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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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service que l'on pourrait rendre au régime que de vouloir lui structurer une opposition.
    « Laissons tous ces crabes se bouffer entre eux. Mais, surtout, ne nous mêlons pas de leur lancer des défis, de leur donner des conseils. Si jamais ils suivaient les conseils et relevaient le défi, nous serions ensuite bien ennuyés. Vouloir nous camper comme un parti de majorité en face d'un parti d'opposition, c'est faire le jeu de l'opposition. C'est accroître son importance démesurément.

    AP. — Mais puisque nous sommes en régime démocratique, comment pourrait-on se passer de formations politiques ?
    GdG. - Régime démocratique ne veut pas dire régime d'assemblée. Il faut choisir entre le régime d'assemblée, c'est-à-dire le régime des partis, et l'autre régime, c'est-à-dire le mien. Quand il y aura plusieurs candidats à la présidence de la République, ce sera toujours un choix entre des hommes, avec leur coefficient personnel et la ligne politique qu'ils représenteront ; ce ne sera pas un choix entre des partis. Si ça devait être un choix entre des partis, on retomberait dans la IV e et l'UNR aurait contribué à y faire à nouveau retomber le pays. »

    « Il ne faut pas que le gouvernement se confonde avec l' UNR »
    Pourtant, peu à peu, le Général s'habitua à l'idée qu'un parti gaulliste était nécessaire au fonctionnement de son pouvoir.
    Salon doré, 20 novembre 1963.
    AP : « Attachez-vous de l'importance aux assises de l'UNR qui vont se tenir à Nice ?
    GdG. — Ce n'est pas sans intérêt, d'autant plus qu'ils font un gros effort et qu'il va y avoir beaucoup de monde. Il faut qu'il apparaisse que c'est un grand parti, qui a sa cohésion et qui est capable de rassembler largement autour de ses idées.
    AP. — Le plus important, c'est la contribution des gaullistes qui ne sont pas membres de l'UNR.
    GdG. — Oui. Pompidou ira, avec quelques autres. Il faut élargir la formule, démontrer que l'UNR entraîne l'adhésion de la majorité.
    AP. — Souhaitez-vous que la contribution des membres du gouvernement soit active, ou passive ?
    GdG. — Point trop n'en faut. Que les ministres soient présents, c'est bien. Ils montrent ainsi leur intérêt. Mais il ne faut pas que le gouvernement se confonde avec l'UNR. À plus forte raison, je n'ai pas à me confondre moi-même avec l' UNR. Qu'il y ait un grand parti qui appuie le gouvernement et qui appuie le Président de la République, c'est on ne peut plus souhaitable. Mais les membres du gouvernement ne peuvent pas être des hommes de parti, et le Président de la République encore moins.
    « Le gouvernement est solidairement responsable, devant moi essentiellement, devant l'Assemblée accessoirement. Il ne peut pas être responsable devant les instances d'un parti ou devant des militants. Ce serait contraire au principe de la solidarité gouvernementale. Ce serait également contraire à la Constitution et au bon sens, puisque tous les membres du gouvernement ne sont pas UNR. Mais ces assises ne sont pas négligeables et, si elles sont un succès, ce sera un succès utile. »
    Tant qu'il était là, il pouvait entraîner des électeurs et des élus qui auraient formé naguère les bataillons de la droite autoritaire et nationaliste — du boulangisme aux Croix de feu — vers ce qui leur répugnait le plus : la décolonisation, l'indépendance de l'Algérie, la participation des travailleurs à la marche des entreprises, la reconnaissance de la Chine populaire, l'encouragement aux mouvements de lutte pour l'indépendance, le discours de Phnom-Penh ou celui de Montréal, l'affirmation de la souveraineté en face des États-Unis, la lutte contre toutes les formes d' aliénation. Pas une des idées qui ont marqué sa présidence n'est venue de ses partisans. Presque toutes ont dû leur être imposées. Rien d'étonnant à ce qu'il n'ait pas trop cru au rôle ni à l'avenir du mouvement gaulliste après lui.

    « Ce serait l'éclatement du gaullisme »
    Du reste, il connaissait son monde et savait ses compagnons délicats à manier et fort enclins à la critique. Aussi était-il méfiant envers quiconque — même tout proche de lui — était en situation de les entraîner.

    Dans le train vers Sedan, 22 avril 1963 :
    « Avez-vous des nouvelles de la campagne de Debré à la Réunion 2 ? me demande le Général.
    AP. — Sa victoire ne fait pas de doute, en tout cas à ce que dit le préfet. Quand il sera à l'Assemblée, il est probable que

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