, au contraire, il ne sert à rien d'avoir le deuxième, puisque nous n'avons pas le premier et le troisième. Le premier et le troisième, les Anglais l'ont grâce aux Américains. Pour que nous puissions utiliser l'offre des Américains, il faudrait que nous fassions sans eux ce que les Anglais ont fait grâce à eux. Ce sera le cas, mais il se passera de longues années avant que ça puisse nous intéresser.
    « En somme, nous aurons quelque chose à nous, alors que les Anglais n'auront rien à eux. Et si on nous donnait des Polaris, nous ne saurions qu'en faire avant longtemps.

    « Les Américains sont résolus à abolir leurs alliés »
    « Il est vrai que le système proposé

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