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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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en remplaçant la domination par le contrat. Nous avons grand avantage à passer le témoin à des responsables locaux, avant qu'on nous arrache la main pour nous le prendre. (Il n'a pas dit : "qu' on nous l'arrache des mains".)

    « "Nos ancêtres les Gaulois ", ce n'était pas très malin »
    « Nous avons fondé notre colonisation, depuis les débuts, sur le principe de l'assimilation. On a prétendu faire des nègres 5 de bons Français. On leur a fait réciter : "Nos ancêtres les Gaulois" ; ce n'était pas très malin. Voilà pourquoi la décolonisation est tellementplus difficile pour nous que pour les Anglais. Eux, ils ont toujours reconnu les différences de races et de culture. Ils ont organisé le self-government . Il leur suffit de distendre les liens pour que ça marche. Nous, nous avons nié ces différences. Nous voulions être une République de cent millions de Français pareils et interchangeables. Voilà pourquoi les Français vivent la décolonisation comme un déchirement. Eh bien, la Communauté, je l'ai faite justement pour que chacun des peuples qui la composent suive son chemin comme il le souhaite, de préférence en bonne entente avec nous ; parce que c'est en définitive l'intérêt de tous.

    « Bye bye, vous nous coûtez trop cher ! »
    « C'est beau, l'égalité, mais ce n'est pas à notre portée. Vouloir que toutes les populations d'outre-mer jouissent des mêmes droits sociaux que les métropolitains, d'un niveau de vie égal, ça voudrait dire que le nôtre serait abaissé de moitié. Qui y est prêt ? Alors, puisque nous ne pouvons pas leur offrir l'égalité, il vaut mieux leur donner la liberté ! Bye bye , vous nous coûtez trop cher ! »
    Il est clair qu'il veut se désengager . Je suis quand même surpris de l'entendre, lui que j'aurais imaginé héritier de Jacques Cartier, tenir des propos qui rempliraient d'aise Raymond Cartier 6 . Il est vrai qu'il préconise l'aide aux pays sous-développés, notamment d'Afrique, dont ce brillant journaliste ne veut pas entendre parler. Il est vrai aussi qu'il ne désavoue pas la conquête dans les siècles passés, mais l'entêtement dans cette seconde moitié du XX e ; car le monde a changé . Il habille de grandeur le réalisme.
    AP : « Alors, mon général, vous allez faire la politique de Mendès ?
    GdG. — Si vous voulez. Mais Mendès n'aurait pas pu la faire. Alors, ce ne sera pas la politique de Mendès, ce sera la politique de De Gaulle. »

    « L'intégration est un attrape-couillons »
    Son regard s'attarde quelques secondes sur la tapisserie des Gobelins, qui représente Don Quichotte. Songe-t-il à exorciser les tentations du donquichottisme, auxquelles les Français auraientsuccombé jusqu'à lui ? Puis il plante ses yeux dans les miens : « Et l'autodétermination 7 , comment l'avez-vous ressentie ?
    AP. — Je l'ai bien ressentie. Mais ça veut dire : le droit à l'indépendance. Donc, l'indépendance. Il y a beaucoup de gens qui n'y sont pas encore disposés. »
    Le Général ne répond pas. Il ne veut évidemment pas que l'on puisse répéter qu'il est résigné à l'indépendance.
    GdG : « Qu'en dit-on au groupe ? »
    Il ne dit pas : « au groupe UNR » ni « dans votre groupe ». Il doit être bien entendu que c'est son groupe et qu'il peut en disposer à sa guise, bien qu'il nous ait interdit de nous faire élire sur son nom. Je n'ose pas répondre : « La même chose que Michel Debré. » C'est pourtant le cas. Le discours du 16 septembre a fait l'effet d'une bombe à la salle Colbert — tout comme à Matignon.
    AP : « La majorité des députés du groupe et la quasi-totalité des militants restent fermement attachés à l'intégration de l'Algérie française.
    GdG. — On peut intégrer des individus, des familles, des petits groupes ; et encore, dans une certaine mesure seulement ; et ça prend des générations. On n'intègre pas des peuples, avec leur passé, leurs traditions, leurs souvenirs communs de batailles gagnées ou perdues, leurs héros. Vous croyez qu'entre les pieds-noirs et les Arabes, ce sera jamais le cas ? Vous croyez qu'ils ont le sentiment d'une patrie commune, suffisant pour surmonter toutes les divisions de races, de classes, de religions ? Vous croyez qu'ils ont vraiment la volonté de vivre ensemble ?
    « L'intégration, c'est une entourloupe pour permettre que les musulmans, qui sont majoritaires en Algérie à dix contre un, se retrouvent minoritaires dans la République française

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